Chapitre 37 : Les Portes comiques (suite)

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Amara se tenait devant la porte massive, le cœur battant à tout rompre. L'ouverture révélait un immense vide obscur, comme un gouffre sans fond qui semblait avaler toute lumière. Elle savait que c'était un piège, le dernier obstacle pour sauver Eryndor. Elle n'avait plus le luxe de la peur ; seule la détermination la guidait maintenant.

Elle plongea dans l'obscurité, tombant dans une chute vertigineuse avant d'atterrir brutalement dans une salle sinistre, illuminée par une faible lueur rougeâtre. Les murs étaient couverts de runes incandescentes qui semblaient se tordre comme des serpents vivants. Au centre, une immense cage de verre abritait Eryndor, enchaîné et inconscient, entouré de spectres moqueurs qui se délectaient de son tourment.

— « Amara... tu n'es pas la bienvenue ici, » murmura une voix familière et glaciale.

Le sorcier, toujours caché derrière son masque enchevêtré de runes et de ténèbres, se tenait devant elle, un sourire malsain aux lèvres. Il tenait un sablier noir rempli de sable scintillant. Chaque grain qui tombait semblait voler un fragment d'âme d'Eryndor, le rendant plus faible à chaque instant.

— « Chaque seconde qui passe le rapproche de sa fin, » ricana le sorcier, en faisant tournoyer le sablier. « À moins, bien sûr, que tu sois prête à échanger quelque chose de précieux... »

Amara sentit la colère bouillir en elle. Elle savait que négocier avec le sorcier était une pente glissante, mais le voir jouer avec la vie d'Eryndor était insupportable.

— « Je n'ai rien à échanger, mais je te jure que tu vas le libérer ! » cria-t-elle, serrant les poings.

Sans attendre, Amara tendit la main vers son grimoire, cherchant un sort de libération parmi les pages déchirées par le temps. Mais le sorcier réagit plus vite, jetant une incantation qui envoya des chaînes invisibles l'enlacer. Elle se débattit avec fureur, mais les liens semblaient se resserrer à chaque mouvement.

— « Tu ne peux pas te libérer de tes propres chaînes, Amara. Celles-là sont faites de tes regrets, de tes trahisons... » dit-il en pointant Eryndor, encore prisonnier de son cauchemar. « Pour le sauver, tu devras te libérer de toi-même. »

Les ombres dansaient autour d'elle, prenant des formes de souvenirs douloureux : la trahison avec son ancien amant, les mensonges, les regrets non avoués. Les spectres se faisaient de plus en plus proches, murmurant des vérités qu'elle refusait d'entendre. Chaque murmure semblait renforcer les chaînes qui la maintenaient captive.

Mais Amara ne se laissa pas abattre. Elle ferma les yeux et chercha au plus profond de son esprit, là où résidaient ses vérités les plus sombres. C'était là qu'elle trouva sa force. Avec une volonté indomptable, elle se releva, brisant les chaînes en un éclat de lumière.

Amara se lança dans un duel acharné contre le sorcier, mélangeant magie et feintes, chaque mouvement un pas de plus vers la liberté. Elle se souvenait des leçons de son ancien maître, des rituels et des incantations qui pouvaient tordre le tissu de la réalité. Le sorcier répliquait avec une magie noire perverse, tissant des illusions pour la tromper. Chaque attaque d'Amara se voyait contrée par un mirage, un souvenir faux d'un Eryndor qui l'accusait ou la rejetait.

Mais Amara, alimentée par son amour et sa rage, finit par briser l'un des miroirs qui projetait ces mensonges. Le sorcier, déstabilisé, perdit l'équilibre, révélant un bref instant de vulnérabilité. Amara saisit sa chance. Elle incanta un sort puissant qui brisa le sablier noir. Les grains de sable s'évaporèrent en une pluie de lumière, et la cage de verre autour d'Eryndor éclata en mille morceaux.

Eryndor s'effondra au sol, libre mais affaibli. Amara se précipita vers lui, le soulevant dans ses bras. Il ouvrit les yeux, encore perdu entre rêve et réalité, mais un sourire faible se dessina sur ses lèvres lorsqu'il reconnut Amara.

Cependant, le manoir ne les laisserait pas s'échapper si facilement. Les ombres, furieuses d'avoir perdu leur emprise, commencèrent à se rassembler, formant un vortex obscur qui menaçait d'engloutir tout sur son passage. Le sorcier, dépossédé de son pouvoir, tenta de reprendre le contrôle des ombres, mais elles se retournèrent contre lui, dévorant son essence en une tempête noire.

Amara et Eryndor, affaiblis mais unis, levèrent les mains ensemble et invoquèrent un dernier sort, fusionnant leurs magies pour créer une barrière de lumière. Le vortex se heurta à leur protection, éclatant en une myriade de lumières spectrales. Les ombres se dispersèrent, criant leur rage en disparaissant dans les recoins les plus sombres du manoir.

La lumière s'étendit dans toute la salle, et pour la première fois depuis longtemps, le silence retomba sur le manoir. Amara et Eryndor se tenaient ensemble, respirant difficilement, mais enfin libres de l'emprise des ombres et du sorcier.

Eryndor prit la main d'Amara, la serrant avec tendresse. Les murs du manoir, autrefois oppressants, semblaient maintenant fatigués, comme si toute la malice qui les habitait s'était dissipée.

— « On l'a fait, Amara. On est libres... » murmura-t-il, les yeux brillants de soulagement.

Mais Amara, tout en souriant, jeta un dernier regard vers l'ombre résiduelle qui s'estompait dans un coin de la salle. Elle savait que leur lutte n'était peut-être pas totalement terminée. Le manoir restait un lieu d'énigmes, et ses secrets n'étaient pas tous dévoilés. Mais ensemble, ils étaient plus forts que jamais, prêts à affronter ce qui viendrait, main dans la main.

L'évasion des ombres n'était qu'une étape dans leur voyage, mais c'était la preuve qu'ils pouvaient tout surmonter, tant qu'ils restaient unis contre l'adversité.

L'Ombre des SecretsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant