Chapitre 20 : Les Masques de la Nuit

0 0 0
                                    


La nuit était tombée sur le manoir, enveloppant l'ensemble de la demeure d'une obscurité oppressante. Des lumières vacillantes jaillissaient des fenêtres, projetant des ombres qui dansaient comme des spectres sur les murs extérieurs. Des rires étranges et des murmures de plus en plus forts résonnaient dans les couloirs, annonçant des festivités macabres qui prenaient forme au sein des murs anciens.

Amara, le cœur lourd d'angoisse, observa depuis la porte de la bibliothèque alors que les invités masqués - des figures aux visages grimaçants et aux costumes flamboyants - se pressaient dans la salle de bal. Leurs mouvements étaient gracieux, mais il y avait quelque chose d'inhérent dans leur manière de se mouvoir, un glissement presque irréel, comme s'ils n'appartenaient pas à ce monde.

Eryndor, vêtu d'un costume noir, se tenait au centre de la pièce, son regard vague et lointain. La lueur des chandeliers illuminait son visage, mais Amara ne voyait plus la flamme vibrante qu'elle connaissait. À la place, une froideur insidieuse envahissait ses traits, ses yeux brillants d'une lueur étrange qui trahissait une lutte intérieure.

- « Eryndor ! » appela-t-elle, mais sa voix se perdait dans le tumulte des rires sinistres.

À chaque instant, elle sentait une force sombre l'attirer vers le centre de la fête. La musique s'intensifia, un air hypnotique qui faisait vibrer l'air, presque palpable, et Amara comprit alors que ces entités masquées n'étaient pas là pour célébrer, mais pour contrôler. Les murmures se transformèrent en incantations, et une ombre se lova autour d'Eryndor, lui insufflant une énergie sinistre.

Elle s'avança, déterminée à lui venir en aide. Les invités, comme des marionnettes, se mirent à se déplacer autour d'Eryndor, formant un cercle autour de lui. Leurs masques en bois sculpté et leurs mains glissantes se joignaient pour tisser une toile d'influence sur lui. Le jeune homme, luttant contre cette emprise, cherchait désespérément à briser le sort qui pesait sur lui, mais il était pris dans une danse macabre qui le menait à la folie.

- « Laisse-toi emporter, Eryndor, » chuchota une voix sibilante, émanant de l'un des spectres. « Tu n'as pas besoin de te battre. Ici, dans l'obscurité, tu trouveras enfin la liberté. »

Amara avança encore, poussée par une force irrésistible, mais son corps semblait lourd, chaque pas pesant comme si le manoir lui-même tentait de l'arrêter. Elle hurla son nom, mais la musique était devenue assourdissante, enveloppant le manoir d'une étreinte inéluctable.

Les entités masquées levèrent leurs bras, et une énergie sombre se déversa sur Eryndor. Amara, en désespoir de cause, tenta de s'accrocher à leurs souvenirs communs, à la lumière de leur amour. Elle se souvint des promesses échangées dans des instants de douceur, de chaque rire, de chaque regard complice.

- « Eryndor, reviens à moi ! » implora-t-elle, sa voix tremblant d'une émotion intense.

Soudain, l'un des masques s'ouvrit, révélant un visage déformé par la douleur et le mal. L'entité prit une voix terrifiante, résonnant dans l'air avec une autorité glaciale.

- « Tu ne comprends pas, Amara. Nous sommes les maîtres de ce temps et de cet espace. Le temps est un illusion, et les âmes faibles comme la vôtre ne peuvent échapper à notre emprise. »

Le visage d'Eryndor se déformait à mesure que l'ombre l'envahissait, ses traits se fondant avec ceux des autres entités, créant une mosaïque d'angoisse. Amara vit son regard se voiler, et quelque chose de terrible se produisit : il lâcha un cri, un cri d'agonie et de colère, un cri qui résonna comme un glas.

- « Je suis ici, Eryndor ! » hurla Amara, sa voix percutant l'écho de la pièce.

Le jeune homme sembla hésiter un instant, sa main se tendit vers elle, mais déjà les entités se resserraient autour de lui, l'emprisonnant dans une danse infernale. Eryndor était là, mais il était également ailleurs, une marionnette entre les mains de forces qu'il ne pouvait pas comprendre.

Dans un élan désespéré, Amara ferma les yeux et se concentra, appelant à son pouvoir intérieur. Elle ne pouvait pas laisser l'obscurité gagner. Les murs du manoir se mirent à vibrer, et une lueur dorée commença à émaner de son cœur.

Les entités, sentant la résistance, se retournèrent vers elle, leurs masques se fissurant sous la pression de son énergie. Elles s'avancèrent, prêtes à la submerger, mais Amara refusa de fléchir.

- « Je ne vous laisserai pas prendre Eryndor ! » cria-t-elle, sa voix vibrante de force.

Elle fit un pas en avant, le médaillon brillant de mille feux dans sa main. L'énergie positive qu'elle dégageait s'intensifia, éclairant la pièce et repoussant les ombres, les masques se désagrégeant lentement dans un tourbillon d'éclats de lumière.

Dans un dernier effort, Amara canalisa tout son amour pour Eryndor, se remémorant les instants de joie qu'ils avaient partagés. Elle comprit que la véritable force venait de leur lien, un lien que rien ne pouvait briser tant qu'ils choisissaient de se battre ensemble.

Au moment où elle ouvrit les yeux, elle vit Eryndor, son visage retrouvant peu à peu son éclat. Les entités, effrayées par cette lumière, commencèrent à se disperser. Mais un dernier cri de rage résonna, alors qu'une des ombres tenta de s'accrocher à Eryndor, cherchant à l'entraîner dans les ténèbres.

Leurs yeux se croisèrent, et dans ce regard, Amara lui transmit tout son amour et sa foi. Eryndor, luttant contre la possession, ferma les yeux et se concentra sur cette lumière qui l'enveloppait.

- « Amara ! » s'écria-t-il, la voix perçante comme le glas d'un destin partagé.

L'instant suivant, une explosion de lumière envahit le manoir, balayant les ombres dans un éclat de couleur vive. Les masques se brisèrent, libérant des cris de colère et de désespoir, tandis que la lumière d'Amara et d'Eryndor fusionnait, se tissant en une puissante onde d'amour et de libération.

Le manoir trembla, le sol se fissurant sous la puissance de leur union, et dans ce chaos, Amara sut qu'ils avaient non seulement défait les entités, mais qu'ils étaient également en train de forger leur propre destin. Ils avaient réussi à briser les chaînes de l'obscurité, mais à quel prix ?

Alors que la lumière se dissipait lentement, un silence lourd retomba sur le manoir. Eryndor, visiblement affaibli, chercha la main d'Amara, mais l'angoisse persistait dans l'air. Les ombres étaient peut-être vaincues, mais la menace d'une prophétie toujours présente continuait de planer sur eux, comme un nuage sombre en attente d'un retour.

Et tandis qu'ils se tenaient là, serrés l'un contre l'autre, Amara savait que leur chemin vers la lumière était semé d'embûches, et que les masques de la nuit n'étaient peut-être que le début d'une lutte bien plus sombre.

L'Ombre des SecretsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant