Chapitre 10 : MALADE COMME UN CHIEN

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Je hais les lasagnes. Je hais ma mère.

***

On est lundi, il est dix heures moins le quart. Quinze minutes avant d'aller au CDI voir Jayden. Je suis un peu stressée. Pourquoi ? Très bonne question, "après tout je vais juste aller lui donner des feuilles de cours" je me répète depuis une heure.

Il n'est pas venu en cours de toute la semaine dernière, d'après les rumeurs qu'Alicia n'a pas pu s'empêcher de nous dire, il serait tombé malade. Mais comment saurait-il qu'il allait revenir lundi exactement ? Il ne peut pas prévoir la date de son rétablissement. Voilà pourquoi je n'y crois pas.

J'aurais pu lui demander par message, certes. Seulement je n'ose pas.

Mon nom est prononcé alors je lève les yeux de mon carnet sur lequel je dessinais il y a quelques secondes encore.

— Comment ? je demande alors que la prof me regarde avec impatience.

— Peux-tu lire la suite du paragraphe ? dit-elle en me lançant des regards mesquins.

Je regarde la feuille que j'ai sous les yeux, un protocole expérimental de SVT. Je bégaie n'ayant clairement pas suivi. Je sens mes joues chauffer de gêne et les personnes à côté de moi me soufflent la ligne mais je n'entend rien, mes oreilles bourdonnent.

— C'est bien ce qui me semblait. Tu viendras me voir à la fin de l'heure.

Super.. Juste le jour où je voulais sortir rapidement. La fin du cours arrive rapidement et, alors que ma classe sort, je vais voir ma professeur.

— Donne-moi ton carnet. Elle se contente de me dire froidement alors que je lui tends. Tu me feras signer ce mot par tes parents pour demain.

"Putain." ne peut s'empêcher de placer ma conscience. Je n'ai pas adressé la parole à ma mère depuis mardi. Le truc c'est qu'elle est partie ce matin.

— Ma mère n'est pas chez moi en ce moment, je réponds comme excuse.

— Et ton père ?

Ma respiration se bloque et un silence s'installe. Je suis figée, n'ayant même pas la force d'attraper mon pendentif. La professeur à l'air d'avoir le déclic car elle se contente de s'adoucir légèrement en me tendant mon carnet dans lequel elle a gribouillé un mot.

— Bien, tu me le donneras au plus tôt mais je le veux signé.

J'acquiesce et quand je suis sur qu'elle ne dira plus rien, je sors de la classe et m'empresse d'aller au CDI. Mais alors que j'allais y entrer, quelqu'un me tire par le bras pour me faire entrer dans une salle de classe vide. Le mouvement, me prenant par surprise, m'arrache un glapissement.

— Hé ben la reine des glaces, on est pressé d'aller au CDI ?

Je relève la tête. Je suis presque collé à Jayden qui me surpasse d'une tête au moins. Ce rapprochement me ramène a deux mois en arrière dans le couloir de chez Prune et ma respiration s'accélère.

Mes yeux captent les siens et ses prunelles me laissent sans voix. Je ne sais pas pourquoi je réagis comme ça, ce ne sont que des yeux verts..

— Je ... je bégaie et avale ma salive avant de formuler au mieux, je te cherchais.

Un sourire lui échappe alors que je prend en compte ce que je viens de dire et essaie de me rattraper:

— Parce que je dois voir Eloïse après donc je fais vite, je me justifie en mentant comme pinocchio.

— Bien sûr, il glousse.

Tes cheveux couleur neigeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant