Chapitre 4 : L'Amour perdu (Partie 1)

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Les jours, les semaines, puis les mois passèrent, et la relation entre Alex et Julien évolua. Ce qui avait commencé comme une amitié simple et inattendue se transforma rapidement en quelque chose de plus profond, de plus intense. Les échanges entre Alex et Julien prenaient une tournure de plus en plus ambiguë. Leurs regards se croisaient plus souvent, plus longtemps. Ils restaient suspendus dans l'air, comme si un monde entier pouvait se dérouler dans ces silences lourds de sous-entendus.

Chaque fois que Julien entrait dans la pièce, Alex ressentait une vague de chaleur monter en lui, aussi inexpliquée qu'incontrôlable. Son cœur battait plus vite, et son esprit s'égarait, cherchant des réponses à ces émotions nouvelles et déroutantes. Il tentait de rationaliser, de se dire que c'était simplement l'effet d'une amitié naissante, mais au fond de lui, une voix chuchotait autre chose, quelque chose de bien plus profond.

Un jour, alors qu'ils travaillaient côte à côte sur un projet, les mains de Julien effleurèrent accidentellement celles d'Alex. Ce contact, aussi furtif qu'il fut, envoya une décharge électrique dans le corps d'Alex. Il se raidit, mais ne dit rien, se contentant de jeter un coup d'œil furtif à Julien, qui, lui aussi, semblait troublé. Le silence qui s'ensuivit devint lourd, chargé d'une tension palpable, comme si les mots qu'ils ne disaient pas prenaient vie dans l'air entre eux.

Puis, il y avait ces rêves. Chaque nuit, Alex revivait les mêmes scènes, des bribes de souvenirs enfouis dans une obscurité oppressante. Julien était toujours là, comme une présence constante dans ces songes, une figure à la fois réconfortante et troublante. Parfois, ils marchaient côte à côte dans des paysages désertiques, le vent chaud caressant leurs visages, et d'autres fois, ils étaient face à face, les regards plongés l'un dans l'autre, incapables de bouger, comme figés dans le temps.

Un soir, alors qu'ils sortaient du bureau ensemble, Julien proposa de marcher un peu avant de rentrer chez eux. Ils s'arrêtèrent près de la Garonne, regardant la rivière serpenter dans le crépuscule toulousain. Le soleil se couchait lentement, teintant le ciel de nuances d'or et de pourpre. Alex sentait la tension monter en lui, cette sensation constante de se tenir au bord de quelque chose de dangereux, de décisif.

« Tu es souvent ailleurs, tu sais ? » dit Julien doucement, brisant le silence. Il avait ce ton léger, mais son regard trahissait une inquiétude sincère.

Alex tourna la tête vers lui, ses yeux marron fixant les siens, sans savoir comment répondre. Il ouvrit la bouche, mais aucun mot ne sortit. Un silence lourd tomba sur eux, et Julien se rapprocha, son bras frôlant celui d'Alex.

« C'est comme si tu fuyais quelque chose... ou quelqu'un, » poursuivit Julien, ses yeux cherchant une vérité qu'il ne comprenait pas totalement.

Alex baissa les yeux, luttant intérieurement. Les barrières qu'il avait érigées autour de lui commençaient à s'effriter. Julien ne pouvait pas comprendre ce qui se jouait vraiment en lui, ni la nature des secrets qu'il portait. Mais ce soir-là, l'évidence s'imposa à Alex avec une clarté douloureuse : il ne pourrait pas échapper indéfiniment à ce qu'il ressentait.

Leurs épaules se frôlèrent à nouveau, et cette fois, Alex ne se recula pas. Le silence entre eux n'était plus seulement celui de la gêne, mais une tension grandissante, comme si quelque chose attendait de se produire, de se briser. Mais ni l'un ni l'autre n'osa encore franchir cette ligne invisible.

Malgré la distance qu'Alex avait toujours voulu maintenir, il se retrouvait irrémédiablement attiré par Julien, non seulement pour son esprit vif et son rire contagieux, mais aussi pour la chaleur et l'humanité qu'il dégageait.

Les jours suivants, la tension entre Alex et Julien devint presque insoutenable. Chaque instant passé ensemble semblait alourdi par une attirance silencieuse, à peine dissimulée. Leur proximité devenait une danse étrange, rythmée par des regards furtifs, des gestes hésitants, des moments où l'air semblait se charger d'une électricité palpable.

Un après-midi tardif, alors qu'ils travaillaient tard au bureau, seuls dans la grande pièce silencieuse, Julien se leva pour s'étirer et, d'un ton plus détendu, dit en plaisantant : « On va finir par y passer la nuit à ce rythme... »

Alex, assis en face de lui, esquissa un sourire, mais ses pensées étaient ailleurs. Il observait Julien, incapable de détourner les yeux de lui. La lumière des écrans projetait des reflets bleutés sur ses cheveux blond, et ses yeux bleus brillaient d'une intensité particulière. Quelque chose dans sa manière d'être, dans cette simplicité naturelle, fascinait Alex. Il se sentait attiré malgré lui, comme si une force invisible le poussait toujours plus près de Julien.

Julien, remarquant le silence prolongé, s'approcha lentement d'Alex. Il s'adossa au bureau, son corps à quelques centimètres seulement de celui d'Alex. « Alex... tu es sûr que tout va bien ? Tu sembles... distant, ces derniers temps. »

Alex sentit son cœur s'accélérer. Ce regard, cette proximité... il n'arrivait plus à ignorer ce que son corps et son esprit lui criaient depuis des jours. Mais il savait aussi qu'il ne pouvait pas se permettre de céder. Pas maintenant. Pas comme ça.

« Je vais bien, » murmura-t-il, la voix plus rauque qu'il ne l'aurait voulu. Il se leva brusquement, mettant un peu de distance entre eux, comme pour échapper à cette attraction magnétique. Il se dirigea vers la fenêtre, regardant au-dehors, mais ses pensées étaient toutes tournées vers l'homme qui se tenait encore derrière lui.

Julien le suivit, sans le lâcher des yeux. Il pouvait sentir que quelque chose se jouait ici, quelque chose d'important, mais aussi d'incompréhensible. Il y avait une part de mystère autour d'Alex qui le rendait à la fois fascinant et insaisissable.

« Tu sais... » commença Julien, hésitant, « je ne sais pas exactement ce qui se passe entre nous. Mais je sens que tu te retiens. Tu te protèges. » Il marqua une pause, cherchant les bons mots. « On dirait que tu as peur... de ce que tu pourrais ressentir. »

Ces mots frappèrent Alex de plein fouet. Il se figea, sentant une vague de panique monter en lui. Julien avait vu juste, plus juste qu'il ne l'aurait cru possible. Alex savait que ses sentiments étaient en train de le rattraper, et que ce n'était plus seulement une question de travail, ni même d'amitié. Il se battait contre une force bien plus ancienne, bien plus profonde.

« Je... je ne peux pas... » balbutia Alex, sa voix brisée par l'émotion. Il ne parvenait pas à aligner ses pensées. Comment pourrait-il expliquer à Julien ce qu'il ne comprenait pas lui-même ? Cette part de lui qui appartenait à un autre monde, à une autre vie, et ces sentiments si humains qui commençaient à émerger, menaçant de tout emporter sur leur passage.

Julien, surpris par cette réponse inattendue, fit un pas en avant, incertain, mais déterminé. « Pourquoi ? Qu'est-ce qui te retient ? »

Alex ferma les yeux un instant, inspirant profondément. Il sentait Julien tout proche, si proche qu'il pouvait presque sentir la chaleur de son corps. Le simple fait de savoir que Julien était là, à quelques centimètres, rendait son cœur plus lourd, son souffle plus court.

Il ouvrit enfin les yeux et croisa ceux de Julien. Une multitude de choses passèrent entre eux en un instant, des émotions qu'aucun mot n'aurait pu décrire. Mais Alex recula encore, le cœur déchiré entre son désir grandissant et cette peur viscérale de ce qu'il pourrait perdre s'il s'abandonnait totalement à ce qu'il ressentait.

« Je ne peux pas t'expliquer... pas maintenant, » dit Alex, sa voix à peine un murmure. « Mais s'il te plaît, ne me demande pas de le faire. Pas encore. »

Julien le regarda longuement, cherchant des réponses dans ce silence chargé. Il aurait pu insister, pousser Alex à se confier, mais quelque chose dans son regard l'en dissuada. Il savait que la clé résidait dans la patience. Il sentait que la distance entre eux n'était qu'un voile fin, prêt à se déchirer.

Il hocha lentement la tête, respectant le mystère d'Alex, bien qu'une part de lui souffre de cette barrière invisible qui continuait de les séparer. « D'accord. Mais sache que je suis là. Quand tu seras prêt. »

Alex sentit son cœur se serrer à ces mots. La douceur de Julien, sa compréhension, ne faisaient qu'amplifier ce qu'il ressentait déjà. Il détourna le regard, ne pouvant supporter plus longtemps cette vague d'émotions.

Les deux hommes restèrent là, côte à côte, dans ce bureau plongé dans une demi-pénombre. Aucun d'eux ne parla, mais le silence entre eux n'était plus le même. Il n'était plus seulement une barrière, mais le prélude à quelque chose de bien plus grand, quelque chose qu'ils ne pourraient plus ignorer.

La Trahison d'un DieuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant