La Trahison d'un Dieu

Chapitre 3 : Une Rencontre Inattendue (Partie 5)

Même des jours après la disparition de "Nicolas", Alex ne pouvait s'empêcher de sentir sa présence dans l'air, comme une ombre invisible qui pesait sur son quotidien. Chaque coin de la ville semblait encore résonner de ses paroles énigmatiques, chaque silence rappelait les regards mystérieux qu'il lui avait lancés.

"Pourquoi est-il parti si soudainement ?" La question revenait sans cesse dans son esprit. Et avec elle, une autre, plus terrifiante encore : "Qui était-il vraiment ?"

Ses chiens semblaient eux aussi perturbés, leur comportement plus nerveux qu'à l'accoutumée, comme s'ils pressentaient un danger qu'Alex n'était pas encore capable de voir. Malgré son absence, "Nicolas" n'avait pas réellement disparu. Il restait quelque part, dans un recoin de son esprit, un mystère irrésolu. Et cela hantait Alex plus qu'il ne voulait se l'admettre.

Ce soir-là, après une longue journée, Alex s'allongea sur son lit, le corps épuisé mais l'esprit agité. Il ferma les yeux, espérant que le sommeil viendrait vite pour apaiser son esprit. Pourtant, à peine s'endormit-il qu'il fut plongé dans un rêve étrange, à la fois familier et totalement inconnu.

Il se tenait dans un vaste désert doré, le soleil brûlant haut dans le ciel, déversant une lumière aveuglante sur tout ce qui l'entourait. Le sable sous ses pieds était chaud, presque brûlant, et le vent soufflait doucement, soulevant des vagues de poussière ocre dans l'air. Mais ce n'était pas un désert ordinaire. Il y avait quelque chose de sacré, d'ancien, une puissance qui émanait du sol, du ciel, de l'air lui-même.

Alex marchait sans but, les pieds s'enfonçant légèrement à chaque pas dans le sable, tandis qu'une sensation de familiarité déconcertante l'envahissait. C'était comme s'il avait déjà été ici, longtemps auparavant, mais il ne pouvait se souvenir ni quand, ni pourquoi. Autour de lui, le désert semblait murmurer des secrets dans une langue qu'il ne comprenait pas, des sons qui résonnaient comme des échos lointains d'un passé oublié.

Soudain, devant lui, une ombre gigantesque apparut, grandissant à mesure qu'elle s'approchait. C'était une silhouette majestueuse, imposante, à la fois terrifiante et fascinante. Alex tenta de distinguer les traits de cet être, mais son visage restait flou, comme caché derrière un voile de lumière. Pourtant, il savait, au fond de lui, que cette silhouette lui était intimement liée, qu'elle faisait partie de lui. Il ressentait une étrange connexion avec elle, comme si elle portait une partie de sa propre essence, une puissance ancienne qu'il avait autrefois possédée mais qui lui échappait à présent.

« Qui es-tu ? » murmura-t-il, bien qu'il ne soit pas certain que ce soit la bonne question.

L'entité ne répondit pas, mais un souffle puissant parcourut l'espace entre eux, soulevant des nuées de sable et l'enveloppant dans une chaleur suffocante. Alex ferma les yeux sous la force du vent, et dans l'obscurité de ses paupières closes, des images éclatèrent, comme des fragments de verre brisé. Des visages, des lieux, des batailles... tout était confus, mais une seule sensation dominait : un sentiment de puissance écrasante, mais aussi de responsabilité. Il n'était pas un simple homme, il l'avait été, autrefois... un dieu ? Ce mot, à peine formé dans son esprit, semblait absurde, et pourtant, il résonnait avec une vérité inconfortable.

Des éclairs de mémoire le frappaient, mais ils disparaissaient aussitôt qu'ils étaient apparus. Des montagnes noires, des ombres qui dansaient autour d'un trône d'albâtre noir entouré de crânes et d'ossements, des chants funèbres résonnant dans un temple souterrain... Chaque fragment portait une douleur et une grandeur incommensurables, mais il ne pouvait les saisir. C'était comme si son esprit s'accrochait aux bribes d'une vie passée, d'une identité qu'il avait oubliée ou peut-être qu'on lui avait arrachée.

Une voix, douce et ancienne, se mit alors à résonner dans l'air. Ce n'était pas la voix de la silhouette, mais quelque chose de plus grand encore, de plus ancien. C'était une voix qui parlait sans mots, mais qu'il comprenait parfaitement. Elle venait du sol, du vent, des étoiles... du monde lui-même. « Il est temps de te libérer... » soufflait-elle dans sa tête. « Il est temps de retrouver ce qui t'a été enlevé. »

Alex ouvrit les yeux, cherchant la source de cette voix, mais tout était désert autour de lui. Seule la silhouette restait là, immobile, en attente. L'étrange pouvoir qui l'avait envahi se dissipa soudain, comme un rêve évanoui dans les brumes du matin. Une sensation de perte le saisit brusquement, aussi vive que le vent. Il sentait qu'il avait été sur le point de comprendre quelque chose, de retrouver une vérité, mais elle lui échappait, comme du sable glissant entre ses doigts.

Il voulut crier, saisir cette puissance avant qu'elle ne s'évanouisse complètement, mais il se réveilla brusquement, couvert de sueur, le souffle court. La chambre était sombre, mais il se sentait étrangement exposé, comme si le rêve avait laissé une empreinte sur lui, une marque indélébile. Son cœur battait violemment dans sa poitrine, et les bribes de son rêve dansaient encore dans son esprit, mais déjà elles commençaient à s'effacer, à s'enfoncer dans l'oubli.

Il se redressa lentement, le corps encore tremblant. À ses pieds, les deux chiens-loups étaient assis, immobiles, leurs yeux fixés sur lui comme s'ils attendaient quelque chose. Leur regard profond semblait percer à travers lui, comme s'ils savaient ce qu'il venait de vivre, comme s'ils comprenaient ce que lui-même ne pouvait encore saisir.

Alex passa une main tremblante sur son visage. Il avait besoin de réponses, mais où les trouver ? Et cette voix... ce murmure ancien qui semblait venir de la terre elle-même, qui était-elle ? Une part de lui pressentait qu'il s'agissait de quelque chose ou de quelqu'un de bien plus grand encore que tout ce qu'il avait jamais connu.

Mais pas encore. Ce n'était pas le moment de comprendre pleinement. Le voile de son esprit était toujours là, et bien qu'il se fût légèrement levé cette nuit, il savait que des forces bien plus puissantes étaient à l'œuvre, patientes, prêtes à intervenir.

Pour l'instant, il devait attendre. Mais ce rêve... cette sensation de puissance oubliée... tout cela resterait avec lui, dormant en lui jusqu'à ce que le moment soit venu.