Chapitre 2 : Les Vies Multiples (Partie 2, Artémis)

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Anepou, connu cette fois sous le nom de Edric, vivait en pleine époque médiévale. C'était un homme solitaire, un chasseur respecté dans son village, toujours accompagné de ses deux chiens, des créatures imposantes au pelage noir et blanc, qui ne le quittaient jamais. Son lien avec ces animaux était indéfectible, presque plus fort que celui qu'il pouvait avoir avec les hommes. La vie dans les bois lui apportait une tranquillité que la compagnie des humains n'arrivait pas à offrir. Un jour, alors qu'il s'aventurait dans les profondeurs de la forêt pour une chasse, une rencontre inattendue allait changer son destin.

Alors qu'il suivait les traces d'un cerf majestueux, une silhouette féminine apparut soudainement entre les arbres. Drapée dans une tenue de chasse simple mais élégante, elle se fondait dans le décor naturel avec une telle aisance qu'Edric la prit d'abord pour une vision.

« Belle journée pour chasser, » lança la femme avec un sourire en coin, les yeux vert brillant d'une lueur malicieuse.

Edric se raidit légèrement, mais ses chiens, étrangement, ne montrèrent aucun signe d'hostilité. Au contraire, ils la fixaient avec une attention inhabituelle.

« Qui êtes-vous ? » demanda-t-il, toujours sur ses gardes.

Elle s'approcha lentement, avec une démarche assurée, et répondit calmement : « Une simple chasseuse, tout comme toi. J'ai vu que tu traquais une proie et j'aimerais t'accompagner. »

Edric, méfiant, observa cette femme qui semblait sortie de nulle part. Mais il y avait quelque chose dans son attitude, une sérénité, une force discrète, qui lui donna envie de baisser sa garde. « La chasse n'est pas un jeu, » répliqua-t-il, en la jaugeant du regard. « Pourquoi voudrais-tu te joindre à moi ? »

« Parce que tu sembles savoir comment respecter la nature, et cela se voit dans la manière dont tes chiens te suivent. La vraie chasse est un échange entre l'homme et l'animal, une connexion. Je ressens que toi, tu comprends cela. »

Touché par ses paroles, Edric hésita, puis acquiesça. « Très bien, tu peux venir. Mais garde le silence, ou nous n'attraperons rien. »

Ils partirent ensemble à travers la forêt, traquant silencieusement le cerf. Pendant de longues heures, aucun mot ne fut échangé, chacun absorbé par la chasse et le rythme de la forêt. Cependant, une connexion naissait, imperceptible, entre ces deux êtres, tous deux amoureux de la nature, tous deux en harmonie avec les animaux.

Après avoir réussi à abattre leur proie, ils s'assirent près d'un feu de camp improvisé. Edric, encore méfiant, observait la femme tout en nourrissant ses chiens avec quelques morceaux de viande.

« Tu as un lien particulier avec eux, » dit-elle en désignant les deux chiens qui veillaient près de lui, protecteurs. « Ce ne sont pas simplement des compagnons de chasse pour toi, n'est-ce pas ? »

Edric hocha la tête, un léger sourire sur les lèvres. « Ce sont mes seuls véritables amis. Les humains... ils sont trop compliqués, trop imprévisibles. Mais les animaux, eux, ils sont loyaux. Ils te comprennent sans mots. »

Elle acquiesça, un éclat de tendresse dans le regard. « Tu as raison. Les animaux sont purs. Ils ne trahissent pas. Ils suivent les lois de la nature, sans chercher à les défier. »

Edric resta silencieux un moment, réfléchissant à ses paroles. « Pourquoi ne pas vivre comme eux, alors ? Pourquoi s'attacher aux hommes, s'ils sont si imparfaits ? »

Elle soupira doucement, fixant le feu avec une expression mélancolique. « Parce que les humains, malgré leurs défauts, font partie de cet équilibre. Ils sont des animaux eux aussi, tu sais. Ils ont simplement oublié leur place dans la nature. »

Edric fronça les sourcils. « Non. Les humains se croient supérieurs aux animaux. Ils détruisent, ils exploitent, ils trahissent. Ils ne vivent pas en harmonie. Ce sont eux qui déséquilibrent tout. »

La femme de ces yeux vert, le regarda intensément, comme si elle essayait de percer un secret qu'il ignorait lui-même. « Peut-être. Mais ils sont capables de grandes choses aussi. D'amour, de sacrifice, de beauté. Ce sont ces qualités qui font qu'ils méritent d'être protégés, malgré leurs erreurs. »

Edric secoua la tête, refusant d'accepter cette vision. « Ce que tu décris, ce sont des exceptions. La majorité des humains ne vaut pas mieux que des bêtes sauvages. Pire encore, car ils ont la capacité de raisonner, mais choisissent la destruction. »

La femme sourit doucement, comme si elle avait déjà entendu cet argument mille fois. « Et pourtant, tu es humain, toi aussi. Tu as choisi la solitude, la nature, tes chiens. Mais tu ne peux nier que tu fais partie de cette espèce. »

Edric détourna le regard, ses mains serrées autour de son bâton de marche. « Je ne me sens pas comme eux. Il y a quelque chose de... différent en moi. Une rage que je ne parviens pas à comprendre. »

La femme posa une main légère sur son épaule, un geste qui le surprit. « Peut-être parce que tu te bats contre une partie de toi-même que tu refuses d'accepter. »

Il la fixa, perplexe, sans savoir pourquoi ses paroles le touchaient autant. Il y avait quelque chose chez elle, une force tranquille, une sagesse ancienne, qu'il ne parvenait pas à expliquer. Pourtant, il sentait une étrange familiarité dans ses mots, comme s'ils résonnaient au plus profond de lui.

« Pourquoi dis-tu cela ? » demanda-t-il, cherchant à comprendre ses véritables intentions.

Elle se leva doucement, ses yeux vert scintillant à la lumière du feu. « Parce que, parfois, il faut accepter ce que l'on est pour avancer. Et toi, Anepou, tu es bien plus que ce que tu crois. »

« Anepou ? » interrogea Edric.

Elle regarda avec un sourire en coin, puis partit, la silhouette se fondant dans l'ombre des arbres. Artémis, car il s'agissait d'elle, venait de donner à Edric une sensation de perte qui envahissait son cœur. Il ne comprenait pas entièrement ce qu'elle voulait dire, mais ses mots restèrent gravés en lui, une énigme à résoudre.

À mesure qu'il observait ses chiens se blottir contre lui, il réalisa qu'il n'avait jamais ressenti une telle connexion avec un être humain. Quelque chose chez cette femme l'avait touché, mais il ne parvenait pas à saisir quoi.

La Trahison d'un DieuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant