X. Plus vite que la musique

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Milles excuses pour ce retard, cette absence. Dur dur le mois de septembre - et ça ne va pas s'arranger...

Je fais mon maximum et voici un chapitre assez long, avec des descriptions comme vous aimez, des dialogues comme vous aimez, pour tenter de me faire pardonner.

Bonne lecture <3

***


Le réveil fut épouvantable. Victoria, encore engluée dans le coton de son inconscience, eut l'odieuse impression d'avoir voyagé dans le temps — non pas dans les âges héroïques de la Renaissance ou les frasques d'un siècle des Lumières en pleine effervescence, mais dans un passé bien plus proche et, hélas, infiniment plus médiocre. L'ère redoutée de sa licence universitaire. Ah, ces années ! Ce mélange exquis de maux de tête lancinants, d'un esprit aussi clair qu'une citation de Heidegger au saut du lit, d'une fatigue écrasante et, pour couronner le tout, cette bouche pâteuse qui évoquait davantage un marécage en pleine décrépitude qu'un quelconque organe vital. Elle était assoiffée, comme si elle avait traversé le désert avec pour seule compagnie le Minotaure de Borges. Charmant, vraiment.

Quant à son apparence... disons qu'un rapide coup d'œil dans le miroir aurait fait pâlir d'envie un panda sous acide. Cheveux en bataille, ressemblant à une œuvre post-cubiste de Picasso, des yeux cernés à rendre jaloux un gothique un peu trop zélé, et — détail non négligeable — elle n'avait sur elle que la moitié des vêtements nécessaires pour prétendre à une quelconque dignité matinale.

Victoria s'assit sur le lit, secouant légèrement la tête, dans l'espoir de chasser cette migraine épouvantable.

Pourtant, autour d'elle, tout racontait une tout autre histoire. Le T2 où elle se trouvait — bien plus spacieux que l'appartement typique d'un étudiant mal organisé — brillait d'une luminosité presque insupportable à cette heure matinale. Loin du stéréotype de l'amas de papiers froissés et de restes de coquillettes collantes, l'endroit ressemblait davantage à une galerie d'art moderne qu'à un logis improvisé. Les murs étaient ornés d'affiches de villes aux couleurs vibrantes, comme une invitation permanente au voyage — New York, Tokyo, et même un petit Paris pop à la Warhol, rien que ça. À cela s'ajoutaient des posters de musiciens — Bowie, Pink Floyd, R.E.M — comme si chaque morceau d'affiche clamait haut et fort que l'occupant de ce lieu se prenait pour un mélomane averti.

Et puis il y avait aussi cet immense palmier — enfin était-ce réellement un palmier ? Elle n'en savait rien. Victoria avait toujours été le bourreau de ses propres cactus.

C'était une sorte d'immense plante verte, haute presque jusqu'au plafond, qui apportait une touche de verdure qui semblait sublimer la décoration colorée de la pièce. Comme si le vert avait été la seule couleur manquante.

Ce lieu était bien trop décoré pour être honnête, un peu comme ces personnages dans les romans de Zola, où chaque objet sert à souligner une vérité cachée. C'était magnifique, dans son excès maîtrisé. Une explosion de couleurs vives, un patchwork de styles, le tout fondu dans une harmonie presque insolente.

Victoria se surprit à sourire intérieurement. Elle avait toujours eu un faible pour ces intérieurs pleins de vie, à l'image des premières journées de printemps. Il y avait une énergie vibrante ici, une sorte d'exubérance lumineuse, comme si l'appartement lui-même dansait au rythme de la lumière du matin qui se déversait à flots par les grandes fenêtres. Et elle, malgré l'état pitoyable dans lequel elle se trouvait, ne pouvait s'empêcher d'apprécier cette découverte silencieuse. C'était un univers complet, une petite bulle colorée hors du temps, un refuge étrange.

Dissonance ObsédanteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant