Chapitre 12

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Le dîner tirait à sa fin, les derniers plats étaient servis, mais pour la princesse, chaque bouchée devenait plus difficile à avaler que la précédente. Autour de la grande table, les conversations étaient animées ; les nobles échangeaient des banalités sur la politique, les récoltes ou les derniers potins de la cour. La reine du royaume voisin continuait de sourire à tout propos, mais Lenora pouvait sentir la tension derrière son masque de courtoisie. Le roi, de son côté, lançait des regards perçants aux autres convives, comme s’il cherchait à percer leurs pensées.

Lenora écoutait distraitement, son esprit tourmenté par l’idée de ce mariage arrangé. Le prince Yonel, assis à sa droite, parlait d’un ton monotone, détaillant ses projets pour l’union de leurs deux royaumes. Elle opinait mécaniquement de la tête, dissimulant son désintérêt derrière un sourire bien maîtrisé. Si seulement tout cela pouvait déjà être terminé, pensa-t-elle en contemplant son verre de vin.

Lorsque le dîner fut enfin terminé, les invités commencèrent à se lever et à quitter la salle de réception. Lenora se tenait encore à table, cherchant un prétexte pour partir. C’est alors que le prince se tourna vers elle.

- Princesse Lénora, dit-il d’une voix suave, j'espère que ce dîner vous a plu. Nos parents semblent bien s’entendre, ne trouvez-vous pas ? Cela augure un mariage harmonieux, vous ne croyez pas ?

Lenora sentit son estomac se nouer. Elle acquiesça, tentant de garder son calme.

- Oui, en effet, c’était un dîner... mémorable, répondit-elle, mais intérieurement, elle bouillait.

Harmonieux ? pensa-t-elle avec amertume. Rien ne pourrait être plus faux. Ce mariage est une prison dorée.

Le prince, ne percevant pas son malaise, continua à parler de leur avenir commun, de la vie qu'ils mèneraient ensemble. Ses mots se voulaient rassurants, mais pour Lenora, ils étaient comme des chaînes se resserrant autour de son cou. Elle se surprit à reculer légèrement dans son siège, cherchant à mettre de la distance entre eux, mais le prince Yonel ne fit que se pencher davantage vers elle, réduisant à néant cet espace.

- Je sais que tout cela doit vous sembler soudain, mais croyez-moi, je ferai tout pour que vous vous sentiez à l’aise à mes côtés.

La princesse Lénora hocha la tête sans répondre.

Après ce qui lui parut une éternité, Yonel finit par la laisser en paix. Il se leva pour rejoindre ses parents, et Lenora saisit cette opportunité pour quitter discrètement la salle. Elle marchait d’un pas rapide, ses pensées tourbillonnant, jusqu’à ce qu’elle atteigne enfin la tranquillité de ses appartements. Une fois à l’intérieur, elle poussa un long soupir de soulagement.

Mademoiselle Éloïse entra peu après, portant une robe de chambre propre pour la nuit.

- Votre Altesse désire-t-elle se rafraîchir avant de se coucher ? demanda-t-elle d’un ton respectueux.

Lenora acquiesça.

- Oui, une douche me ferait du bien.

Mademoiselle Éloïse l’aida à se défaire de sa robe de soirée, puis la conduisit jusqu’à la salle de bain attenante. Tandis que l'eau chaude coulait sur sa peau, Lénora ferma les yeux, tentant de se débarrasser de l’angoisse qui l’habitait. Elle ne put cependant s’empêcher de confier à Éloïse ce qui la tracassait.

- Mademoiselle Éloïse, avez-vous remarqué comment le prince Yonel se comporte avec moi ? Il semble... insistant, presque possessif.

Mademoiselle Éloïse, qui brossait doucement les cheveux de Lénora, hocha la tête.

- Oui, Votre Altesse, je l'ai remarqué. Le prince paraît très… désireux de faire de vous son épouse, mais je comprends que cela puisse être oppressant.

- Oppressant, c’est le mot, murmura Lénora. Je me sens piégée, comme si je n'avais aucune issue.

-  Il est encore temps de trouver une solution, Votre Altesse. Vous êtes la future reine de ce royaume, vous avez le droit de choisir votre destin.

Ces mots réconfortants résonnèrent en Lenora alors qu’elle finissait de se préparer pour la nuit. Mademoiselle Éloïse partit. La princesse s’allongea sur son lit, épuisée, mais le cœur toujours lourd. Ses pensées tournaient encore et encore autour de sa situation lorsque qu'elle entendu un coup à la porte.

Lenora se redressa légèrement, surprise.

- Entrez, dit-elle d'une voix fatiguée.

Princesse LenoraOù les histoires vivent. Découvrez maintenant