Princesse Lenora

Chapitre 7

La soirée avançait, et Lenora, lassée de cette mascarade interminable, avait trouvé du réconfort dans les verres de vin qui ne cessaient de se remplir devant elle. À chaque gorgée, le bal lui semblait de plus en plus lointain, les visages flous et les conversations sans importance. Les minutes passaient, les invités commençaient à se retirer, et la princesse, elle, se sentait de plus en plus légère, presque flottante, tandis que l’alcool brouillait ses pensées.

Lorsque la musique s’éteignit enfin et que les derniers invités quittèrent la salle, Lenora décida qu’elle avait besoin d’air frais. Elle vacilla légèrement en se levant, se tenant à la table pour retrouver son équilibre. Elle se dirigea ensuite vers les grandes portes qui menaient aux jardins extérieurs, échappant ainsi à l’atmosphère oppressante du château.

Une fois dehors, l’air frais de la nuit la frappa, chassant un peu de l'étourdissement qui l’habitait. Elle marcha lentement à travers les jardins, ses pas devenant de plus en plus incertains. Les étoiles brillaient au-dessus d’elle, clignant comme pour l’encourager à continuer. Elle se retrouva bientôt près d’un petit étang, entouré de buissons fleuris et d’arbres majestueux. Une vieille bûche d’arbre, posée non loin de là, lui offrit un siège de fortune.

Lenora s’y assit lourdement, fixant l’eau calme de l’étang où les poissons nageaient silencieusement. Le reflet des étoiles sur l’eau la fascinait. Perdue dans ses pensées floues, elle laissa échapper un léger soupir. Pourquoi tout cela devait-il être si compliqué ? Pourquoi son destin semblait-il si éloigné de ce qu’elle désirait vraiment ?

Alors qu’elle se perdait dans ses pensées, des pas légers se firent entendre derrière elle. Sur ses gardes, Lenora tourna la tête pour voir qui approchait. C’était le chevalier Enric. Il semblait surpris de la trouver là, seule, au milieu de la nuit.

- Princesse, dit-il doucement en s'inclinant légèrement, je ne pense pas qu'une princesse peut se permettre de rester seule dans un endroit si peu couvert, il lui faut un chevalier.

Lenora lui sourit, amusée par l’inquiétude dans sa voix.

- Que faites-vous ici, Enric ?

- Je me promenais simplement dans les jardins pour prendre un peu d'air, et je vous ai aperçue, répondit-il en la rejoignant près de l’étang. Une princesse ne devrait jamais être seule dans l’obscurité. Un chevalier se doit de veiller sur elle.
Répéta t-il pour se faire entendre.

Elle laissa échapper un rire léger, un peu vacillant.

- C’est bien aimable à vous, chevalier Enric. Mais je vous assure que je ne cours aucun danger ici.

Ils restèrent un moment silencieux, côte à côte, observant les étoiles. Lenora se sentait étrangement à l’aise en sa compagnie. Il était différent des autres hommes qu’elle connaissait, ceux qui ne voyaient en elle qu’une princesse à marier. Enric semblait simplement... présent, sans attentes ni jugements.

Après un moment, il brisa le silence.

- Malheureusement, je dois retourner auprès du prince Yonel. Il a encore besoin de moi avant de se retirer pour la nuit.

Lenora hocha la tête, un peu déçue de le voir partir si vite.

- Bien sûr. Allez-y, chevalier. Je vais rester ici encore un moment.

- D'accord mais ne rentrez pas trop tard princesse !

- Oui ne vous inquiétez pas.

Enric s’inclina une dernière fois avant de se retirer, la laissant seule dans la tranquillité des jardins. Lenora resta assise encore un instant, contemplant les étoiles, les pensées flottant dans son esprit embrouillé par l’alcool. Elle se sentait étrangement vide, mais en même temps, un espoir timide naissait en elle. Peut-être que tout n’était pas encore perdu.

Finalement, elle se leva, chancelante, et regagna le château. L’effervescence de la soirée avait disparu, remplacée par le calme du sommeil des autres. Lenora se glissa dans sa chambre, se déshabilla lentement et se coucha. En fermant les yeux, elle se promit de réfléchir à tout cela à tête reposée le lendemain. Mais pour l’instant, elle se laissa emporter par le sommeil, espérant trouver dans ses rêves une réponse à ses doutes grandissants.