Ils étaient redescendus avec un peu moins de rire, mais davantage de complicité. Flèche les rejoignit à un moment donné pour repartir. Puis quand ils arrivèrent enfin non loin du van, Thibault siffla et son chien fut à ses pieds en quelques secondes.
« Quoi ? demanda-t-il en haussant les sourcils vers Dalil.
– Quand tu dis qu'il va jamais loin, il va vraiment jamais loin.
– Et ?
– À ce moment-là, il était pas loin de nous quand on s'est envoyés en l'air.
– Ouais, il matait même avec des jumelles ! »
Lâchant un rire, Dalil se pencha pour offrir une caresse au chien qui en réclamait une.
« Il m'a fourré son nez dans les fesses, je me méfie maintenant !
– C'est pas du chien dont je me méfierais si j'étais toi !
– Oh, on prend la confiance, gamin ! Hâte de voir ça ! »
Thibault se mit à rougir, mais il garda son sourire. Ils n'avaient pas besoin de parler pour savoir que ce n'était pas fini. Tout l'été. Le sous-entendu flottait entre eux. Et après leur moment dans la retenue d'eau, ni Dalil ni lui ne semblait prêt à s'arrêter là.
Une fois devant chez lui, il ouvrit la porte du van pour lâcher Flèche dans la rue, mais ne descendit pas.
« Tu veux rester cette nuit ?
– Je me lève tôt demain.
– Je sais.
– C'était uniquement une information. Si tu me veux dans ton lit, je reste.
– J'ai pas parlé de mon lit.
– Oh, je m'adapte, une rivière, un canapé, une table, je suis tout-terrain.
– Une table ? répéta Thibault d'une voix altérée. »
Mince, il n'avait pu s'empêcher de manifester son envie. Il s'était imaginé, en une seconde, plaqué contre le bois de sa table de cuisine, sentant le poids de Dalil sur lui, tremblant sous sa lente intrusion. Il allait trembler, c'était certain, peut-être se mordre les lèvres sous la douleur. Il avait toujours entendu dire que si c'était douloureux, c'est que c'était mal fait. Mais il avait aussi entendu l'inverse, la douleur comme un rite de passage obligé.
« Ok, la table, je vois que monsieur « Pas si sage que ça » a déjà ses préférences, nota Dalil avec amusement. »
Dans un mouvement leste, Thibault sauta à terre pour cacher ses joues enflammées. C'était impossible que Dalil n'ait pas compris à ce stade, son inexpérience était flagrante. Mais ce dernier se contenta de prendre quelques affaires et de fermer le van. Thibault se dandina d'un pied sur l'autre, puis gagna le portillon. Il n'avait pas envie de rompre le charme. Il était bien avec Dalil et ne désirait pas passer par des trivialités, que tout devienne gênant et silencieux. Il connaissait déjà.
Il tourna la clé dans la serrure, siffla Flèche qui s'approchait d'un peu trop près du mur du voisin et sourit à Dalil.
« Entre.
– Toi et ton chien d'abord, je me méfie de vous deux maintenant. »
* * *
Ils dinèrent d'un plat de pâtes sans prétention aux tomates séchées, basilic et parmesan accompagné d'une salade verte du jardin. Dalil l'aida à préparer le repas et même si Thibault aurait été plus vite en le faisant tout seul, il redécouvrit ce plaisir simple de cuisiner avec quelqu'un, ça faisait une éternité qu'il n'avait pas fait de boulange avec son grand-père. Il n'avait même pas cuisiné les traditionnelles bugnes avec lui pour carnaval.
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Laisser se poser les papillons
RomanceDalil n'a qu'une envie : fuir. Fuir sa ville, son meilleur ami et leur relation foireuse. Fuir pour que sa conscience arrête de le torturer. Sans y réfléchir à deux fois, il accepte un travail de cordiste dans les Alpes. Sa rencontre cocasse avec Th...