Un bug dans la matrice

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C’était une nuit d’Halloween comme une autre, ou du moins c’est ce que pensait Léo en se promenant dans les rues éclairées par les citrouilles vacillantes

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C’était une nuit d’Halloween comme une autre, ou du moins c’est ce que pensait Léo en se promenant dans les rues éclairées par les citrouilles vacillantes. Les enfants déguisés allaient de porte en porte, réclamant des bonbons, et l’air était empli des rires et des cris joyeux qui résonnaient sous la lune pleine.

Léo, quant à lui, n’avait pas vraiment l’esprit à la fête. Depuis quelques jours, il avait remarqué des choses étranges autour de lui, des détails qui ne semblaient pas à leur place. Parfois, les horloges se déréglaient de quelques minutes, les gens semblaient répéter les mêmes phrases comme s’ils étaient coincés dans une boucle. Au départ, il avait mis ça sur le compte de la fatigue ou du stress, mais ce soir-là, quelque chose d’encore plus troublant se produisit.

En passant devant un groupe d’enfants costumés, Léo remarqua un détail étrange : l’un des enfants répétait sans cesse la même action. Il levait la main pour frapper à une porte, mais avant que ses doigts ne touchent le bois, son mouvement se réinitialisait, et il recommençait, encore et encore. Intrigué, Léo s’arrêta et l’observa en silence, mais le phénomène continua. Les autres enfants semblaient ne rien remarquer, poursuivant leur route comme si tout était normal.

Frissonnant malgré lui, Léo s’éloigna rapidement et s'enfonça dans une ruelle sombre pour se calmer. Alors qu’il marchait, il entendit un bruit de grésillement, comme une radio mal réglée. Il regarda autour de lui, mais il n’y avait personne. Pourtant, l’air semblait vibrer légèrement, et à chaque pas, la sensation d’un malaise grandissait. Les bâtiments, les arbres, même les étoiles semblaient perdre leur netteté, comme si le monde autour de lui se décomposait, pixel par pixel.

Soudain, il se retrouva face à un mur invisible. Il tendit la main et sentit une résistance, comme si un écran invisible bloquait son passage. Il tapota doucement, et une onde de distorsion parcourut l’air devant lui, révélant une sorte de grille géométrique lumineuse, des lignes vertes et scintillantes qui se croisaient à perte de vue. La réalité autour de lui semblait... se fissurer.

Avant qu’il ne puisse réagir, tout se figea. Le bruit ambiant cessa, les feuilles ne bougeaient plus dans le vent, les lumières des citrouilles s’éteignirent. Le temps lui-même semblait suspendu. Une peur glaciale s’empara de Léo lorsqu’il réalisa qu’il était le seul à pouvoir bouger. Il se retourna, cherchant une échappatoire, mais le monde entier semblait maintenant un immense décor détraqué. Derrière lui, les silhouettes des passants avaient figé, leurs visages sans expression, les yeux vides.

Le grésillement reprit, mais cette fois, une voix émergea du chaos sonore : "Erreur système… Réinitialisation en cours."

Léo sentit son cœur s’emballer. Il n’avait aucune idée de ce qui se passait, mais tout autour de lui semblait indiquer que la réalité telle qu'il la connaissait était en train de se disloquer. Il courut vers un groupe de personnes, essayant de les secouer, mais leurs corps étaient aussi rigides que des statues. Puis, d’un seul coup, comme un film que l’on remet en marche, tout revint à la normale. Les gens recommencèrent à bouger, les lumières à briller, et les sons à résonner dans la nuit d’Halloween.

Mais Léo savait que quelque chose n’allait pas. Il regarda autour de lui et réalisa que certains détails avaient changé. Les maisons, bien que familières, n’étaient plus tout à fait les mêmes. Les décorations semblaient avoir changé de place, les visages des passants étaient légèrement différents, comme si un programme avait mal restauré certains éléments. Un chat noir passa devant lui, puis un autre identique le suivit quelques secondes plus tard.

Pris d’une terreur profonde, Léo comprit : il était coincé dans une boucle, ou pire encore, dans une version corrompue de la réalité. Le bug dans la matrice qu’il avait perçu n’était pas une simple illusion. Quelque chose, ou quelqu’un, jouait avec le tissu même de son monde.

Il tenta de sortir de la ville, mais chaque rue semblait le ramener au même endroit. La grille lumineuse qu’il avait touchée auparavant revenait régulièrement dans son champ de vision, apparaissant brièvement avant de disparaître, comme un mirage digital. Désespéré, il cria à l’aide, mais les passants le regardaient sans émotion, leurs yeux vides et brillants, comme des marionnettes programmées pour suivre un scénario précis.

La voix grésillante revint une dernière fois, plus forte et plus nette cette fois-ci : "Fin de simulation. Erreur critique. L’utilisateur a détecté une anomalie."

Puis, tout devint noir.

Lorsque Léo ouvrit les yeux, il se retrouva dans sa chambre, couché sur son lit. Tout semblait normal. Mais il ne pouvait s’empêcher de se demander… était-il réellement sorti de la matrice ? Ou bien était-il juste dans une nouvelle boucle, une nouvelle version de cette étrange réalité où Halloween n’était que le décor d’un cauchemar sans fin ?


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