Lancer de crânes

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Chaque année, le petit village de Montclair célébrait Halloween avec une étrange tradition qui remontait à des siècles : le Lancer de Crânes

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Chaque année, le petit village de Montclair célébrait Halloween avec une étrange tradition qui remontait à des siècles : le Lancer de Crânes. Ce jeu macabre, seulement connu des habitants, consistait à jeter des crânes — faits de pierre et décorés avec soin — à travers un champ sombre, dans l’espoir de les faire atterrir dans des cercles tracés à même le sol. Mais la légende derrière cette pratique, bien plus sombre, n'était jamais racontée aux étrangers.

Lucie et ses amis, nouveaux arrivants dans le village, étaient curieux de découvrir cette tradition locale. On leur avait vaguement expliqué le concept, mais sans jamais leur révéler pourquoi les villageois y tenaient tant. Excités à l’idée de participer à quelque chose d’aussi étrange, ils se rendirent sur la grande place du village la nuit d'Halloween, là où le lancer allait avoir lieu.

La place était illuminée par des lanternes à la lumière vacillante, et l’atmosphère était lourde. Un brouillard épais rampait depuis la forêt voisine, enveloppant le sol d’un voile spectral. Les villageois, tous vêtus de noir, formaient un cercle silencieux autour d’un puits ancien, au centre duquel étaient empilés des crânes en pierre, finement sculptés et d'un blanc terne.

Le maire du village, un vieil homme à l’air grave, s’approcha de Lucie et de ses amis.

— Vous êtes sûrs de vouloir participer ? leur demanda-t-il, une lueur indéchiffrable dans les yeux. Ce n’est pas un jeu comme les autres.

— Bien sûr ! Ça a l’air amusant, répondit Hugo, toujours partant pour de nouvelles expériences.

Le maire hocha la tête, mais ne sourit pas. Il tendit un crâne à chacun des participants.

— Très bien. Choisissez chacun un cercle. Souvenez-vous : visez bien. Vous ne voudriez pas que le crâne manque sa cible.

Lucie sentit un frisson lui parcourir l’échine. Elle observa les crânes de pierre, étonnée par leur poids. Ils semblaient trop lourds pour un simple jeu. Quelque chose dans la texture froide du crâne lui donna un mauvais pressentiment, mais elle repoussa cette sensation. Après tout, ce n'était qu'une tradition ancienne, rien de plus.

Ils se mirent en position, chacun à quelques mètres de leur cercle respectif tracé sur le sol. Les villageois les regardaient en silence, leurs visages dissimulés par le brouillard. L’air était étrangement immobile, et même le vent semblait avoir cessé de souffler.

— À mon signal, lança le maire d’une voix rauque.

Lucie prit une grande inspiration. Elle serra le crâne entre ses doigts, sentit sa froideur lui engourdir les mains. Autour d’elle, ses amis riaient nerveusement. Le maire leva la main, puis la laissa retomber brusquement.

— Lancez !

Les crânes s’envolèrent dans l’air, tournoyant au-dessus du sol. Ils retombèrent avec fracas, mais aucun ne roula hors des cercles. Une étrange sensation emplit Lucie lorsqu'elle vit son crâne atterrir parfaitement au centre de son cercle. Pourtant, il ne semblait pas y avoir de bruit de pierre frappant le sol, seulement un lourd silence.

C'est alors qu'une voix chuchota derrière elle. Un souffle glacial caressa sa nuque. Elle se retourna brusquement, mais ne vit rien. Son cœur accéléra, et autour d’elle, les rires de ses amis se turent. Le maire les observait, impassible, tandis que les villageois semblaient retenir leur souffle.

Soudain, le sol se mit à vibrer légèrement sous leurs pieds, comme si quelque chose d’ancien et de puissant venait de s’éveiller. Les crânes, restés immobiles au centre des cercles, commencèrent à briller faiblement. Lucie voulut parler, mais aucun mot ne sortit de sa bouche. Une force invisible la paralysait.

Puis, lentement, quelque chose émergea du sol autour des crânes. D’abord de simples ombres, puis des formes humaines, des silhouettes décharnées et grotesques. Les crânes n’étaient plus des objets inoffensifs, ils étaient des catalyseurs, des portails. Les âmes de ceux qui avaient été sacrifiés au fil des siècles pour maintenir la paix dans le village s’élevaient maintenant, ramenées à la vie par cet étrange rituel.

Hugo recula en titubant, ses yeux écarquillés d'horreur.

— Mais… qu’est-ce que c’est que ça ?! cria-t-il, la voix brisée par la panique.

Le maire s’avança, les mains jointes derrière son dos.

— C’est le prix à payer, répondit-il d’un ton solennel. Le Lancer de Crânes n’est pas un jeu. C’est une offrande. Ces crânes appartenaient aux défunts du village. Chaque Halloween, nous devons les apaiser en leur offrant de nouveaux visages, de nouveaux corps.

Lucie comprit alors. Ce n’était pas un hasard si les nouveaux venus étaient toujours invités à participer. Ils n’étaient pas là pour lancer des crânes, ils étaient là pour nourrir les esprits des morts.

Les ombres avancèrent lentement vers eux, leurs mains squelettiques tendues, prêtes à les engloutir. Lucie tenta de fuir, mais le brouillard autour d'elle s’épaissit, formant un mur opaque. Le cri de ses amis se perdit dans la nuit.

La dernière chose qu’elle entendit fut le maire murmurant dans le vent :

— Bienvenue dans l’éternité, enfants d'Halloween.

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