Nana

Chapitre 38

MIA
samedi, 22h59

J'inspire un bon coup avant d'ouvrir la porte de mon immeuble. Mathieu m'attend en bas de chez moi et je redoute pas mal cette discussion.

Lorsque je sors, il attend le dos appuyé contre le mur. Il écrase sa cigarette quand j'arrive en face de lui.

- Tu voulais parler ? il demande.

Je comprends devant son attitude glacial que ça va pas être une partie de plaisir.

- J'aurai dû t'en parler direct mais t'avais pas à t'énerver comme ca. Je t'ai jamais manqué de respect. Thomas m'a dit qu'il m'aimait bien mais il sait très bien que je suis avec toi. Je lui ai jamais laissé la porte ouverte.

Il acquiesce. Il est silencieux et ça m'agace. Il oublie vite que lui aussi son comportement laisse à désirer.

- Toi, tu crois le premier message que tu reçois, tu me traites de gamine, tu fais des freestyle qui parle des putes que tu baises à l'hôtel.. c'est toi le gamin.

- C'était pour te piquer le freestyle il répond enfin.

- Bah c'etait une idée de merde.

Ouais, j'ai le seum. Je m'en fiche. J'ai pas du tout apprécié son freestyle.

- Ça m'a vexé que tu me dises rien, Mia. P't'être que j'pue le seum mais ça m'rend ouf de savoir qu'un mec te déclare sa flamme et toi tu juges pas nécessaire de m'en parler. J'crois que tu t'mets pas à ma place. Si t'étais transparente avec moi j'te ferai confiance, mais là c'est compliqué.

Ça blesse. J'acquiesce sans savoir quoi répondre. Au fond, il n'a pas tort, et j'ai conscience que j'ai fait une erreur.

- Ce mec il t'a fait vivre la misère au lycée, moi j'te récupérais en pleurs tous les soirs et tu préfères le défendre lui ?

- Je voulais juste pas faire de problèmes.

- Bah ouais t'as raison, c'est mieux de perdre ton mec que faire des problèmes à Thomas.

Je fronce les sourcils. Il parle comme si on était plus ensemble et ça me plaît pas du tout.

- T'es pas toute seule dans notre relation, hein. Tu crois que c'est un jeu pour moi ? Ça fait deux s'maines que j'ai mal au cœur de te voir dans cet état, et là j'apprends que le mec a fait exprès de faire tourner cette putain de photo pour que j'la vois, et toi tu préfères le protéger ? Ça m'rend ouf.

- Je voulais pas le protéger, Mathieu. Je voulais juste qu'il en parle à Anna d'abord.

Il soupire. C'est un dialogue de sourd. Je comprends son point de vue maintenant qu'il l'a expliqué calmement et j'aimerai qu'il comprenne le miens.

- Je comprends ton point de vue. T'as raison, à ta place je l'aurai mal prit aussi. T'aurais pu me dire ça au lieu de me traîter de gamine je reprends alors.

- J'voulais juste te piquer.

J'hoche la tête. J'ai bien compris qu'il avait fait exprès de me vexer mais quand même. S'il sait que ça me blesse, il doit pas l'utiliser contre moi dès qu'il est énervé.

- Je voulais pas te faire de peine, je suis désolée. Je sais que j'ai de la chance de t'avoir, et merci d'avoir été là ces dernières semaines.

- J'suis désolé de t'avoir parler comme ça mardi. J'avais l'seum il avoue.

Je souris. Je sais que c'est rare qu'il s'excuse, alors ça me fait plaisir.

- Je t'aime comme un ouf, j'ai pas du tout envie de te perdre.

Je mords ma joue avant de m'approcher de lui pour passer mes mains autour de sa taille. J'aurai jamais pensé qu'il me dirait je t'aime, encore moins aujourd'hui.

- On fait la paix, alors ? je demande.

Il hoche la tête avant de se pencher pour m'embrasser. Un, deux, trois, quatre bisous avant que je me recule. Il continue d'embrasser ma mâchoire, puis mon cou. Je crois que je lui ai manqué.

- Moi aussi je chuchote.

- De quoi ?

- T'as très bien compris.

- Nan.. j'comprend pas là.. sois plus claire.

- Arrêtes..

- J'me suis mit à poil, c'est à ton tour maint'nant

Je penche ma tête sur le côté. Il abuse.

- Moi aussi je t'aime je chuchote en fermant les yeux.

Je les réouvre lorsque je sens les lèvres de Mathieu contre les miennes.

- Plus jamais de secrets alors il me dit.

- Et plus jamais de freestyle comme ça, hein.

- Ah ça j'peux pas t'promettre, bébé.