Nana

Chapitre 8

MIA
mercredi, 17h27.

Je soupire en regardant la carte. Il y a pleins de choses et je ne sais pas du tout quoi prendre. Je finis par commander une gaufre au nutella et Mathieu fait pareil. Il a bon goût, c'est un début.

- C'est quoi ton plat préféré ? il demande une fois que le serveur est parti.

- Les pâtes à la carbo de mon père.

- Genre ton père il cusine bien ?

- Ouais, de ouf.

- C'est son métier ?

- Non, il est médecin.

- Et ta mère ?

- Je la connais pas je réponds alors.

- Ah.. merde, scuse..

- Non mais c'est rien, t'inquiète. Elle est partie en Asie à la naissance de ma petite sœur et depuis pas de nouvelles.

- Ça te manque pas parfois d'avoir une mère ? Genre j'sais pas, t'es une meuf..moi ma petite soeur elle a toujours été plus proche de sa mère que de son père.

- Franchement non. Je l'ai pas connu alors elle peut pas me manquer. Tu peux pas avoir envie de retrouver quelque chose que tu connais pas.

Il hoche la tête, et je sais même pas pourquoi je raconte toute ma vie à un inconnu comme ça. C'est juste que je me sens en confiance avec lui, alors je réfléchis pas trop.

- T'es proche de ton père alors ?

- Ouais, j'hausse les épaules.

Il est mignon à s'intéresser à moi comme ça, mais moi aussi j'ai envie d'en savoir plus sur lui.

- Et toi, t'es proche de ta famille ?

- Ça dépend.. mes parents se sont séparés quand j'étais p'tit et je suis allé habiter chez ma grand-mère. Après mon père a eu plusieurs meufs et ma mère plusieurs gars...

- Et ils ont eu des enfants ?

- Ouais, mon père a eu mon petit frère et ma mère ma p'tite sœur.

- Et tu t'entends bien avec eux ?

- Avec les p'tits ouais, je les aime comme si c'était ma vraie famille, après les mecs de ma mère et les meufs de mon père je les calcule pas trop. C'est pas ma famille.

J'acquiesce lentement, sans trop savoir quoi dire. Comme pour le sauver, le serveur débarque avec nos gaufres à la main.

- T'as cours demain ? il me demande.

- Ouais, je fais huit heures, dix-sept heures..

- Chaud.. ça m'manque vraiment pas.

- T'as arrêté après le bac ?

- J'ai même pas eu le bac, il hausse les épaules en grimacant.

- T'as arrêté pour le rap ?

- Ouais, ça m'cassait les couilles, et quand j'ai vu que j'commençais à gagner de l'argent grâce aux concerts j'ai direct arrêté d'aller au lycée.

- T'as commencé à quel âge ?

- J'rap depuis tout p'tit mais mon premier concert j'avais 16 ans, c'était avec le Panama Bende, mon groupe de potes.

- Mais ça doit être fou de faire des concerts à seize ans.

- Ah j'étais refais, t'imagine même pas, c'était mon rêve de gosse.

J'acquiesce en souriant. Il est trop mignon quand il parle de rap. Je veux dire, il est déjà très mignon quand il ne parle pas, mais alors quand il parle de rap, c'est quelque chose.

- Faut que je rentre... j'annonce après avoir regardé l'heure sur mon téléphone.

- Vas-y, j'te ramène.

Il pose un billet sur la table, prends sa veste et se lève. Je me lève aussi et prends mes affaires avant de le suivre jusqu'a sa voiture.

Quand il s'arrête devant chez moi, je le remercie et descends de la voiture.

- Mia, attends j'entends alors.

Je me tourne vers Mathieu qui est accoudé à la portière de sa voiture puisqu'il a baissé sa vitre.
Je m'approche de lui, posant mes bras sur la portière et j'hausse un sourcil en le regardant.

- Si demain t'as du temps de libre.. tu m'envoies un message ?

Je souris et hoche doucement la tête, lui décrochant un sourire à lui aussi. Puis je me retourne et rentre rapidement dans mon immeuble. Dans les escaliers, je souris comme une folle en repensant à mon après-midi.

C'était trop cool, il est trop beau, trop gentil, trop drôle, trop intéressant. J'ai l'impression d'être dans une bulle. J'ai trop hâte de raconter ça à mes copines.

Je me lave et révise ma leçon d'espagnol dans le salon. Puis quand ma sœur rentre de la danse, je lui raconte mon après-midi avec Mathieu.

Et, en me couchant, mon cœur se met à battre beaucoup trop vite lorsque je vois la notification qui vient de s'afficher sur l'écran de mon téléphone.

De : jean.lvs

- soirée chez moi samedi, tu viens ?