Chapitre 39 : Poste à promouvoir

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Marine et Gabriel venaient tout juste de quitter le bureau du Président de la République. Ils marchèrent côte à côte, en silence. Pas un mot n'était échangé, du moins, jusqu'à ce qu'ils franchissent la porte du majestueux bâtiment de l'Élysée où l'air frais était comme une bouffée d'oxygène après ce moment sous apnée.

- Gabriel, tu es certain de ton choix ? Demanda doucement Marine.

- Ce n'était que le commencement d'un cauchemar, j'ai préfère me retirer de tout ça, sincèrement. Répondit doucement Gabriel.

Le véhicule de Marine l'attendait avec son chauffeur à l'intérieur, devant le portail de l'Élysée, elle l'invita donc naturellement Gabriel à monter pour le raccompagner jusqu'à son appartement.

- J'espère sincèrement que tu ne regretteras rien. Fit Marine doucement, assise à côté de lui.

- La seule chose dont je suis sûr, c'est que plus jamais je ne travaillerais pour cette ordure. S'exclama Attal.

- Si c'est ce que tu as décidé, Gabriel, tout le mérite est pour toi. Fit Marine d'un sourire compatissant. Tu as fais preuve d'énormément de courage, saches-le.

Gabriel relâcha la pression en soufflant doucement dans son coin. L'ancien Premier Ministre ne semblait pas réellement réaliser tout ce qu'il venait de se passer en à peine une heure de temps. Assis dans la voiture, il regardait le paysage défiler sous ses yeux. Il était comme absorbé par la ville lumière en regardant les passants marcher sur le trottoir, les véhicules qui circulaient sur la voie d'à côté. Chaque piétons qu'il dévisageait ignoraient qu'à cet instant précis, ils n'avaient plus de Premier Ministre pour gouverner la France. « Je me suis battu pour vous, j'ai vraiment fais tout mon possible. » se disait-il.

- Je ne suis plus le Premier Ministre. Chuchota inconsciemment Gabriel, plongé dans ses pensées.

Marine tourna sa tête vers Gabriel après l'avoir entendu murmurer quelque chose de presque inaudible. Elle vit sur le visage de Gabriel une larme s'échappait silencieusement sur sa joue. Elle était consciente de ce que venait de faire Attal. C'était un choix que bien trop peu d'hommes auraient eu le courage de faire. Beaucoup aurait accepté de subir que de renoncer à ce poste si prestigieux.

Malgré l'appartenance de leur famille politique opposé, et après tout ce qu'ils avaient vécu ensemble, Marine eut mal au cœur de voir Gabriel prendre enfin conscience que sa décision avait signé un aller sans retour. Au fil des jours, Marine s'est vue développer une immense affection de cet homme si attachant et intelligent. Elle regrettait même presque tous les conflits qu'ils avaient eu ensemble à l'Assemblée Nationale. Mais c'était le jeu. Les durs conséquences des lois de leur métier.

- Gabriel. Fit doucement Marine en posant sa main rassurante sur sa cuisse. Tu as fais un choix que peu de personne aurait eu le courage de faire et crois-moi que tu es digne d'être bien plus qu'un Premier Ministre.

Gabriel tourna lentement sa tête vers Marine, il lui avait fallu quelque seconde de réaction avant de comprendre ce que voulait dire Madame Le Pen. Un léger sourire venait de se dessiner sur son visage malgré la tristesse enfouie en lui.

- Tu veux dire que tu me verrais devenir Président de la République ?

Marine laissa échapper un doux rire. Elle le préférait nettement lorsqu'il souriait. Elle connaissait bien les compétences professionnelles de Monsieur Attal et savait que ce jeune homme, plein d'ambition, avait un immense potentiel pour aller très loin dans sa carrière.

- Pour ça, il faudra d'abord me battre aux prochaines élections présidentielles. Fit Marine sur une pointe d'humour.

Étrangement, et même après sa démission, Gabriel se sentait bien. Apaisé et soulagé d'un poids et d'une boule qui gardait en permanence dans son ventre. Tout ça était fini. Le dossier avait été balancé, la fraude de Stéphane dévoilé et l'écharpe de Premier Ministre, raccroché.
L'ex Premier Ministre retraçait dans sa tête le court chemin qu'il avait parcouru en tant que chef du gouvernement. Le travail acharné qu'il a tenu sans relâche pour l'amour de son peuple. Puis, la descente aux enfers. Les menaces, les coups et la violation de sa vie privée. Mais pour finir : Jordan.  Celui qui n'a pas hésité à demander de l'aide à la Présidente de l'Assemblée Nationale de son groupe. Celui qui a mis tout en œuvre sans une once d'hésitation pour venir à son secours en étant conscient des répercussions qu'il pouvait en courir. Celui qu'il l'a soutenu, épaulé dans ses moments de faiblesse. Celui qu'il l'a pardonné. Celui qu'il l'a aimait sans contrepartie. Mais surtout celui qu'il l'a aimait d'un amour encore inconnu de sa conscience.
Sans Jordan, il n'aurait jamais découvre cette femme au bon cœur, prête à aider son prochain. Cette femme qui était destinée à rester loin de lui de par leurs opinions politiques bien différentes. Marine avait été le point clé de sa délivrance. Rien que pour ça, il lui en sera éternellement reconnaissant.

Débat contre combat [Part. 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant