Débat contre combat [Part. 1]

Chapitre 44 : L'insurmontable

L'annonce du décès de sa sœur était devenu insoutenable, à tel point que Jordan ne voulait pas y croire. La réalité ne pouvait pas être aussi épouvantable. Jordan n'avait jamais imaginé vivre sans sa sœur jumelle, celle avec qui il avait grandit, vécu les bons et les pires moments. Son pilier le plus solide, son soutien inconditionnel dont il avait besoin même à l'âge adulte. Son cœur aurait voulu lâcher une nouvelle fois, comme sur la table d'opération mais cette fois-ci, la douleur n'était plus physique, elle était psychique.

- Je...je l'ai tué, Gabriel ! S'effondra Jordan en pleure, incapable de contrôler la moindre parcelle de son corps et son esprit.

- Tu ne l'as pas tué, Jordan... Craqua une nouvelle fois Gabriel en prenant son petit ami dans les bras. Ce n'est pas de ta faute... Chuchota-t-il.

Gabriel s'approcha pour le prendre dans ses bras. Jordan se laissa aller contre lui, ses larmes débordant sans retenue. Il enfouit son visage dans l'épaule de Gabriel, ses sanglots secouant tout son corps.

- Je n'ai pas vu la voiture d'en face... Murmura Jordan entre deux sanglot, la voix brisée. Je n'ai pas su la protéger.

Gabriel resserra son délicatement l'étreinte. Il caressa doucement ses cheveux. Jordan s'accrochait à lui comme à une bouée de sauvetage, cherchant dans cette étreinte un réconfort qu'il n'aurait jamais cru possible dans un tel moment.

- Tu ne pouvais rien faire, mon amour. Chuchota Gabriel qui tentait de se calmer pour rester fort et être un soutien infaillible pour son petit ami.

La douleur était bien trop puissante pour que Jordan puisse prononcer le moindre mot. Il était submergé par un torrent de culpabilité qui le broyait de l'intérieur. La culpabilité de l'avoir emmenée chez leur père pour qu'elle soit à ses côtés. La culpabilité de ne pas avoir suivi son instinct en s'arrêtant sur le bas-côté, attendant que la pluie se calme. Mais, surtout, la culpabilité d'avoir été au volant de cette voiture.

Chaque décision qu'il avait prise ce jour-là lui semblait être une erreur fatale. Il se répétait inlassablement : « Si seulement j'avais fait autrement, si seulement... » Les « et si » tournaient en boucle dans son esprit, comme un cauchemar dont il ne pouvait s'échapper.

Le poids de la responsabilité était écrasant. Il aurait tout donné pour revenir en arrière, pour changer le cours des événements, mais il savait que c'était impossible. La réalité, aussi cruelle soit-elle, était inéluctable.

Le visage de Jade, son sourire, sa voix résonnaient dans sa mémoire, et chaque souvenir ne faisait qu'amplifier sa peine. Jordan avait l'impression de suffoquer sous le poids de ses regrets.

- Je suis là, mon amour, je serais toujours là... Murmura Gabriel, impuissant face à la tragédie et l'émotion submergeante de son petit ami.

La matinée avait été bien plus difficile pour les deux amants qu'ils ne l'avaient imaginé. Chaque heure semblait étirer la douleur, rendant la réalité encore plus lourde à porter. Entre les silences pesants, les regards échangés pleins de tristesse et les larmes refoulées, ils se retrouvaient à lutter contre un chagrin insurmontable. Gabriel tentait de rester fort pour Jordan, mais même lui se sentait submergé par l'ampleur du drame.

Les mots semblaient inutiles, et pourtant, ils avaient besoin de se réconforter mutuellement, de partager cette épreuve ensemble. Chaque geste, chaque regard était une tentative d'apaiser la douleur, bien qu'ils savaient tous les deux qu'il faudrait bien plus de temps pour commencer à guérir.

Tous les deux plongeaient dans un silence aussi lourd que le chagrin lorsqu'un léger tapotement se fit entendre à la porte, suivi de son ouverture lente. Jordan tourna lentement la tête vers la porte en entendant le tapotement. Lorsqu'il vit Marine entrer, il resta figé, comme s'il peinait à la reconnaître à travers le voile de douleur qui l'engloutissait. Son regard croisa le sien, et il perçut immédiatement l'émotion qui la submergeait, les larmes qu'elle ne pouvait retenir.