❦-Eden (5)

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Une fois que le cours est terminé, je me précipite hors de la salle sans jeter un regarde en arrière. Deux gars tentent de me bloquer le passage mais je les bouscule et m'enfuis.

- Eh, la crevette, reviens ! je les entend crier au loin.

Il est déjà dix neuf heures et le dernier train passera dans peu de temps. Le crépuscule commence tout juste à tomber sur le campus, teintant le ciel d'un mélange pourpre et indigo.

La plupart des étudiants sont déjà partis, dehors il ne reste plus que moi et les ombres déformées des arbres. Une légère brise fait frissonner leurs feuilles ainsi que mes jambes nues. J'aurai dû mettre un collant aujourd'hui, le temps commence à refroidir.

L'impression d'être épiée est revenue. Je jette un coup  d'œil par dessus mon épaule mais rien, juste la lumière des lampadaires se reflétant sur le sol. A croire que sont les ombres qui me poursuivent.

Soudain, des bruits de pas rapides et réguliers, comme s'ils faisaient échos aux miens, se font entendre. Je m'arrête brusquement mais plus rien. Je me retourne et ne vois que le vide du chemin désert que j'ai emprunté pour me rendre à la gare.

La gorge sèche, j'avale ma salive et accélère le pas, plus tôt j'y serai, mieux ce sera. Je longe de vieux bâtiments qui ne doivent êtres habités que par des personnes âgées. S'il m'arrive quelque chose ici, je suis fichue, personne ne viendra m'aider.

L'obscurité est plus dense et mon cœur tambourine dans ma poitrine, le bruit de pas a recommencé. Je m'arrête de nouveau et me retourne rapidement. J'aperçois une ombre se faufiler derrière un arbre à quelques mètres de moi.

Comme si ça ne suffisait pas pour me faire paniquer, les lumières des lampadaires se mettent à clignoter. J'ai l'impression de me trouver dans un film d'horreur, sauf que moi, je n'ai pas signé pour ça.

Je recule d'un pas. Je fais quoi maintenant ?

Inconsciemment, je tourne les talons et commence à courir. Le souffle saccadé, je sors mon téléphone. Il faut que j'appelle quelqu'un mais qui ? Rosalind ne peut pas venir, elle a un dîner de famille. Ma famille ? Mon père se fiche certainement qu'il m'arrive quelque chose et ma mère est malade, elle peut à peine quitter son lit.

Alors que je continue  à courir, une ombre bouge dans mon champ de vision, à trente mètres devant moi, elle se dessine, grande et terrifiante. Je ne vois pas son visage, la ruelle est trop sombre.

Prise d'un élan de courage, je lui crie : 

- Qui est là ? Montre toi, sale lâche !

Aucune réponse. La silhouette ne bouge pas. Mon instinct me hurle de bouger de là mais je n'en fais rien, complètement paralysée.

Enfin, l'inconnu s'enfuit au loin et j'entend un rire de plus e plus faible et lointain.

Je suis sous le choc. Qu'est ce qu'il me voulait ? 

Mais avant même que je ne puisse bouger ou me remettre de mes émotions, mon téléphone se met à vibrer dans ma main. Un numéro inconnu.

J'hésite une fraction de seconde avant de décrocher, la voix tremblante.

- Allô...?

Silence. Puis une respiration profonde.

- Eden... Tu n'aurais pas dû t'en mêler..., murmure une voix basse et rauque.

L'appel se coupe brusquement. Je sens une sueur froide glisser le long de ma nuque.

- Eden ? une voix prononce de nouveau mon prénom.

C'est trop pour moi, cette soirée est un cauchemar.

Je me retourne en hurlant et frappe ce qui se trouve derrière moi.

J'entends un crac, indiquant que je n'ai pas loupé ma cible.

- Bordel ! C'est moi, Eliot !

J'ouvre les yeux et vois bel et bien mon ennemi se tenir devant moi, saignant du nez.

- Oh, je suis désolée ! Je-J'ai cru que tu étais un gars creepy...

Je m'empresse de sortir un mouchoir de mon sac et essuie le sang de son visage. Je lève les yeux vers les siens une brève seconde et vois qu'il me fixe. Ses yeux verts ont l'air de vouloir dire tant de choses... Doucement, j'approche ma main de son visage et recoiffe les mèches qui lui tombent sur le front.

Un vélo passant dans la ruelle nous fait revenir sur terre et on se décale l'un de l'autre. Eliot a l'air dérangé. En même temps, ce n'est pas tous les jours que la "meurtrière" de son frère lui touche le visage.

- Tu prends le train ? je lui demande afin de briser le silence gênant qui s'est installé.

- Oui mais je pense qu'on l'a loupé là... D'ailleurs comment ça se fait que tu ne sois toujours pas à la gare ? Tu es sortie la première tout à l'heure.

Je ne peux pas lui raconter que j'étais suivie, ça lui ferait trop plaisir.

- J'ai vu un chat sur le chemin, il fallait absolument que je lui dise bonjour, je lui répond en affichant un grand sourire.


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Nous sommes enfin arrivés à la gare. Faire le reste du trajet avec Eliot avait vraiment quelque chose de rassurant. Je ne me suis pas encore remise de la peur que j'ai eue tout à l'heure.

Qu'est ce que ce fou me voulait ? Me faire du mal ?

Heureusement pour nous, le train était en retard et nous avons donc pu rentrer à Worsley. Je crois que c'était l'un des trajets les plus étrange que j'ai pu faire. J'avais tellement peur que l'inconnu ne réapparaisse que je me suis assise à côté de mon voisin et je lui suis reconnaissante de n'avoir posé aucune question.

Nous sommes rentrés dans nos maisons respectives sans un mot et maintenant me voilà dans ma chambre. Je saute dans mon lit et mon chat, Misty, vient me rejoindre. Elle s'installe et s'endort rapidement mais je sais que je ne pourrais pas la rejoindre. Je ne vais pas réussir à dormir cette nuit.


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Fake ennemies to lovers be like.

Que pensez vous du personnage d'Eliot pour l'instant ? Un peu "étrange" non ?

Love ო ო ო


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Entre Luxe et SimplicitéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant