Entre Luxe et Simplicité

❦-Eden (9)

Depuis le trente et un octobre, les étudiants prennent de moins en moins en considération mon existence.

Je passe mes journées comme un fantôme, personne ne me voit, personne ne me parle. Je devrais être contente, pourtant, ça me fait encore plus mal.

L'ignorance est une bien plus horrible façon de blesser quelqu'un que des insultes.

Seuls Ash et Rosalind font exception. Ce midi, nous allons, tous les trois, tester un nouveau restaurant ouvert en centre ville.

Étonnamment Rose et Ash s'entendent à merveille depuis que je les ai présentés l'un à l'autre. Ils ont la même  aura d'enfant qui court partout.

Nous nous rejoignons au portail et nous dirigeons ensemble vers le bus.

Nous continuons notre route afin d'arriver au restaurant de spécialités indiennes.

- Je vous ai pas raconté, nous demande Rosalind, une fois installés autour d'une table.

- Qu'est ce que tu as fait encore ? je soupire.

- Peut être qu'elle a enfin décidé d'annoncer à Drake qu'elle a un chat alors que lui ne peut pas les supporter, plaisante Ash en m'adressant un clin d'œil auquel je réponds par un sourire.

- Très drôle, nous dit elle, sarcastique. Mais c'est faux, Drake est déjà au courant et ce n'est pas de sa faute s'il est allergique. Donc, ce que je voulais dire, c'est que j'ai enfin décidé que j'allais abandonner les cours de langues !

Je manque de m'étouffer avec ma boisson.

- Quoi ? Mais c'est super important si tu veux travailler dans le tourisme ! je m'exclame.

- Je sais, je sais, mais je vais prendre des cours à l'extérieur au lieu de ceux de l'université.

J'échange un regard avec le roux à mes côtés, il a l'air de ne pas comprendre non plus cette décision, mais nous décidons de ne pas poser plus de questions.

- D'ailleurs, je reprends la parole tout en piochant dans le plat de thali devant moi, j'ai enfin décidé que je veux travailler dans un ranch.

- Ah bah c'est pas trop tôt, s'exclame mon amie. Tu étais tellement indécise que j'ai cru que tu finirais à la rue.

- Quand même pas ! je m'offusque.

Nous continuons à discuter et à rire tout le long du repas, avant de chacun partir dans une direction différente, n'ayant pas de cours l'après-midi.

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Une fois dans le train, je connecte mon casque à mon portable. Queen of Disaster se jouant dans mes oreilles, je repose ma tête contre la vitre et contemple la nuit qui tombe déjà, à  à peine dix huit heures trente.

Le train roule paisiblement dans l'obscurité, ses lumières tamisées éclairent faiblement les allées et les sièges.

Je suis à deux doigts de m'endormir, bercée par le bruit régulier des roues contre les rails et le paysage nocturne devenant de moins en moins visible.

Soudain, un bruit strident retentit et le train ralentit brusquement, les lumières clignotant un instant avant de s'éteindre complètement, ne laissant que quelques veilleuse de secours allumées.

Je me redresse, apeurée et regarde autour de moi. Il n'y a personne dans le convoi, à part deux ou trois personnes à l'arrière. Je croise le regard inquiet de l'une d'entre elles. Eliot.