Aveu

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Richard Mabelthorpe et Sean Kilkavran arrivèrent en début d'après-midi à Galway. L'Irlandais avait raccourci leur temps de pause les deux jours précédant dans sa hâte de rentrer chez lui. Au lieu de s'arrêter dans la maison qu'il possédait, Sean préféra loger chez un ami. Moins d'une heure après leur arrivée, L'Irlandais présidait une assemblée d'une dizaine d'hommes, tous ennemis jurés des Bradenham.

— Depuis que nous avons appris votre fuite, nos messagers font le trajet jusque Dublin sans relâche. Nous avons multiplié nos informateurs sur place et nous en avons envoyé quelques-uns à Belfast, indiqua l'un des compliques de Kilkavran.

— Parfait. Et qu'en est-il de l'écosse ?

— Un petit groupe stationne à Glasgow. Nous avons reçu un courrier de leur part, hier. Ils n'ont rien signalé d'étrange. Du côté de Dublin, c'est la même chose. Le calme plat. Pourrions-nous nous être trompés ? Le marquis reste un homme intelligent. Il sait que vous êtes retourné en Irlande.

— Ou il n'a pas les moyens de s'attacher les services de quelque vermine supplémentaire, suggéra un autre homme.

Richard Mabelthorpe secoua la tête :

— Je ne pense pas. Oswald a quand même réussi à convaincre ces Irlandais d'agir à Londres et de me dénoncer. Même s'il est couvert de dettes, il dispose de soutiens importants. Néanmoins...vous êtes bien certain qu'il n'a missionné personne pour nous traquer ?

La réponse négative ne rassura ni le duc ni Sean Kilkavran. Ce dernier réfléchit quelques secondes en silence avant d'exposer son analyse :

— En réalité, ce n'est peut-être pas si étrange que cela. Le marquis, comme vous l'avez signalé, est loin d'être stupide. Je crois qu'il a choisi de préparer sa défense pour un éventuel procès. Sa priorité n'est pas de nous retrouver. De nombreuses rumeurs doivent circuler à Londres. Surtout depuis ma visite au Red's. Je l'ai publiquement accusé du meurtre de ma mère. Certains vont se poser des questions. Puis...certaines langues se délieront. Oswald doit se douter qu'un jour, je reviendrai pour requérir la justice.

— Il doit donc préparer sa défense, ajouta Richard Mabelthorpe.

— En effet.

— Que doit-on faire ? Envoyer d'autres hommes à Londres ? s'enquit celui qui avait lancé la discussion.

— Non. Nous maintenons le dispositif actuel. Je veux être informé de tout ce qui se passe à Belfast, Dublin et Glasgow. D'autres personnes m'informeront des mouvements du marquis dans la capitale. Nous ne devons pas relâcher nos efforts. Plus nous récolterons de renseignements utiles, plus nous aurons une chance de faire tomber Bradenham pour ses méfaits. O'Hagan et Ferguson, contactez les familles des politiciens qui ont lutté contre Edmond. Nous n'avons pas exploré toutes les pistes. Je veux connaître le moindre chantage, le moindre meurtre, la moindre disparition qui pourrait être relié de près ou de loin à cette immonde crapule, déclara Sean Kilkavran.

L'Irlandais consacra le reste de la réunion à définir les modalités pratiques pour l'exécution de ses ordres. Assuré du soutien de ses complices et de la mise en œuvre immédiate de ses consignes, il clôtura l'assemblée.

Lorsque tous les amis et complices de Kilkavran furent partis, il décida de s'entretenir avec Richard et leur hôte dans le petit salon. Pour une fois, le duc de Lymington accepta un verre de brandy. Le propriétaire de la maison, âgé de trente-huit ans et veuf depuis six ans, avait décidé de chercher une nouvelle épouse. Lorsqu'il confia son projet à Sean Kilkavran, ce dernier s'esclaffa :

— Tu détestes la vie mondaine. Comment vas-tu procéder ? En postant une petite annonce ?

— Pas du tout ! Pas plus tard que dans trois jours, je suis invité au bal que donnent les Osborne pour l'anniversaire de leur fils aîné.

{Sous contrat d'édition} Symphonie irlandaise (version roman)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant