Le plan

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Richard désigna sa redingote de la main :

— Je ne peux décemment me présenter avec vos vêtements demain soir chez Lady Swinsdale. Même si je suis devenu un paria, je suis le Duc de Lymington. Oh, n'y voyez pas un reproche sur la qualité de vos habits mais...

— Mais vous avez un certain rang à tenir. Je le sais, Richard. C'est pourquoi mon valet est parti récupérer une tenue adaptée chez vous. Il devrait être de retour dans une heure je pense. Je suis sincèrement désolé de vous avoir entraîné dans cette affaire contre votre gré. Je sais que vous êtes furieux contre moi mais votre famille étant en danger. Je devais réagir.

— Pourquoi ? Que vous importe le sort de ma mère et de mes sœurs ? J'ai l'impression que vous avez une dette envers moi. Je ne comprends pas, je ne vous connais pas.

— C'est le cas, Richard. Vous avez sans doute oublié. Cela remontre à une dizaine d'années. Je vous promets de vous éclairer à ce sujet plus tard. À présent, nous devrions nous concentrer sur la soirée de demain. Nous devons envisager que la réception ne se déroule pas comme prévu.

— Attendez ! Alors...nous nous connaissons ?

— D'une certaine manière, oui. Nous n'avions pas le même cercle d'amis naturellement. Mais...tout ceci est une longue histoire. Écoutez, je vous ai promis de vous en parler mais plus tard. Nous avons des problèmes plus importants à régler.

Richard frémit. Ainsi, il ne se trompait pas. Il avait déjà rencontré Sean auparavant. Lorsqu'ils n'étaient pas encore des hommes, à en croire ses dires. Quand ? Il ne parvenait pas à se souvenir. Pour tenter d'oublier son sentiment de malaise grandissant, le jeune homme se força à se concentrer sur la discussion :

— Que voulez-vous dire en indiquant que le bal ne se déroule pas comme prévu ?

— Oswald pourrait provoquer un scandale.

— Pour se venger de votre sortie au Red's je présume ?

— Exactement. Nous devons être en mesure de fuir les lieux aussi vite que possible.

— Vous imaginez qu'il pourrait requérir notre arrestation ? s'inquiéta Richard.

— Nous devons considérer toutes les possibilités.

Le Duc réfléchit quelques instants avant qu'un mot prononcé par l'Irlandais ne le fasse réagir :

— Quand vous évoquez une fuite, qu'entendez-vous exactement ?

Sean Kilkavran se tortilla légèrement sur sa chaise, mal à l'aise :

— Si Oswald s'en prend à moi, ou à vous, il est évident que nous ne pourrons plus rester à Londres. Et vous ne pourrez rejoindre l'une de vos propriétés. J'ai discuté de cette éventualité avec Lady Swinsdale. Et...hum...elle m'a aidé à élaborer un plan.

— Un plan ?

— Nous devrons faire croire à Oswald et ses amis que nous avons abandonné contre lui. Pour cela, nous n'avons pas le choix, nous devons quitter l'Angleterre.

Richard dévisagea l'Irlandais, ahuri :

— Vous...vous n'êtes pas sérieux ? Je ne peux pas abandonner ma famille. Je dois gérer les propriétés de mon père. Et...et ce serait un aveu de culpabilité. Avez-vous seulement songé aux répercutions pour mes sœurs ?

Sean Kilkavran soupira :

— Vous n'êtes plus en sécurité à Londres. Ni dans le Yorkshire, ni dans le Kent.

— Dans ce cas, vous ne verrez aucun inconvénient à ce que je parte pour Old Leake ?

— Je ne peux pas vous en empêcher en effet, grimaça l'Irlandais.

{Sous contrat d'édition} Symphonie irlandaise (version roman)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant