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XXVIII

Candy- Doja Cat

Gabriel se leva lentement, son corps lourd et ankylosé. La tête basse, il ressentait un mélange étrange de soulagement et de fatigue profonde. Mais ce répit fut de courte durée, balayé par un sentiment cinglant de regret lorsqu'il posa enfin les yeux sur la scène devant lui. Raphaël, allongé à côté de lui, dormait paisiblement, son visage caché dans les draps, tandis que seule une partie de son dos se dévoilait, sa musculature dessinée sous la lumière douce du matin.

Le regret s'insinuait dans chaque fibre de Gabriel. Est-ce qu'il le regrettait ? Probablement. Mais il savait, dans un coin de son esprit tourmenté, que pour se venger de Jordan, il devait faire des sacrifices, des compromis qui laissaient un goût amer dans sa bouche. Il inspira profondément, essayant de repousser l'image de ce qui venait de se passer.

Il se leva enfin, chaque geste alourdi par un mélange de honte et de résignation. En se dirigeant vers la cuisine, il ramassa un caleçon et enfila un jogging, essayant de couvrir rapidement son corps, comme s'il pouvait effacer la nuit passée. Mais rien ne pouvait étouffer ce poids qui pesait sur ses épaules.

Dans la cuisine, le silence régnait, seulement interrompu par le bourdonnement de la cafetière qui chauffait. Il se servit une tartine, cherchant à se raccrocher à la banalité des gestes du quotidien, mais son esprit vagabondait, prisonnier d'une lutte intérieure. Il ne pouvait s'empêcher de penser à Jordan. Peut-être qu'au fond, c'était lui qu'il attendait, ce souffle chaud dans son cou, ces mains sur ses hanches. Mais la réalité était bien différente.

Un frisson parcourut son échine. Les mains qui se glissaient sur ses hanches, cette chaleur contre sa peau... Il savait qui c'était. Son corps se raidit instantanément. Pas lui... pensa-t-il avec une exaspération sourde. Il n'avait pas besoin de se retourner pour comprendre que c'était Raphaël, son garde du corps, et non Jordan.

Il se retourna tout de même, le cœur battant plus fort qu'il ne l'aurait voulu. Raphaël le regardait, un sourire doux étirant ses lèvres, illuminant son visage avec une sincérité presque désarmante. Ce sourire le faisait craquer. Gabriel sentait ses joues s'empourprer malgré lui. Comment pouvait-il encore rougir dans une telle situation ? Une frustration brûlante le traversa.

« Me regarde pas comme ça... » murmura-t-il en détournant rapidement le regard, essayant d'échapper à ce piège dans lequel il semblait s'être lui-même enfermé.

Mais Raphaël ne lâcha pas prise. Doucement, il prit le menton de Gabriel dans sa main, l'obligeant à croiser de nouveau son regard. Cette proximité devenait suffocante.

« Te regarder comment ? » demanda Raphaël, sa voix teintée d'une malice tendre, jouant avec une intimité que Gabriel n'était pas prêt à assumer.

Gabriel serra les dents, luttant contre l'embrasement de ses émotions. Il savait très bien ce que Raphaël insinuait. Et c'était insupportable.

« Arrête... tu sais très bien de quoi je parle... » répliqua-t-il d'une voix faible, incapable de dissimuler son trouble.

Le sourire de Raphaël s'agrandit, et Gabriel sentit une chaleur étrange se répandre en lui, un mélange d'agacement et d'attirance qui le déstabilisait. Il ne savait plus où se situer, quel rôle il jouait dans cette scène.

« Tu sais que t'es mignon le matin ? » lança Raphaël, ses yeux rieurs observant chaque réaction de Gabriel.

Le rouge monta encore plus aux joues de Gabriel, qui se sentait pris au piège dans une dynamique qu'il ne maîtrisait plus. Mignon ? Comment pouvait-il oser le qualifier ainsi, lui, l'ancien Premier ministre ? Son orgueil blessé s'insurgea et il tenta de repousser Raphaël, mais sans la force nécessaire. Il le fit reculer légèrement, juste assez pour retrouver un peu de son espace vital.

Loin des yeux, près du cœur.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant