14 à 17

193 11 97
                                    

XIV

What you need- the weeknd

Le lendemain matin, les rayons du soleil s'infiltrent avec une insistance presque cruelle à travers les volets, frappant les paupières fermées de Gabriel. Ce dernier se réveille lentement, encore engourdi par les brumes du sommeil. Il ouvre les yeux avec difficulté, se frotte le visage d'un geste paresseux, et pourtant une étrange lourdeur pèse sur son cœur. Sans comprendre l'origine de ce malaise, il se sent misérable, vidé, comme si un poids invisible l'écrasait, l'empêchant de se lever.

Cependant, au moment où il décide de quitter ce cocon qui, il le réalise soudain, n'est pas le sien, une panique sourde s'empare de lui. Ses membres, encore alourdis par la fatigue, se figent. Son esprit, lui, virevolte, s'agite, cherchant désespérément un repère dans cet environnement inconnu. Ce lit... Ce n'était pas le sien. Pris d'une frayeur soudaine, il bondit hors de la chaleur réconfortante des draps, son cœur battant la chamade, ses mains tremblantes frôlant machinalement les plis du lit comme pour se raccrocher à une quelconque réalité.

Gabriel ouvre la porte avec précipitation, ses pensées en désordre. Le couloir devant lui semble s'étirer à l'infini, chaque pas résonnant dans un silence pesant. Il parcourt l'appartement, pièce après pièce, ses yeux scrutant chaque détail à la recherche d'un indice, d'une explication. Un sentiment de malaise le ronge de l'intérieur. C'est alors qu'en franchissant le seuil du salon, il s'immobilise. Son souffle se coupe net.

Sur le canapé, Jordan. Jordan, son rival, repose là, endormi, ses traits détendus par la quiétude du sommeil. En un instant, une vague de gêne foudroyante traverse tout le corps de Gabriel, une chaleur brûlante se répandant sur son visage. Il sent ses joues s'empourprer de honte, un frisson glacé remontant le long de son échine. Comment diable avait-il pu se retrouver à dormir ici, chez lui, chez jordan de toutes les personnes ?

Les battements de son cœur s'accélèrent alors qu'il s'approche doucement du canapé, comme attiré malgré lui par une force qu'il ne comprend pas. Jordan dort toujours, paisible, le visage empreint d'une douceur qui déstabilise Gabriel. Son regard ne peut s'en détacher. Pourquoi son cœur bat-il plus vite à ses côtés, et pourquoi aujourd'hui cette sensation est-elle encore plus intense, presque oppressante ? À cet instant précis, il semble que le temps s'arrête, suspendu à ces battements irréguliers, tandis que Gabriel, pris dans un tourbillon d'émotions confuses, laisse son regard errer autour de la pièce, cherchant à s'ancrer à quelque chose, à n'importe quoi.

Soudain, une voix endormie brise le silence :

"Déjà debout ?.."

Gabriel sursaute légèrement. Son regard se pose instantanément sur Jordan, dont les yeux à demi-ouverts trahissent un réveil encore timide.

"Euh... non, enfin oui ! Mais... orh...", balbutie Gabriel, totalement déconcerté, incapable de donner une réponse claire.

La confusion l'envahit complètement, sa tête lui tourne, et les mots semblent se dérober sous sa langue. Il sent sa gêne s'intensifier, comme si tout son être se liquéfiait sous l'embarras. Jordan, quant à lui, se met à rire doucement, amusé par la maladresse désarmante de Gabriel.

"C'est pas possible... je suis tellement gênant...", murmure Gabriel en se prenant la tête entre les mains, espérant désespérément disparaître derrière cette barrière de doigts, ses joues cramoisies trahissant une honte incommensurable.

"Oh, ça va, t'en fais pas... On peut en rire, non ?" rétorque Jordan, un sourire encore accroché à ses lèvres, visiblement bien plus à l'aise avec la situation.

Loin des yeux, près du cœur.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant