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XXIV

Who do you want- ex habit

Ses mains effleuraient ma peau avec une douceur infinie, comme si elles avaient été façonnées uniquement pour cela, pour découvrir chaque courbe, chaque imperfection, avec une tendresse presque irréelle. À chaque passage, elles éveillaient en moi un tourbillon de sensations, allant de la plus subtile des caresses à des frissons qui semblaient naître au plus profond de mon être. Chaque geste me plongeait dans une sensation de libération, une délivrance que je n'avais jamais imaginée possible. Mon corps, habituellement tendu, soumis à une vigilance constante, se détendait progressivement, se dénouait comme un fil que l'on relâche après l'avoir maintenu trop longtemps sous pression.

Il y avait quelque chose de magique dans l'harmonie de nos mouvements.
Une symbiose si parfaite qu'elle semblait défier le temps, l'espace, et même la réalité. C'était comme si nos deux corps s'était fondus l'un dans l'autre, comme si nous n'étions plus que deux âmes errantes qui, enfin, avaient trouvé leur point d'ancrage, leur raison d'exister. Une fluidité indescriptible nous portait, chaque mouvement guidé par une connaissance instinctive, une reconnaissance mutuelle qui allait bien au-delà des gestes physiques. Dans cette fusion, il n'y avait ni hésitation, ni retenue, comme si chaque seconde nous appartenait pleinement, à nous seuls.
Les vagues de sensations qui parcouraient mon corps, déclenchées par ses doigts explorateurs, créaient une marée montante de plaisir qui menaçait de me submerger. À chaque contact, je sentais mon esprit vaciller, se perdre un peu plus dans cet océan de sensations. Mes mains, elles, s'égaraient dans ses cheveux, cherchant désespérément un ancrage, une prise dans une réalité qui me glissait lentement entre les doigts.
C'était un besoin instinctif de ne pas sombrer complètement, de garder une parcelle de contrôle aussi mince soit-elle, dans cette tempête sensorielle.

Le silence qui nous entourait n'etait pas un vide, mais une toile sur laquelle se peignaient nos respirations, nos soupirs à peine perceptibles. C'était une mélodie secrète, une symphonie intime qui accompagnait chaque geste, chaque mouvement, traduisant l'intensité brute du moment. Ce silence était le miroir de ce qui se passait entre nous, un espace sacré où aucun mot n'était nécessaire, où tout se comprenait par le simple contact de nos peaux, par la synchronisation de nos souffles. Ce silence était devenu l'écho de notre communion, un témoin invisible de la profondeur de ce que nous vivions.

Et pourtant, au fur et à mesure que mon corps s'abandonnait, que mes sensations prenaient le dessus, quelque chose en moi commençait à se déliter.
Mon esprit, si clair, si maître de lui-même dans le quotidien, semblait s'effacer peu à peu, comme un nuage qui se dissipe lentement au gré du vent.
Il se retirait doucement, laissant la place à cette vague de sensations , à ce flux incontrôlable de plaisir et de perte de contrôle. Ce n'était pas une disparition totale, mais plutôt une étrange distanciation. Comme si mon esprit, autrefois ancré dans chaque geste, flottait maintenant à la surface, observant de loin une scène qu'il ne contrôlait plus. Il n'était plus l'acteur, mais le spectateur passif d'un corps qui vivait sans lui.

Cette dissociation, cette impression de flotter loin de moi-même, m'était familière. Je l'avais déjà ressentie, dans des moments de stress, de fatigue extrême, ou même de perte de repères.
Mais cette fois, elle était différente. Plus profonde, plus intense, plus déroutante.

Elle n'était plus simplement une réponse à un excès d'émotion ou à une surcharge sensorielle; elle était une part intrinsèque de l'expérience que je vivais. À chaque seconde, je sentais une partie de moi se détacher, comme si mon essence, mon être même, s'effilochait petit à petit, s'échappant dans un espace que je ne comprenais pas.

Et paradoxalement, au cœur de cette fusion, une solitude grandissait en moi.
Une solitude inexplicable, presque dérangeante. Malgré la parfaite harmonie de nos corps, malgré la synchronisation de nos gestes, je sentais un vide grandir en moi, un gouffre intérieur qui m'aspirait doucement. C'était comme si, dans cette fusion, je perdais non seulement le contrôle, mais aussi une part de moi-même. Une solitude silencieuse, sourde, qui s'installait au plus profond de mon être, comme une ombre que rien ne pouvait éclairer.

Loin des yeux, près du cœur.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant