Il regarde l'inconnu de dos. Il plisse les yeux sur cette silhouette noire couchée dans son lit ; tout devient flou.
— Ça va ? demande-t-il.
— Oui.
Il inspire comme pour ajouter quelque chose, mais referme la bouche. L'inconnu a entendu, il tend l'oreille :
— Quoi ?
— Tu... Tu ne dois pas être gêné. Et puis, c'est moi qui t'ai proposé de dormir ici.
— Je sais.
— Tu ne veux pas te retourner ?
— Non.
— Pourquoi ?
— Je ne veux pas te voir. Je ne veux pas que tu puisses me regarder.
— Pourquoi ?
— J'ai honte.
— ...
— ...
— C'est qui, ceux qui t'ont frappé ?
— Des gens à qui mon père doit de l'argent.
— Pourquoi ils s'en sont pris à toi et pas directement à lui ?
— Mon père ne sort jamais.
— Il est malade ?
— On peut dire ça comme ça.
— ...
— Il boit pour oublier... sa maladie, je suppose.
— Lui aussi, il te frappe ?
— Parfois.
— Pourquoi ?
— Je ne sais pas.
— Ça va ?
— J'ai mal.
— Tu ne veux pas te retourner ?
— Non.
— Retourne-toi.
La silhouette noire se retourne ; elle pleurait.
VOUS LISEZ
Recueil sans thème
De TodoDes textes que j'ai écrits quand j'avais la haine, que je t'aimais, tu me tenais par les yeux et je te regardais au milieu de tous ces gens ; j'ai écrit ces phrases sur des feuilles, dans ma tête, parce que je ne voulais pas que leurs mots s'envolen...