𝟹. 𝙱𝚞𝚛𝚗𝚒𝚗𝚐 𝚂𝚗𝚘𝚠.

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Bonjour, bonsoir !🌺🔪






« Un même cauchemar donne une leçon au méchant et renseigne le bon. »
-Alden Nowlan




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𝚂𝙴𝙿𝚃𝙴𝙼𝙱𝙴𝚁.☔️





Rode.





La tristesse. C'est comme un océan, sans vie, sang fin, aux vagues qui se dressent et qui engloutissent. L'air n'est plus, l'eau t'habite, le vent ne souffle plus, les courants te refroidissent.

Atteindre les profondeurs, c'est toucher le fond. Trouver un ancrage à un rocher, presser sans hésitation sa trachée. Ne plus respirer, suffoquer, et voir le monde.

La vie qui nous entoure, nos personnes bien-aimées, la boucle se répétant, la boucle n'en finissant.

Une fois son repos atteint, la surface est à demain. Il faut nager, jusqu'à s'épuiser, puis frôler la lumière, filtrée à travers ces eaux troubles d'hiver. Un doigt hors du flot, c'est le monde qui s'offre à toi.

Mais seulement, en croyant au bonheur, le malheur te rattrape et te fixe : aucune joie n'existe, la déception règne en maître sur ta vie.

La tête face au ciel, le vent glaçant ta chair, une nouvelle vague t'emporte plus intensément.

Et cette fois-ci la chute est pire. Tu retombes plus bas, dans les abysses. Ton pied se retrouve coincé dans le vide, ta gorge à nouveau comprimée, tu devines que c'est une fin parmi tant d'autres.

Parce que cette échappatoire est connue. C'est celle que tu fais chaque nuit, alors que le rêve devrait jouer comme une lyre. Alors que l'imagination devrait se tenir.

C'est ta boucle, même si tu ne l'as pas choisie. Elle prend existence en toi, en tes pensées de cauchemars, en la place qu'elle t'as trouvée, dans un monde où le rêve est réalité mais dans lequel l'aversion est un quotidien.

Dans un univers où la tristesse t'es innée. De laquelle tu ne peux te débarrasser.

Mes yeux s'ouvrent, une chair de poule intense m'envahit, je me redresse dans mon lit, en replaçant correctement ma couverture sur moi.

Je perçois le son d'une fenêtre dilapider, je me rallonge, une chaleur naissant dans mon dos, par-dessus mon drap, me réchauffant de mes sueurs froides. Des mains viennent s'attacher autour de mon ventre.

Je ne me retourne pas, je sais de qui il s'agit. Ses cheveux sont sûrement décoiffés et son esprit complètement révulsé, je tente de camoufler l'eau qui a humidifié mon visage, mais c'est sans doute, d'un effort inutile.

Sa respiration est intense et chaude, signe qu'il sort d'un immense sommeil, qu'il avait atteint une profondeur inexploitée. J'en déduis que je l'ai percé de sa torpeur.

Les doigts de mon frère essuient les larmes qui m'ont échappé. Ma respiration est lourde, la sienne me protège de tous les démons qui planent autour de nous.

— Encore ce rêve ? m'interroge-t-il en soufflant d'épuisement. J'ai entendu tes braillements de l'autre bout du couloir.

Au plus profond de moi, je le sais pertinemment.

Je clos mes paupières. Des années plus tard, on a conservé cette minable habitude. Enfin, ça a toujours été de son côté. Mes cauchemars sont récurrents, et c'est lui qui vient me consoler alors qu'il fait nuit et que le soleil n'est toujours pas levé.

SMOKEMINDOù les histoires vivent. Découvrez maintenant