12: Cours de Surf à 2

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Les jours suivants se déroulèrent sous le signe d'une douce routine. Elias et Gabriel trouvaient leurs marques, partageant leurs matins ensoleillés et leurs soirées tranquilles comme si cela avait toujours été ainsi. Mais sous la surface calme, des tensions invisibles se mêlaient aux vagues. Gabriel ressentait encore ce poids, cette difficulté à lâcher prise complètement, même s'il faisait des efforts pour se détendre. Et Elias, avec son sourire patient, savait qu'il fallait avancer doucement, sans brusquer les choses.

Un matin, alors qu'ils savouraient leur café sur le balcon, Elias lança une idée qui surprit Gabriel.

— Et si on prenait un cours de surf ? demanda-t-il, les yeux pétillants.

Gabriel manqua de s'étouffer avec sa gorgée de café.

— Du surf ? répéta-t-il, incrédule. Mais... on ne sait même pas faire.

Elias rit, amusé par la réaction de Gabriel.

— Justement, c'est l'occasion d'apprendre. Il y a une petite école pas loin de la plage. On pourrait y aller ensemble. T'as dit que tu aimais jouer dans les vagues, non ? Alors pourquoi pas essayer de les chevaucher ?

Gabriel ouvrit la bouche pour protester, mais il se retint. L'idée le rendait nerveux, c'était vrai. Il n'était pas particulièrement confiant en ses capacités, et l'idée de se retrouver maladroit, trempé et vulnérable face aux vagues ne l'enthousiasmait pas. Mais en regardant Elias, il vit cet éclat dans ses yeux, une lueur d'encouragement et de défi, comme s'il lui disait : "Tu peux le faire. Je serai là."

— Bon, d'accord, finit-il par céder, avec un soupir résigné. Mais si je me noie, tu seras responsable.

— Promis, je te sauverai, répondit Elias en levant la main comme pour jurer. Mais je te parie que tu vas adorer ça.

Le lendemain matin, ils se retrouvèrent donc sur la plage, en face de la petite cabane de location de surf. Le soleil se levait à peine, teintant le ciel de couleurs pastel, et une légère brise venait de la mer, rendant l'air frais et vivifiant. Elias était visiblement excité, un sourire espiègle aux lèvres, tandis que Gabriel jetait des regards anxieux vers les planches de surf posées sur le sable.

Leur instructeur, un homme d'une trentaine d'années avec un sourire chaleureux, les accueillit et leur expliqua les bases avec une patience qui apaisa légèrement Gabriel. Ils s'entraînèrent d'abord sur le sable, apprenant comment se tenir sur la planche, comment garder l'équilibre. Elias semblait s'amuser de la maladresse de ses propres gestes, riant à chaque fois qu'il perdait l'équilibre, tandis que Gabriel luttait pour rester concentré, la tension visible dans ses épaules.

Puis vint le moment de se jeter à l'eau. Elias y alla en premier, avec enthousiasme, pagayant vigoureusement vers les vagues, tandis que Gabriel le suivait, plus hésitant. Les premières tentatives furent loin d'être glorieuses. Elias tombait à chaque fois, éclatant de rire avant de remonter sur sa planche, infatigable. Gabriel, de son côté, se retrouvait systématiquement projeté dans l'eau, luttant pour reprendre pied à chaque chute. Pourtant, il y avait quelque chose d'étrangement libérateur à cela : la sensation de l'eau fraîche sur sa peau, le goût salé sur ses lèvres, et le rire d'Elias qui semblait chasser ses craintes comme les vagues balayent le sable.

Après plusieurs essais infructueux, Gabriel s'assit un moment sur sa planche, laissant son corps flotter doucement sur les vagues. Elias le rejoignit, glissant à côté de lui.

— Ça va ? demanda-t-il doucement, voyant l'expression concentrée de Gabriel.

— Oui, répondit Gabriel en hochant la tête, essuyant l'eau de son visage. C'est juste... plus difficile que je pensais.

Elias se tourna vers lui, souriant.

— C'est normal, au début. Mais tu sais, ce n'est pas grave si tu tombes. L'important, c'est de remonter sur la planche. De continuer à essayer.

Gabriel resta silencieux, absorbant ces mots. Elias parlait du surf, c'était évident, mais il y avait quelque chose de plus profond derrière cette simple leçon. C'était un encouragement, une invitation à ne pas se laisser décourager par les vagues, que ce soit celles de la mer ou celles de ses propres peurs.

— D'accord, murmura-t-il finalement. Je vais essayer encore.

Ils restèrent là quelques instants, se balançant doucement sur les vagues, puis Elias proposa un dernier essai avant de faire une pause. Gabriel acquiesça, déterminé, et ils se lancèrent ensemble, pagayant côte à côte. Cette fois, Gabriel sentit une nouvelle assurance monter en lui, et quand il se redressa sur la planche, il parvint à rester debout plus longtemps que jamais auparavant. La sensation était euphorique, même si elle ne dura que quelques secondes avant qu'il ne retombe dans l'eau.

Quand il émergea à la surface, le visage ruisselant et les cheveux plaqués par l'eau salée, Elias l'attendait avec un sourire radieux, applaudit et siffla.

— C'était incroyable ! s'écria-t-il, nageant vers lui pour lui donner une tape amicale sur l'épaule. Tu vois, tu peux le faire !

Gabriel se mit à rire, se sentant soudainement plus léger. C'était peut-être une petite victoire, mais elle signifiait beaucoup pour lui. Ils regagnèrent le rivage, épuisés mais heureux, et décidèrent de s'allonger sur le sable, leurs planches à côté d'eux.

Le soleil avait grimpé dans le ciel, et ses rayons réchauffaient agréablement leurs peaux encore mouillées. Gabriel ferma les yeux, se laissant bercer par la sensation de la chaleur et du sable sous lui. Pour la première fois depuis longtemps, il se sentait capable de relâcher sa garde, de simplement être présent dans l'instant.

— Merci de m'avoir poussé à essayer, murmura-t-il finalement, sa voix un peu plus douce, comme s'il n'avait pas besoin de forcer pour être entendu. C'était... bien. De faire quelque chose de nouveau.

Elias tourna la tête vers lui, un sourire tendre sur les lèvres.

— Tu sais que je suis là pour ça, Gabi. Pour te faire sortir de ta zone de confort, mais aussi pour être là si tu as besoin de t'y réfugier. On fait ça ensemble.

Gabriel ouvrit les yeux, croisant le regard sincère d'Elias. Il se sentait profondément touché par ces mots, et il comprit que ce moment sur la planche de surf n'était pas simplement une activité, mais une sorte de symbole. Celui de son désir de se battre contre ses propres peurs, de remonter à la surface, encore et encore, jusqu'à ce qu'il trouve son équilibre.

— Ensemble, murmura-t-il en retour, un sourire timide mais sincère étirant ses lèvres.

Ils restèrent là, allongés sur le sable, laissant les vagues chuchoter leurs secrets à leurs pieds, comme si la mer elle-même bénissait leur promesse silencieuse. Le monde autour d'eux continuait de tourner, mais pour l'instant, ils étaient seuls dans cette bulle de calme et de complicité. Le soleil, haut dans le ciel, semblait leur promettre encore d'autres aventures, d'autres défis, mais aussi des moments de paix, de douceur, et de partage.

Et Gabriel savait, au fond de lui, qu'il était prêt à les affronter. Parce que cette fois, il n'était plus seul.

Entre Ombres et LumièresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant