Amour, fous rires et quiproquos

Chapitre 9

 – Mon Dieu ! Ce cookie est... divin !

– Meilleur qu'un rencard avec un barbu ? lui demandé-je.

– Bien meilleur ! Champion toutes catégories confondues.

Camille vient tout juste de poser ses valises dans l'entrée et s'attèle déjà au comptoir de la cuisine pour déguster les gâteaux de mamie Geneviève. Cette dernière prépare une autre fournée, ravie de déclencher une telle explosion de joie dans son antre.

– Quand tu auras trouvé le bon partenaire, mes cookies se retrouveront sur la seconde marche du podium, lui dit-elle dans un clin d'œil.

– Impossible.

– Henri surpassait n'importe quel plaisir culinaire, clame-t-elle avec fierté.

– Quel homme !

– Qui occupait la seconde place ? l'interrogé-je, curieuse.

Mamie réfléchit un instant.

– Le crumble de chez Brigitte, une vraie tuerie gustative.

– Comment peut-on comparer de la nourriture à...

– Du sexe ? complète Camille sans aucun filtre.

– De l'amour, corrigé-je.

– Tu es trop fleur bleue, Chloé.

– Et toi, pas assez.

– Les deux libèrent de l'endorphine, voilà pourquoi, répond mamie en posant devant nous une nouvelle assiette pleine à craquer.

– Comme le sport, interviens-je. C'est plus sain et moins risqué.

– Et terriblement ennuyant.

– Le sexe, c'est du sport, et pas qu'un peu ! renchérit mamie.

J'écarquille les yeux de surprise.

– Je sens que vous avez des choses à m'apprendre, lui dit Camille des étoiles plein les yeux.

– Je répondrai à toutes tes questions, que veux-tu savoir ?

– Stop ! m'exclamé-je. Je refuse d'entendre un mot de plus sur le sujet.

– Tu devrais pourtant, il faut écouter les anciens.

– Justement, on ne parle pas de ça avec des anciens ! Il s'agit de ma grand-mère.

– Et comment crois-tu qu'elle le soit devenue, Chloé ?

Je me bouche les oreilles et ferme les yeux, empêchant qu'une image dérangeante prenne soudainement vie dans mon esprit imaginatif.

C'est alors que Camille me saisit la main et la décolle.

– Ton téléphone sonne !

Je jette un œil sur l'écran, stressée de voir apparaitre le prénom Alexandre. Le numéro s'affiche comme « inconnu ».

– Allô ?

– Ils dorment à l'hôtel.

– Liam ?

– Vous avez entendu ?

– Votre numéro est caché.

– Pour un détective privé, c'est étonnant.

– Je sens une pointe d'ironie dans votre voix.

– Vous êtes perspicace à défaut d'avoir de la jugeote.

Camille fait les gros yeux. La voix de Liam est si forte qu'elle entend ses mots sortir du téléphone, à l'instar de mamie Geneviève qui n'en perd pas une miette. Elle est accoudée au comptoir de la cuisine, l'attention aux aguets, comme si elle assistait à un spectacle de rue.