Ma mère m'a toujours appris a se méfier des inconnus et particulièrement de ceux qui parlent. En revanche, elle n'a pas parlé d'un voleur de feuilles dans le jardin et ce qu'on peux faire dans ces cas là. D'ailleurs, où est ma mère ? Pourquoi ce soir est-il si étrange ? Est-ce que j'ai mangé des brownies par hasard, pris de la drogue ? Non, je ne serais pas aussi lucide sinon. Les visites dans les hôpitaux doivent être fermés maintenant. A force de réfléchir, je vois aussi clairement qu'au fond d'une grotte. Je prend mon courage a deux mains et je fonce vers le tueur de petit garçon.
— Vous êtes qui ?
Il soulève alors le manche de son râteau au dessus de ma tête et j'ai a peine le temps de faire un roulé boulé sur le gazon pour lui échapper. Une fois hors de portée, le type continue de hurler dans le jardin des menaces.
— Partez immédiatement ou j'appelle la police ! Sale gamin, tu vas voir ce que je vais te faire !
Je cours comme un dératé, comme un fou, directement jusque chez mon ami Dean. Au dessus de sa maison, la lune s'est levé et je vois clairement son jardin. Un nain de jardin me regarde avec un sourire narquois au dessus de la tombe du chien de Dean. La petite croix semble briller mystérieusement au clair de lune. Je me baisse pour prendre un caillou et je le jette a sa fenêtre qui s'ouvre deux minutes plus tard. Dean est habillé d'un pyjama avec une capuche, genre grenouillère pour ado et deux oreilles de chat lui donne un coté comique.
— Matthew ! Ça va pas de te pointer chez moi a une heure pareille ? Tu es devenu fou ou quoi ?
Je chuchote comme lui pour ne pas réveiller ses parents dont la chambre est plongée dans le noir.
— Dean, il se passe des trucs bizarres chez moi. Je suis mort de trouille.
« Je suis mort de trouille » est vraiment le genre de trucs que tu dis quand il y a plus rien d'autre qui te passe pas la tête mais tu sais que tu vas faire honte à tes amis. Je n'en avais qu'un. Ça avait l'avantage d'être facile.
— Quoi ? Non ! Tu ne rentres pas avec tes chaussures pleine de boue. Ma mère va être furax. C'est quoi ce truc rouge qui brille sur ta main ?
— Hein ? Quoi ?
— Allez ! Je t'ai bien eu !
Je prend trente secondes pour comprendre qu'il blague.
— Monte sur l'échelle, me souffle t-il.
En fait, a vrai dire, ce n'est pas vraiment une échelle mais un bout de bois pourri qui a l'avantage d'être escabeau, lit de camp et servir pour entourer le barbecue. C'est donc sur cet échafaudage fragile que je grimpe en évitant les cloques noirs sur certains endroits du bois.
Une fois en haut, il ramène l'échelle dans sa chambre et ça fait badaboum.
— Qu'est-ce qu'il t'arrive ? Raconte moi tout. Donne moi une bonne raison de m'avoir réveillé
— Je crois que j'ai vu un zombie et que ma mère est morte mais elle est introuvable à l'hôpital.
— Attends ? Un zombie ? Elle a quoi ta mère ?
Je lui raconte tout. Il fronce de temps en temps les sourcils et mâché du pain qu'il a caché dans ses slips (lavés).
— Mm... t'en veux ? propose t-il a ma troisième phrase.
— Non merci, ça ira.
A la fin de mon histoire, il se frotte les mains et cherche un bout de chocolat dans sa chaussette (lavé aussi). Ses parents veulent qu'il fasse un régime. Ça explique tout.
— Mm... mm... je t'invite a dormir chez moi à une condition.
Méfiant, je demande laquelle.
— On va retrouver ta mère. Tu sais que ma mère connaît ta mère qui connaît le chien de ta grand-mère qui connaît la souris du chat qui connaît un repère.
— Un repère ? Non, sérieux.
— On va se poster dans l'arbre de tes voisins. Mme comment déjà ? Stanecome ?
— Staneback !
— Elle est chez elle ?
— Je sais pas.
— Bon.
Il s'essuie les mains sur son pantalon.
— Allons-y, mon pote.
Je lève ma jambe pour enjamber le rebord de fenêtre.
— Minute, il nous faut un plan. Et avant, je te promets une soirée d'enfer. Fais une liste.
Je le regarde en relookant sa tablette de chocolat au passage.
— Une liste de quoi ? je demande tandis que je fais glisser ma main sur le carré de chocolat qui ressort.
— De ce que tu veux faire.
Il plaque sa grosse patte sur la mienne.
— Pas touche a mon chocolat. Tu sais combien j'ai économiser pour l'avoir ?
Non et je m'en fiche.
— Je l'ai trouvé dans une poubelle !
— Ah ! En effet ! Tu peux le garder.
— Merci, dit-il sans capter mes pensées. T'as toujours été généreux.
Il me tend une feuille arraché d'un de ses cahiers de cours.
— Tiens, tu te rappelles ce fromage fondu qu'on avait trouvé sous un pneu.
Ouais, je m'en souviens très bien.
— Il avait un drôle de goût, du genre...
Tu m'étonnes !
— C'est bon ! J'ai compris.
— T'as un stylo ?
Il me regarde d'un air ahuri, la tête dans des nuages de fromages.
— Un stylo ? Oui, tiens, dit-il en me jetant un énorme stylo feutre bleu.
J'écris :
« Retrouver ma mère »
Il ajoute deux traits :
« Tomber amoureux d'une fille.
Coucher avec une fille avant la fin de la soirée. »
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Une fille populaire x Un garçon solitaire x Un meilleur ami = Une soirée lycée
Teen FictionUne soirée lycée d'enfer pour Matthew à New York : 16 ans, lycéen, sans petite amie, solitaire... Les paris : embrasser une fille populaire, coucher avec une fille... Ils finissent par se rendre à une soirée où le meilleur et le pire peuvent se côt...