Chapitre Premier : L'Empire Ancestral - Partie 2

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Un grondement sourd éclata au loin. Un orage ? Étrange, pensa Mya avachie sur son bureau, la météo annonçait du beau temps. Les prévisions météorologiques de l'Empire sont toujours exactes. Et puis, l'atmosphère ne recélait pas cette odeur si particulière, emplie d'humidité qui, généralement, accompagne la pluie. Le bruit laissa place au silence. Dévandra avait interrompu son cours, juste un instant, mais assez pour que l'oreille distraite de Mya le remarque. Quelque chose n'allait pas. Jamais la dirigeante de l'Empire ne se serait laissée interrompre par le tonnerre.

— Quelques temps avant la Grande Séparation, un mal inconnu frappa divers villages à travers les mondes. Aucune race n'était épargnée. Des groupes d'aventuriers se formèrent, cherchant une solution. Beaucoup furent...

Dévandra s'interrompit, pour de bon cette fois. Sa mine s'assombrit. À travers les fenêtres, des éclairs s'abattaient à répétition. Ils déchiraient le ciel, l'éventraient presque, laissant derrière eux des trainées noires persistantes. Ce n'était pas naturel. Elle jeta un dernier regard à Mya, lui intimant de rester là, silencieuse, et sortit de la pièce. La princesse Ancestrale aurait voulu se lever, hurler, réclamer des explications. Mais un sentiment qu'elle n'avait jamais connu jusqu'alors la clouait sur place. Elle était pétrifiée de peur. La ville de L'Odyssée, son doux cocon, à l'intérieur duquel rien ne pouvait l'atteindre, ne lui paraissait plus aussi sûr.

Isis surgit. Elle mordillait sa lèvre inférieure. Son regard trahissait la terreur qui l'emplissait, mais elle faisait bonne figure devant Mya. Elle ne pouvait pas s'effondrer devant la jeune Tamashi.

— Suis-moi Mya, nous devons te mettre à l'abri.

— Je... Que se passe-t-il ?

Un râle sourd s'éleva des fondations du Palais alors que le sol tremblait. Les murs craquèrent. Le plafond se fissura et un pan menaça de s'effondrer à quelques mètres de Mya.

— Nous n'avons pas vraiment le temps de nous attarder ici pour les explications, la pressa Isis. Nous subissons une attaque d'une violence sans précédent. Ici, tu es en danger.

— Je croyais que le Palais était le lieu le plus sécurisé de tout l'Empire Ancestral, s'étrangla Mya.

— Oui. Et ce n'est pas suffisant. Ce n'est pas au sein de l'Empire que tu vas devoir te réfugier.

Tout en évitant les éboulements, les deux femmes étaient parvenues à se faufiler jusqu'aux jardins du Palais. Là même où, quelques heures auparavant, Mya avait tant bien que mal essayé de se faufiler pour échapper à l'ire de Dévandra.

— Que veux-tu dire quand tu dis que je ne vais pas me refugier au sein de l'Empire. Vous ne venez pas ? Et où m'envoyez-vous ?

— Notre place est ici, à diriger et protéger les habitants. Mais nous devons nous assurer que tu ne tombes pas aux mains de nos ennemis.

— Qu'est-ce qui pourrait me rendre plus importante que les dirigeants de l'Empire.

— Je... Je suis désolée Mya. J'aimerais tellement... Mais je ne peux rien te dire. Il n'est pas l'heure.

À toute allure, elles dévalèrent les marches qui conduisaient à la haute-ville. Le spectacle qui s'offrit alors à Mya s'imprima à jamais dans sa mémoire. Et il n'était rien comparé à ce qu'elle allait voir par la suite. Des tuiles brisées jonchaient les rues alentour. Certains bâtiments s'étaient carrément effondrés. Leurs murs effondrés pareils à la gueule béante d'une charogne. Mais surtout un silence, tellement pesant qu'il en devenait assourdissant. Habituellement, la haute-ville était remplie du bruit des nobles qui s'y promenaient. Là, pas même un gazouillis d'oiseau. Rien d'autre que l'odeur de l'effroi.

Les Fresques Ancestrales : L'ÉlueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant