𝐁eyond the Lens - b.e

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Le lendemain matin, Ellie se réveilla doucement, prenant soin de ne pas faire de bruit. Elle se redressa dans le lit, jetant un coup d'œil vers Kate, encore profondément endormie, ses traits marqués par la fatigue et les émotions de la veille. Ses cernes témoignaient de ses pleurs nocturnes. Ellie soupira, le cœur lourd pour son amie. Elle décida de ne pas la réveiller tout de suite, lui laissant un peu plus de temps pour se reposer.

Avec des gestes lents, Ellie quitta le lit et attrapa une veste, veillant à ne faire aucun bruit. Elle évita soigneusement d'ouvrir les rideaux, consciente que la lumière pourrait agresser les yeux encore sensibles de Kate. Fermant délicatement la porte derrière elle, Ellie partit chercher de quoi leur offrir un petit-déjeuner qui redonnerait un peu de force à son amie.

Elle revint une demi-heure plus tard, un plateau rempli de viennoiseries, de fraises fraîches, et surtout deux grands cafés au caramel. Elle espérait que cela suffirait à réveiller le cadavre encore étendu sur le lit. En déposant le plateau sur la petite table, elle jeta un regard vers Kate, qui bougeait lentement sous les couvertures. Ses yeux étaient encore rougis par les larmes de la nuit, et elle semblait épuisée, aussi bien physiquement qu'émotionnellement.

Ellie s'approcha doucement, lâchant un petit « Hey », sans avoir besoin de lui demander comment elle allait. La réponse était évidente dans le silence lourd qui régnait dans la chambre.

Kate ouvrit les yeux, clignant plusieurs fois pour s'habituer à la lumière tamisée. Son visage s'éclaira légèrement en voyant le plateau. « T'es un ange », murmura-t-elle avec un sourire fatigué.

Elle se redressa tant bien que mal, attirée par l'odeur des pancakes au chocolat. D'un geste presque enfantin, elle se jeta sur le petit déjeuner, attrapant une assiette comme si elle n'avait pas mangé depuis des jours. Ellie sourit en silence, heureuse de voir Kate se laisser aller à quelque chose de réconfortant, aussi simple que de manger.

Ellie s'installa près de Kate, prenant une gorgée de son café avant de rompre doucement le silence : « Est-ce que tu te sens prête à me parler de ce coup de téléphone ? » demanda-t-elle d'une voix douce.

Kate acquiesça, posant lentement ses pancakes comme si elle se préparait à une épreuve. Après un long moment, elle soupira et lâcha d'un coup, comme pour se débarrasser d'un poids : « Il m'a trompée avec son ex. »

Ellie resta figée un instant, la surprise laissant place à une colère sourde. Kate continua, sa voix un peu tremblante : « C'est pas la première fois. Il m'avait déjà fait ça, et... je lui ai pardonné. »

Ellie fronça immédiatement les sourcils, peinant à comprendre pourquoi son amie avait pu accepter ça. Elle sentait une boule de colère monter dans sa gorge, mais elle resta silencieuse, laissant Kate vider son sac.

« Cette fois, » reprit Kate avec un sourire amer, « il m'a dit que c'était différent. Qu'il voulait redonner une chance à son ex. Que c'était plus sérieux, qu'il l'aimait. »

Ellie ne put retenir ses émotions cette fois. « Quel connard ! » lâcha-t-elle. Kate éclata de rire, un rire nerveux, comme si elle avait attendu qu'Ellie dise ce qu'elle-même n'osait pas formuler.

« Je savais que tu réagirais comme ça, » dit-elle en secouant la tête.

Mais Ellie n'en démordait pas, outrée par l'histoire. « Il mérite même pas une seule des larmes qui coulent de ton si beau visage. Sérieusement, Kate, t'as rien à regretter. Ce mec est un putain d'idiot, du pire genre, il te mérite absolument pas. »

Kate soupira, mais un petit sourire apparut sur ses lèvres. « C'est facile à dire, mais je me sens tellement stupide. Comme si j'avais laissé ça arriver. »

Ellie lui prit la main et la serra doucement. « T'es pas stupide. T'as juste voulu croire en lui, et il t'a trahie. C'est lui le fautif, pas toi. Ne te blâme pas pour ses conneries. »

Kate sembla un peu réconfortée par les paroles d'Ellie et lui lança un regard reconnaissant. « Merci, Ellie. Vraiment. Je sais pas ce que j'aurais fait sans toi. »

Elles passèrent ainsi la matinée à parler, relâchant peu à peu la tension. Entre deux bouchées de croissants et de fraises, Kate semblait retrouver un semblant de paix intérieure. Elle s'efforçait de sourire, même si l'ombre de la douleur ne l'avait pas complètement quittée.

Le reste de la journée se déroula dans une étrange douceur, ponctuée de moments de silence confortable et de rires timides. Elles commandèrent des plats au room service, cédant à la tentation de tout ce qui était gras et réconfortant. Pizzas, burgers, frites... et des sushis, bien sûr, tout ce dont elles avaient besoin pour oublier le monde extérieur, ne serait-ce que quelques heures.

L'après-midi fut consacré au marathon Hunger Games. Les films se succédaient, et même si l'attention de Kate n'était pas totalement là, Ellie sentait que cela l'aidait à se distraire, à se perdre dans autre chose que sa douleur.

Le soleil commençait à descendre doucement sur la ville. Alors qu'elles terminaient le dernier film, quelqu'un frappa à la porte de leur chambre. Ellie, pensant que c'était encore le room service, se leva rapidement pour ouvrir.

Mais lorsqu'elle ouvrit la porte, elle resta figée, incapable de prononcer un mot. Le temps sembla s'arrêter alors qu'elle fixait l'homme qui se tenait de l'autre côté. Sa gorge se serra instantanément, et elle sentit son cœur s'emballer.

Kate, encore allongée dans le lit, appela depuis l'autre côté de la chambre : « Ellie, c'est les burgers, enfin ? »

Ellie ne répondit pas, ses yeux grands ouverts fixés sur l'homme face à elle. Cela inquiéta Kate, qui se leva immédiatement. Elle s'approcha de la porte, encore perdue dans ses pensées, mais l'inquiétude dans sa voix était palpable. « Ellie ? Qu'est-ce qu'il se passe ? C'est qui ? »

Ellie tourna lentement la tête vers Kate, ses lèvres tremblantes. D'une voix à peine audible, elle murmura : « C'est... c'est mon père. »

Kate s'arrêta net, choquée. Elle savait qu'Ellie n'avait pas parlé à son père depuis des années, mais elle ne lui avait jamais expliqué pourquoi. Il n'était jamais mentionné dans leurs conversations, comme s'il appartenait à un passé révolu, une vie dont Ellie avait tenté de se détacher.

L'homme devant elles semblait tout aussi mal à l'aise, les mains enfoncées dans les poches de sa veste en cuir. Il regardait Ellie avec une certaine nervosité, comme s'il n'était pas sûr de sa place ici, comme s'il ne savait pas vraiment ce qu'il attendait.

Kate, figée à côté d'Ellie, ne savait pas quoi dire ni comment réagir. Le silence entre eux devenait presque oppressant, chargé d'un poids émotionnel que seules Ellie et cet homme semblaient comprendre.

Ellie restait immobile, son visage marqué par la surprise et une pointe de colère, une tempête de sentiments qu'elle n'arrivait pas encore à nommer. Elle déglutit difficilement avant de demander d'une voix cassée : « Qu'est-ce que tu fous ici, putain ? »

Le père d'Ellie la regarda, un mélange de regret et de tristesse sur le visage. « On doit parler, Ellie. Il est temps. »

À cet instant, Ellie sentit que son monde venait de basculer.