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Le soleil matinal de Paris caressait doucement la peau d'Ellie alors qu'elle s'installait à la terrasse d'un café, une tasse de café brûlant entre les mains. Les rues commençaient à s'animer doucement autour d'elle, le murmure lointain des conversations en français, le son des scooters et celui des talons sur les pavés. Elle respira profondément.

Le ciel d'un bleu pur s'étendait au-dessus de sa tête, parsemé de quelques nuages blancs. La beauté tranquille de la ville semblait étrangement en contraste avec les tumultes de son cœur. Paris avait ce pouvoir apaisant sur elle, un baume temporaire pour ses blessures encore ouvertes.

Une semaine encore à Paris. Une semaine pour se retrouver, se ressourcer, avant de partir à Londres et, surtout, avant de reprendre la tournée avec Billie... si Billie acceptait de la laisser revenir.

Ellie soupira doucement, sentant la culpabilité l'envahir à nouveau. Billie. Elle n'arrêtait pas de penser à elle. Au fil des jours, chaque coin de rue, chaque sourire échangé avec Joan et Aubrey, tout ramenait ses pensées vers elle. Elle repensait à la première fois qu'elles s'étaient rencontrées, dans cette loge. Billie, avec son sourire doux et cette énergie tranquille qui avait tout de suite mis Ellie à l'aise. Elle se souvenait aussi de l'incroyable opportunité que Billie lui avait offerte en la faisant photographe officielle de sa tournée. Comment avait-elle pu réagir aussi durement après tout ce que Billie avait fait pour elle ?

Les souvenirs affluaient, aussi doux qu'amers. Chaque moment partagé avec Billie semblait être gravé dans sa mémoire : les rires discrets, les conversations tard dans la nuit, et les gestes... ces gestes si pleins de tendresse. Elle ne méritait pas ça, pensa Ellie, la gorge serrée par le regret. Billie l'avait soutenue, toujours avec bienveillance, même quand Ellie était sur le point de s'effondrer.

« Je suis tellement idiote, » murmura-t-elle pour elle-même, le goût amer de la culpabilité envahissant sa bouche.

Elle se sentait stupide, non seulement pour la façon dont elle avait traité Billie, mais aussi pour avoir laissé son père entrer dans sa tête comme ça. À présent, en observant la beauté sereine de Paris autour d'elle, Ellie comprenait à quel point elle avait perdu du temps à souffrir pour quelqu'un qui ne le méritait pas.

Pourquoi ai-je laissé tout ça m'affecter autant ? pensa-t-elle, en regardant les passants sourire sous la lumière dorée de l'automne parisien. Elle avait passé tant d'années à chercher l'approbation de son père, à attendre un geste d'affection ou des excuses. Tout ce qu'elle avait récolté, c'était plus de douleur.

Sa colère contre lui se transforma en une sorte de tristesse. Je ne veux plus être prisonnière de cette douleur. Ce n'était plus seulement son père qui la retenait en arrière. C'était elle-même, sa peur d'être abandonnée qui dictait ses réactions. Elle s'était éloignée de Billie par peur d'être blessée, et elle avait également fui Kate. Son amie venait de traverser une épreuve douloureuse, une trahison déchirante, et Ellie n'avait même pas été là pour elle. Elle avait abandonné Kate au moment où elle avait le plus besoin de soutien, trop accaparée par ses propres problèmes.

La honte monta en elle. Kate méritait mieux, tout comme Billie. Toutes les deux avaient été là pour elle, et elle... elle s'était enfoncée dans ses propres ténèbres, refusant leur aide. Je dois leur parler, se dit Ellie, en pensant à Kate, mais aussi à Billie. Elle voulait s'excuser, vraiment s'excuser, et leur dire combien elles comptaient pour elle.

Perdue dans ses pensées, Ellie leva les yeux vers la Seine qui s'écoulait paisiblement. Les ponts parisiens s'étendaient avec élégance au-dessus de l'eau scintillante, et elle se laissa bercer par ce calme. Il y avait quelque chose de réparateur dans cette ville. Paris lui offrait un espace où elle pouvait réfléchir, sans jugement, sans pression. Le passé ne pouvait être changé, mais l'avenir... l'avenir lui appartenait.

Un léger sourire effleura ses lèvres. Peut-être que tout n'est pas perdu. Il restait encore du temps pour réparer les erreurs, pour guérir. Paris lui offrait un répit, une pause avant la tempête, mais aussi une chance de réévaluer ce qui importait vraiment.

Joan et Aubrey l'attendaient un peu plus loin, discutant joyeusement de leur prochain arrêt dans la ville. Elle les rejoindrait bientôt, mais pour l'instant, elle savourait ce moment de tranquillité, cette petite bulle de paix intérieure qu'elle n'avait pas ressentie depuis longtemps.

Demain serait un autre jour. Mais aujourd'hui, à Paris, elle se laissait porter par la douce brise et l'espoir timide que peut-être, elle pourrait enfin avancer, se libérer des chaînes invisibles qui la retenaient depuis si longtemps.

𝐁eyond the Lens - b.eOù les histoires vivent. Découvrez maintenant