𝐁eyond the Lens - b.e

8 -

Les deux filles se regardaient dans les yeux, un silence complice s'installant entre elles. Ellie, perdue dans le bleu océan des yeux de Billie, ressentit un petit pincement au cœur. C'était un de ces moments suspendus dans le temps où rien d'autre ne semblait exister. L'intensité de la scène contrastait avec la décontraction de leur conversation précédente. Ellie pouvait presque sentir le poids de cette connexion naissante, inexplicable, mais bien réelle. C'était à la fois excitant et déstabilisant.

Juste au moment où le silence devenait presque trop lourd, un aboiement retentit derrière la porte. Ellie se retourna brusquement, réalisant que Livaï s'impatientait, probablement fatigué d'attendre seul. Ce son, pourtant habituel, brisa la tension entre elles.

"Oh mon Dieu, c'est ton chien ?" s'exclama Billie avec un enthousiasme enfantin, se levant d'un bond. Sans attendre la réponse d'Ellie, elle se précipita vers la porte, visiblement ravie à l'idée de rencontrer l'animal. "J'adore les chiens, t'aurais dû le faire rentrer," ajouta-t-elle en ouvrant doucement la porte.

Livaï, qui n'attendait que ça, entra avec sa démarche désinvolte, ses grandes oreilles dressées et la langue pendante, visiblement ravi d'enfin quitter sa solitude. Billie se baissa instantanément à sa hauteur, sa main caressant doucement la fourrure de l'animal, son visage illuminé par un sourire sincère. "Il est magnifique," murmura-t-elle en le gratifiant de quelques gratouilles derrière les oreilles. "Comment il s'appelle ?"

"Livaï," répondit Ellie, un peu surprise par l'enthousiasme soudain de Billie.

"Comme dans l'anime ?" demanda Billie, amusée, tout en continuant à s'occuper du chien, les yeux brillants de bonheur.

Ellie hocha la tête, un petit sourire aux lèvres. "Ouais, exactement. C'était le chien de ma mère à la base."

Billie leva la tête, curieuse. "Oh, c'est trop mignon que tu l'aies pris avec toi. Tu ne pouvais pas le laisser à ta mère ?"

Ellie sentit un poids dans sa poitrine. La question était simple, naturelle, mais elle ne savait pas comment répondre sans plomber l'ambiance. C'était une question à laquelle elle était souvent confrontée, mais dire que sa mère était morte n'était jamais facile, surtout dans ce genre de moment léger. Elle hésita, cherchant ses mots.

"Eh bien..." Elle fit une pause, regardant Billie qui continuait de caresser Livaï. "Disons que c'est compliqué en ce moment."

Billie lui adressa un regard doux, mais sans insister. "Je comprends, t'inquiète pas. Je suis sûre qu'il est super heureux avec toi." Elle se tourna vers Livaï, parlant doucement au chien. "Je devrais amener Shark une prochaine fois, tu te ferais un nouveau copain." Elle sourit à Ellie. "C'est mon chien à moi, un adorable pit bull. Il m'attend impatiemment à Los Angeles."

Ellie fut soulagée que la conversation ne s'enfonce pas davantage dans les détails. Elle n'était pas encore prête à partager cette partie douloureuse de sa vie.

Billie se releva, un air joueur sur le visage. "Ça me fait penser, tu sais que les chiens sentent quand on est stressé ? Shark le fait tout le temps quand je rentre après un concert. Il me saute dessus, comme pour me dire 'relaxe, tout va bien !'"

Ellie rit doucement en hochant la tête, s'agenouillant à côté de Billie pour caresser Livaï. "Ouais, je sais ce que tu veux dire. Livaï fait pareil. Il m'a vraiment aidée à passer des moments compliqués."

Leurs regards se croisèrent à nouveau, cette fois plus légers, moins chargés d'émotions non dites. Le moment qui s'était arrêté un instant reprenait son rythme naturel. Billie semblait parfaitement à l'aise, et sa présence rassurante faisait oublier à Ellie cette petite gêne qu'elle avait ressentie plus tôt. Le fait de parler de leurs chiens, de quelque chose d'aussi simple et pur, allégeait l'atmosphère.

"Tu devrais vraiment venir à Los Angeles un jour," lança Billie, rompant le silence tout en souriant. "Comme ça, tu pourras rencontrer Shark. Et puis, on pourrait peut-être shooter d'autres trucs. Pas juste les concerts."

Ellie, surprise par cette proposition, sentit son cœur battre un peu plus fort. "Ça serait génial, vraiment."

"Alors, c'est décidé," répondit Billie avec un clin d'œil, avant de se lever complètement. "On se fait ça un de ces jours."

Ellie resta assise par terre, une main sur la tête de Livaï, regardant Billie qui se dirigeait vers le coin de la pièce pour attraper une bouteille d'eau. Tout cela semblait surréaliste, comme si ce qu'elle vivait ne pouvait être réel. Mais c'était bien le cas. Elle était là, avec Billie Eilish, en train de discuter, partager des moments simples comme si elles se connaissaient depuis toujours.

Livaï posa sa tête sur la cuisse d'Ellie, rompant ses pensées. Elle se pencha pour lui gratter doucement les oreilles, reconnaissante pour sa présence apaisante. Mais en même temps, elle se demandait ce que l'avenir lui réservait. Billie avait déjà fait des propositions généreuses, mais était-ce vraiment quelque chose qu'elle oserait poursuivre ?

Billie s'approcha à nouveau, s'asseyant sur le canapé avec un sourire. "C'est cool que tu sois venue jusqu'ici, tu sais. Chicago est une ville incroyable, et ce show était important pour moi."

Ellie sourit en retour, encore un peu troublée par tout ce qui venait de se passer. "Merci de m'avoir invitée, vraiment. C'était une expérience de dingue, et je suis contente d'avoir pu capturer tout ça."

Billie hocha la tête, prenant une gorgée d'eau. "Je t'avais dit que t'avais un vrai talent, non ? Alors maintenant, tu le sais." Elle lança un regard complice à Ellie avant de fixer à nouveau Livaï. "Et on dirait que ton assistant approuve aussi."

Elles éclatèrent de rire, et la tension de l'instant précédent s'évanouit complètement. C'était agréable, naturel, comme si tout s'était mis en place parfaitement. Mais au fond de son esprit, Ellie ne pouvait s'empêcher de repenser à ce moment, à ce regard échangé, et à ce léger pincement qu'elle avait ressenti. Peut-être que c'était juste de l'admiration, peut-être un peu plus.

Mais pour l'instant, elle préférait ne pas trop y penser. Il y avait encore beaucoup à venir.