Le Roi et l'amour

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Le roi était maladroit en amour et se manifestait uniquement par des cadeaux. Ilde étouffait de présents, elle aurait préféré être étouffée de caresses et de mots tendres. Chaque jour, elle recevait de nouveaux effets, des manchons de fourrure, des boucles d'oreilles, des colliers de perles, des ceintures, des robes, des capes si bien qu' une lassitude s'installait en elle l'empêchant d'apprécier les bonnes intentions de sa Majesté.

Le roi, pressé de connaître les réactions de sa bien-aimée, envoyait un valet écouter derrière la porte et le questionnait à son retour mais le valet mentait :

- Madame est ravie, son cœur est inondé de joie, elle a hâte de vous voir et de vous exprimer ses profonds remerciements.

Contrainte de les porter à chaque représentation, Ilde en eut assez et élabora un plan afin de lui ouvrir les yeux.

Le lendemain, elle convint d'un rendez-vous avec le roi dans les jardins.

Assise sur un banc, Ilde soupira et grimaça, aussitôt Hubert, lui prit la main et s'enquit :

- Que se passe-t-il jolie fleur ?

- J'ai besoin de nouveauté, de rareté, je m'ennuie, j'aimerais...

- Vous aimeriez ?

- J'aimerais un peu d'exotisme.

- De l'exotisme ? Qu'est-ce dont ?

- Une ménagerie, voilà c'est cela, avec des ours, des lions et des loups, j'adorerais me divertir avec ces choses-là.

Le roi acquiesça et quelques jours plus tard une ménagerie fut installée au beau milieu des jardins. Ilde le remercia mais se lassa de nouveau alors elle s'empressa de demander à sa Majesté :

- J'aimerais un cadeau intelligent, un cadeau qui me fasse tout apprendre, je suis en quête de savoir cher Hubert.

Le Roi chercha un moyen de combler cette soif et fit venir les meilleurs maîtres d'enseignement. Ilde fut comblée et chercha à nouveau, il lui vint une idée :

- J'aimerais entrer au couvent, porter des vêtements simples et renoncer à tout ce que je possède.

A ces mots, Hubert s'opposa vivement et faillit perdre connaissance. Ilde comprit qu'il était temps de frapper un grand coup et lança :

- J'aimerais que vous me parliez d'amour, j'aimerais vos caresses, j'aimerais que vous me fassiez cadeau de vous.

Alors le souverain, comme à son habitude, lui prit la main et répondit :

- Je veux bien me soumettre à votre bonne volonté mais j'aurais besoin de maîtres car l'amour ne m'a jamais été enseigné.

L'amour n'a pas de prix.























Le roi, c'est moi !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant