Le Roi se meurt.

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En pleine dissection d'un cadavre, Agathon, archiatre du Roi et de la Cour, fût contraint d'abandonner son travail pour une affaire urgente au château. Un mal innommable rongeait le souverain.

Il chargea la mule et prit la route. Coquette était en forme et avançait d'un pas rapide. Très attaché à son ancien maître, un ecclésiastique, l'animal avait tendance à être susceptible surtout après avoir été retiré inopinément d'un met favori. En chemin, Agathon fit une halte au monastère. Là, il y trouva des plantes médicinales par monts et par vaux lesquelles étaient un remède sans faille pour le Roi.

Méconnaissable, il était méconnaissable !
Agathon se frotta l'œil en voyant Hubert, le poids pesant de la couronne sur la tête, alité, amaigri, triste comme la mort. Il est vrai qu'il était moins présent à la Cour ces derniers temps.

L'examinant de plus près, il chercha à savoir :

- Votre Majesté, pouvez-vous me dire ou m'indiquer les endroits qui vous font tant souffrir?

Les yeux larmoyants, le Roi gémit et acquiesça :

- Ahi ! J'ai mal à la tête et ahi ! Au cœur, une flamme embrase mon être tout entier.

L' archiatre se releva et ne put retenir des :

- Aïe aïe aïe ! ouille ouille ouille !

Puis réfléchissant, il fouilla dans sa mallette :

- Voilà, j'ai ce qu'il vous faut, un bonnet pour votre tête et pour le cœur, il faut boire, boire beaucoup d'eau et le feu s'éteindra. Prenez aussi un peu de sauge pour guérir tous vos maux et dans quelques jours, vous serez rétabli.

Hubert suivit le traitement au pied et à la lettre, rien n'y fît. Il prit sur lui et reprit l'emploi du temps quotidien enchaînant les rendez-vous.

Un matin, un jeune jardinier dit talentueux se présenta à la Cour, il parlait des fleurs et des femmes au sommet de leur beauté tant et si bien qu'il retint toute l'attention. Alors, le Roi l'invita à se retirer en sa compagnie dans le petit salon afin de faire plus ample connaissance.

Sa Majesté questionna Gustin et voulut en savoir davantage sur cette nature belle et fragile à la fois, il demanda :

- Les fleurs ont un pouvoir et ressemblent aux femmes, dîtes-m'en un peu plus je vous prie .

Très heureux de cet intérêt, Gustin sourit et répondit :

- Oui Sire ! Elles ont le pouvoir de parler à votre place, de regarder l'autre avec bienveillance, de plaire. Si vous ne cessez de penser à la même personne, si votre cœur bat la chamade à sa vue, cueillez un joli bouquet de roses et offrez lui, elle comprendra.

Une étincelle dans les yeux, Hubert réalisa son mal persistant, le remède était là.

- Suis-je susceptible d'essuyer un refus ?

Gustin se redressa et assura au souverain que non.

Des fleurs offertes avec amour valent mieux qu'un long discours.

Le roi, c'est moi !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant