Chapitre 11

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— Debout là-dedans ! cingle la voix de Dimitri, me tirant brusquement de mon sommeil.

Mon cœur rate un battement. Je me redresse péniblement sur le matelas, le dos endolori par son inconfort. La migraine s'est dissipée, laissant place à une soif insoutenable. Mon regard se pose sur Dimitri, qui me sourit de toutes ses dents. À côté de lui, Luis est assis nonchalamment sur une chaise pliante.

— Salut, Belle au bois dormant. Tu n'es pas facile à réveiller ! Ce doit être le matelas à mémoire de forme... Il éclate de rire à sa propre blague pendant que je lui lance un regard irrité.
— C'est quoi déjà la marque, Luis ? Tu sais, celle qui passe en boucle sur YouTube, c'est super chiant ! Bultex ? Non, c'est pas ça... Emma ! Oui, voilà, Emma matelas. Putain, même ma chienne l'adore. Elle comprend pas qu'elle doit rester dans sa couchette, elle...

— Ferme-la, Dim, tu fais chier, grogne Luis.

— Roh, c'est bon, mec, t'as vraiment besoin de te détendre. Vas tirer un bon coup.

Dimitri glisse un sac cartonné à travers les barreaux de la cellule.

— Taco Bell, ma douce, supplément Coca Zéro. Vous les femmes, vous adorez vous donner bonne conscience avec un Coca Zéro bien frais après un gros taco, non ? lance-t-il avec un clin d'œil.

Je ne parviens pas à cerner cet homme. Si l'on oublie sa dangerosité et son regard de cinglé, il paraîtrait presque sympathique.

— Où est Ethan ? me contenté-je de demander, la voix rauque.

— Il est parti faire un tour, répond Luis, malicieux.

Mon estomac se noue davantage. La culpabilité que je ressens pour Ethan me broie de l'intérieur.

— S'il vous plaît, ne lui faites rien. Il n'a rien à voir avec moi, dis-je d'un ton suppliant.

— Oh City, je ne compte rien lui faire, répond Luis, sauf si tu m'y obliges. Je n'ai pas envie d'abîmer ta petite bouille d'ange, j'en ai trop besoin. Mais ton petit Ethan, j'en ai strictement rien à cirer. Si tu n'obéis pas, je peux toujours te servir son oreille à la place du taco...

Un torrent de larmes dévale mes joues sans que je puisse les contrôler. Je suis en train de vivre l'horreur à l'état brut. Tony, Anton, ou peu importe comment je suis censée l'appeler, m'a mise dans une situation terrible. Pourquoi diable m'a-t-il fait ça ? Si j'avais imaginé des retrouvailles avec lui, elles auraient été pleines de câlins, de larmes de bonheur, et de discussions sur ce que nous avions manqué l'un de l'autre. Pourquoi est-il revenu si brutalement dans ma vie pour me mettre en danger ?

Luis se lève de sa chaise et s'approche des barreaux de la cellule avant de déclarer :

— Mange, j'ai besoin que tu sois en forme.

Il tourne les talons  tandis que Dimitri prend place sur sa chaise.

— Ils sont toujours obligés d'être dramatiques, c'est fou ça ! Dit-il en levant les yeux aux ciel.

Le contraste entre ma détresse et sa nonchalance est irréelle. Je n'ose imaginer combien de victimes sont passées entre leurs mains.

— Pourquoi ? murmuré-je, plus pour moi-même.

— Je suis prêt à répondre à tes questions. Ton destin est scellé, autant te donner quelques réponses, explique-t-il en attrapant un paquet de cacahuètes qu'il commence à dévorer.

Mon regard rencontre le sien alors que j'essuie mes larmes avec force. J'ai envie de lui hurler ma haine. Je déteste cette impuissance qui me ronge, et son indifférence face à l'inexorable tournure que prend mon destin. Mais, il semble disposé à me donner quelques réponses. Autant me ressaisir et en profiter.

3.9.2025Où les histoires vivent. Découvrez maintenant