- Ce fut un plaisir de dîner avec vous, Mademoiselle Kang. J'espère vous revoir bientôt, me dit l'homme d'une voix mielleuse en m'ouvrant la porte de ma voiture.
- Je préfère que nous en restions là, répondis-je un peu sèchement tout en m'inclinant respectueusement malgré tout. Bonne soirée à vous.
J'entrai dans le véhicule et fermai la portière sans m'attarder sur la réaction de mon interlocuteur. Je fis un geste à mon chauffeur qui démarra, et je m'affalai sur mon siège, dépitée. Pourtant, j'avais su d'avance que cette soirée serait pourrie. Le dîner avait été d'un ennui pas croyable, et j'avais bien compris, à sa façon de se comporter, que cette personne n'était là que pour mon statut et mon argent.
- C'était bien ce que tu t'étais imaginé apparemment.
- Pire que cela, Dong-Min, soufflai-je en détournant la tête vers la fenêtre, pour contempler les lumières de la ville qui défilaient.
Vivre en tant que Kang Eun-Ji, fille du président Kang Yu-Jun, propriétaire de plusieurs entreprises à succès, n'était pas de tout repos. Et être à la tête de l'une d'elles n'attirait que les envieux... Ce soir, j'avais été invitée par le président d'une boîte de marketing, et j'avais deviné que ce dernier désirait faire d'une pierre deux coups : m'épouser et fusionner avec mon entreprise de design. Je pouvais mettre ma main à couper qu'il voulait le monopole sur le marketing digital, pouvoir utiliser mes designs ainsi que ceux de mes employés sans y mettre un sou. Sans oublier qu'il voulait aussi se vanter d'avoir mis la main sur la fille Kang, si son plan fonctionnait. Sauf que je l'avais vu venir de loin, celui-là, et il était hors de question que j'accepte quoi que ce soit de sa part. De toute façon, j'en avais marre de jouer la gentille fille à papa et n'hésitais pas à envoyer bouler tous ces lourdauds, même si je savais que mon comportement ne serait pas sans conséquences. En effet, étant la fille unique d'une des familles les plus influentes de Corée, le fait de ne pas être encore mariée à mon âge engendrait beaucoup de rumeurs me concernant, et cela commençait à entacher la réputation des Kang.
Pour souffler un peu avant d'affronter la réaction de mon père, je demandai à être conduite aux écuries où j'avais récemment transféré mon cheval. Il était ma source de bonheur et ce que j'avais de plus précieux depuis cinq ans. J'avais toujours voulu faire carrière en tant que cavalière de saut d'obstacles, mais mon père s'y était toujours opposé. Cela ne m'avait pas empêchée d'en faire mon loisir et de faire l'acquisition d'un magnifique cheval.
Je remontai la vitre centrale pour m'isoler de Dong-Min et troquai ma magnifique robe longue de soirée bleu roi contre mon polo, mon pantalon et mes boots d'équitation. Comme il était tard et qu'il faisait un peu frais, je mis mon gros sweat à capuche qui me permettrait aussi de me cacher, même si je doutais qu'il y ait du monde à cette heure.
Comme tous les soirs, mon cheval m'attendait à l'entrée de son paddock, une sorte de petit pré où sont lâchés les chevaux de box pour se dégourdir les jambes. Eris hennit et piaffa en me reconnaissant, ce qui réchauffa mon cœur instantanément. C'était un bel Anglo-Arabe noir de 7 ans pour lequel j'avais craqué lors d'une vente dans l'un des haras les plus réputés de France. Une fois transporté en Corée, je m'étais moi-même occupée de son débourrage, ce qui avait permis de créer un lien très fort entre nous. Je pris son licol, qui était posé sur le poteau, et entrai dans le paddock. Eris s'approcha lentement et posa sa tête sur mon épaule.
- Hey... Salut, mon beau, murmurai-je en lui caressant l'encolure. Désolée, je suis un peu en retard.
Je lui fis quelques papouilles bien méritées avant de lui mettre son licol et de le sortir. Au même moment, un homme, vêtu autant que moi, nous coupa la route, accompagné d'un magnifique cheval à la robe gris pommelé. Je le saluai et complimentai sa monture, mais il m'ignora royalement, continuant son chemin sans même me regarder. Cela me conforta dans mon idée que la plupart des propriétaires dans cette écurie n'étaient que des riches prétentieux et malpolis. Je n'en fis rien et repris ma route tout en observant de loin l'inconnu, qui disparut peu après dans les écuries.
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Let me in
FanfictionFille unique d'un puissant homme d'affaires coréen, Eun-Ji mène une vie sous le feu des projecteurs, mais derrière cette façade de richesse et de prestige se cache une jeune femme en quête de liberté. À la tête de son entreprise de design, elle doit...