Victor, 14 septembre
Intéressant ? Vraiment je quitte Anabella pour trouver intéressent qu'une fille bafouille et rougisse devant moi ?
Les gars sont devant moi, disputant un match, et je suis censé être l'arbitre, mais la rouquine ne cesse de tourner dans ma tête.
Je sens les tensions monter entre Layan et Luc. Cela fait deux semaines que c'est comme ça, mais cette fois, je n'en peux plus.
Je m'élance vers Layan et le saisit par le col de son maillot. Malgré son casque, je sais qu'il est surpris. D'habitude, je garde mon calme, mais aujourd'hui, je perds complètement le contrôle.
— Tu vas arrêter tes conneries ? lui hurle-je, ma voix résonnant dans le silence. Personne ne m'a jamais vu crier, pas même Luc.
C'est la deuxième fois depuis la rentrée que je m'emporte ainsi. Je deviens véritablement un connard certifié.
Au lieu de me calmer, je continue sur ma lancée.
— Je ne sais pas à quoi tu penses, Layan, ou même à qui. Mais si c'est à ta petite rousse qui te fait perdre les pédales, tu ferais mieux de l'oublier, dis-je, hors de moi.
Avant même de réaliser l'ampleur de mes mots, il est trop tard. On dirait un adolescent en pleine crise de jalousie, ou des chiens alpha se battant pour une chienne irrésistible.
Je finis par le lâcher, et il retire son casque ainsi que son protège-dents.
— T'es complètement taré, Victor. Sérieusement, appelle Anabella, parce qu'apparemment, elle ne fait pas bien son boulot.
Je serre les dents. Anabella et moi, c'est fini, mais personne ne le sait, à part Monsieur Robinson. Ce n'est pas parce que j'ai les hormones en ébullition depuis trois mois que je me comporte comme ça. Si c'était le cas, il me faudrait retourner avec mon ex pour le bien de tous.
— Et puis, ce n'est pas parce que tu es un coureur de jupons que tu as le droit d'insulter toutes les filles qui ne veulent pas de toi, dit-il en bombant le torse. Je me casse, Victor.
Sa phrase me frappe comme une gifle. Je ne suis pas un coureur de jupons, loin de là. La seule femme avec qui j'ai couché, c'est Anabella. Mais Layan, lui, l'est bel et bien. Je le connais depuis l'école primaire. Au collège, il enchaînait les petites copines, et au lycée, il ramenait toujours une nouvelle conquête chez lui après les soirées trop arrosées.
À cette époque-là, nous étions amis. Puis, arrivé à l'université, il semblait vouloir une véritable relation avec les femmes. Malheureusement pour lui, celle qu'il désirait, me voulait moi. Encouragé par le directeur de l'université, l'entraîneur de hockey, et la pression qui pesait sur moi, j'ai finalement cédé et commencé à sortir avec Anabella.
Je m'en veux aussi de faire de Layan mon bouc émissaire. Peut-être que tout ça vient de ma peur de perdre ce que j'ai construit. L'université, le hockey, l'image parfaite du jeune homme qui réussit...
Je vois rouge.
-Vas-y, retourne auprès de ta petite sorcière rousse. Je pensais qu'elles étaient toutes pendues ou brûlées, mais celle-ci est apparemment un miracle.
Je crie suffisamment fort pour qu'il m'entende, mais tout le monde a entendu. Toute l'équipe, et la rousse qui revient.
Elle me lance un regard haineux, sa petite bouche s'ouvrant lentement, choquée.
— Et merde, murmurai-je pour moi-même.
Avant que je puisse dire quoi que ce soit d'autre, Luc me tire par le bras, m'entraînant vers le fond de la patinoire.
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Nuit des âmes
RomanceSalem, 1692. Les sorcières étaient traquées, condamnées et pendues sans pitié. Aujourd'hui, leur légende persiste, leurs ombres hantent encore les âmes qui osent les invoquer. Et sans le savoir, tu m'as ensorcelé.