Lilith, 20 septembre
Je me lève du lit avec difficulté, encore engourdie, quand ma meilleure amie — ou plutôt, mon ennemie officielle depuis peu — tente de me convaincre à dompter mes cheveux bouclés avec son lisseur.
— Sérieusement, Maria Cruz ?! Je n'avais déjà pas envie d'aller à cette fichue soirée d'anniversaire, et maintenant tu me dis que je ne peux même pas y aller en pyjama ?
Maria me lance un regard exaspéré tout en finissant son trait d'eyeliner devant le minuscule miroir de notre salle de bain. L'espace est si réduit qu'on s'y marche constamment dessus, mais elle y déploie une énergie que je ne comprends toujours pas.
— Hors de question, réplique-t-elle avec enthousiasme. Tu pourras porter ton pyjama à Halloween, si ça te chante, mais pas pour l'anniversaire de Layan !
Je roule des yeux, à moitié amusée, à moitié désespérée.
— Tu rêves si tu penses que je vais fêter quoi que ce soit à Halloween...
Je soupire en levant les yeux au ciel, espérant que n'importe quel dieu daigne m'envoyer un signe de secours. Mais, comme toujours, aucune réponse.
Maria éclate de rire en se redressant, satisfaite de son trait d'eyeliner parfaitement tracé. Elle se retourne vers moi, les mains sur les hanches, un sourire victorieux aux lèvres.
— Tu dis ça chaque année, mais quand on est le 31, tu finis toujours par céder. Tu sais que je ne te laisserai pas passer la soirée seule dans ta chambre à regarder des films d'horreur ringards.
Je la regarde, l'air désabusé, tout en luttant contre l'envie de la contredire. Elle n'a pas complètement tort. Chaque année, je jure de boycotter Halloween, et chaque année, Maria parvient à me convaincre de sortir. Mais cette fois-ci, je suis bien déterminée à ne pas me laisser entraîner dans ses plans.
— Tu peux toujours rêver, Maria. Cette fois, je ne me laisserai pas faire.
Elle hausse les épaules avec un petit sourire en coin, comme si elle savait déjà que la bataille était perdue d'avance.
— On verra bien, Lilith, on verra bien. Mais pour l'instant, il faut qu'on s'occupe de cette soirée. Layan a mis des semaines à organiser tout ça, on ne peut pas lui faire faux bond.
Je soupire, jetant un coup d'œil à mes vêtements en désordre étalés sur le lit. La perspective de devoir socialiser avec des gens que je connais à peine me donne envie de me replonger sous les couvertures. Mais Maria est déjà en train de fouiller dans ma garde-robe, à la recherche de quelque chose de "présentable".
— Allez, tu vas voir, ça va être sympa, insiste-t-elle, tirant une robe noire que je n'ai jamais eu l'occasion de porter. Mets ça, ça t'ira super bien.
Je fronce les sourcils.
— Cette robe ? Vraiment ? Je ne me souviens même pas de l'avoir achetée...
— C'est parce que je te l'ai offerte à ton dernier anniversaire, et tu ne l'as jamais mise ! réplique-t-elle en me lançant un regard accusateur.
Je prends la robe du bout des doigts, hésitant. Elle est jolie, c'est vrai, mais tout ça me semble un effort démesuré pour une soirée où je préférerais ne pas aller. Pourtant, face à l'enthousiasme de Maria, je sais que j'ai déjà perdu. Je souffle, résignée.
— Très bien. Mais si je ne m'amuse pas, tu me devras une semaine entière de calme et de paix. Sans sorties, sans fêtes, juste moi et ma tranquillité.
— Marché conclu, répond Maria avec un sourire éclatant. Tu vas t'amuser, promis !
Pendant que j'essaie tant bien que mal d'enfiler la robe, trop moulante et définitivement trop courte à mon goût, mon téléphone vibre sur le lit. L'écran s'illumine avec un nom bien familier : Layan. Un FaceTime, bien sûr... Magnifique. J'ajuste rapidement la robe et décroche.
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Nuit des âmes
RomanceSalem, 1692. Les sorcières étaient traquées, condamnées et pendues sans pitié. Aujourd'hui, leur légende persiste, leurs ombres hantent encore les âmes qui osent les invoquer. Et sans le savoir, tu m'as ensorcelé.