Lilith, 14 septembre
Deux semaines se sont écoulées depuis la rentrée, et les cours n'ont jamais été aussi intenses. Maria et moi sommes devenues amies avec un joueur de hockey, Layan Weston. On se connaissait déjà vaguement, grâce à une fête l'année dernière — la seule à laquelle j'avais accepté d'accompagner ma meilleure amie. Layan était là, bien sûr.
— Lili ? C'est la première fois que je te vois aussi peu concentrée en cours de médecine légale, murmure Maria à côté de moi, sa voix à peine audible.
— Je suis juste un peu fatiguée, soufflai-je en réponse, les yeux rivés sur mon cahier.
Maria réprime un rire et presse sa main contre la mienne. Sa peau, naturellement glaciale, m'arrache un léger frisson.
— Tu devrais vraiment envisager de finir dans le lit d'un mec. Je ne sais pas... peut-être celui de Layan, susurra-t-elle avant de se racler discrètement la gorge, comme pour détourner l'attention d'une oreille indiscrète.
— T'es pas sérieuse ? chuchotai-je, scandalisée. Primo, ok, il est beau, mais il n'est clairement pas mon style. Et secundo, l'anatomie humaine ne m'intéresse qu'en médecine.
Menteuse. L'anatomie humaine m'intéresse bien plus que ça, mais certainement pas celle de Layan, pensai-je en silence.
Ces derniers temps, nous allions souvent le voir s'entraîner, après avoir traîné un peu au club de natation.
Mon regard avait fini par se poser sur lui plus souvent que je ne voulais l'admettre.
Un blond aux yeux verts, ponctués de nuances grisâtres, grand, et doté d'un corps sculpté qui se révélait à chaque fois qu'il retirait son maillot, après ses sessions de hockey. C'était lui qui accaparait mes pensées.
Non, c'était Victor Draven. Le fruit défendu.
Défendu par Anabella, mais depuis deux semaine, elle s'était fait discret et ni moi ni Maria avons su si c'était terminé entre ses deux-là.
Maria, toujours à l'affût de mes moindres réactions, me lança un regard espiègle.
— Oh, je vois... ce n'est donc pas Layan, mais Victor qui te fait cet effet, hein ? murmura-t-elle avec un sourire en coin.
Je rougis instantanément. Comment faisait-elle pour toujours deviner ?
— Arrête, Maria, tu délires, répondis-je en baissant les yeux vers mon cahier, faisant semblant de m'intéresser à nos notes sur l'autopsie du jour.
— Lilith, tu n'es pas très discrète, tu sais ? continua-t-elle doucement. Je t'ai vue le fixer la dernière fois, quand il est sorti de la patinoire. Je ne te juge pas, hein. Honnêtement, je te comprends. Il est... comment dire ? Magnétique.
Je restai silencieuse. Elle avait raison. Victor avait quelque chose de spécial. Il ne faisait jamais partie des groupes bruyants ou envahissants, mais on ne pouvait pas s'empêcher de le remarquer. Et chaque fois que nos regards s'étaient croisés, j'avais ressenti cette étrange sensation, comme si le monde ralentissait un instant.
— Tu te fais des films, Maria, lâchai-je enfin. Ce gars ne sait probablement même pas que j'existe.
— Si tu le dis, répondit-elle en haussant les épaules, un sourire malicieux toujours collé aux lèvres. Mais on sait toutes les deux que ça ne t'empêche pas de penser à lui...
Je soupirai. Peut-être que Maria avait raison. Peut-être que Victor Draven m'intriguait plus que je ne voulais l'admettre. Mais je n'avais pas le temps pour ça. Entre les cours de médecine, mes devoirs, et les aller et retour chez mes parents au Canada. Je n'avais aucune envie de me laisser distraire par un garçon, aussi attirant soit-il.
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Nuit des âmes
RomanceSalem, 1692. Les sorcières étaient traquées, condamnées et pendues sans pitié. Aujourd'hui, leur légende persiste, leurs ombres hantent encore les âmes qui osent les invoquer. Et sans le savoir, tu m'as ensorcelé.