Victor, 20 septembre
La seule chose que je peux dire, c'est qu'avoir Lilith dans la même pièce que moi – maintenant que je connais son prénom – fait naître en moi des pensées que je préférerais ignorer. Je jette un coup d'œil à la bosse sous mon pantalon, conséquence directe de sa présence. Sans hésiter, je ramène les fesses d'Anabella, assise sur moi, un peu plus près, comme si ça pouvait m'aider à détourner mes pensées. Peut-être que j'ai fait abstinence un peu trop longtemps.
— J'ai besoin de décompresser, murmuré-je à l'oreille de la blonde, tout en gardant mes yeux fixés sur la rousse. Lilith, assise à l'écart, semblait avoir mis de la distance entre elle et Layan, alors que mon meilleur ami était distrait par une autre fille – une brune à la poitrine généreuse avec qui il échangeait des regards provocants.
Pourquoi elle m'obsède autant ? Je serre un peu plus fort les hanches d'Anabella, mais ça ne suffit pas. Je veux Lilith. La frustration monte en moi, cette tension insupportable que je n'arrive pas à évacuer. Et pourtant, je n'ai aucun droit d'avoir ces pensées, pas avec Anabella sur mes genoux, ni avec la situation qui ne cesse de se compliquer.
Sans trop y réfléchir, Anabella se lève, attrape ma main pour m'inciter à la suivre. Elle a ce sourire satisfait, comme si elle savait déjà comment tout allait se dérouler. Aucune honte à ce qu'on soit sur le point de partir ensemble dans une chambre. Ce n'est pas la première soirée où ça se passe ainsi. Les autres savent ce qu'on fait, et je m'en fiche. Rien de nouveau.
Et pourtant, alors que je me lève, une dernière pensée me traverse l'esprit. Lilith. Je la cherche du regard une dernière fois avant de quitter le salon avec Anabella. Il y a quelque chose dans sa manière de me fixer tout à l'heure, une intensité que je n'arrive pas à oublier. Est-ce que je suis le seul à ressentir ça ?
Je détourne finalement le regard, suivant Anabella vers l'une des chambres, tentant de me persuader que tout cela n'a aucune importance. Rien de tout cela ne devrait me toucher.
Mais au fond de moi, je sais que Lilith a déjà commencé à envahir mon esprit. La haïr ou l'ignorer sera bien plus difficile maintenant que son nom résonne en moi.
— J'ai des préservatifs, plusieurs, murmure Anabella, se léchant sensuellement la lèvre supérieure.
Sans un mot, je saisis son cou fermement. Je n'ai pas la patience pour des préliminaires, autant aller droit au but. Assise sur le lit, Anabella lève les yeux vers moi, ses doigts effleurant ma braguette.
Mon souffle s'accélère alors qu'Anabella dézippe lentement, ses mouvements précis, presque calculés, mais je n'ai ni le temps ni l'envie de jouer. Mes doigts se resserrent brièvement autour de son cou, suffisamment pour lui faire comprendre que je ne suis pas d'humeur à attendre.
— Dépêche-toi, soufflé-je entre mes dents, la tension grandissant en moi.
Elle esquisse un sourire en coin, ses yeux capturant les miens avec une lueur provocante. Malgré sa soumission apparente, je sais qu'Anabella aime avoir ce pouvoir, cette emprise fugace sur moi. Pourtant, au fond, mes pensées s'échappent déjà. Lilith... elle occupe une place que je ne parviens pas à chasser, une ombre qui s'étend malgré moi.
Anabella continue de me provoquer, ses doigts jouant avec la fermeture éclair comme si elle contrôlait le rythme, mais je suis ailleurs. Même à cet instant, le visage de Lilith s'immisce dans mes pensées, rendant tout ça presque irréel, presque vide.
— Qu'est-ce que tu attends ? je lui demande, ma voix plus rauque, plus dure.
Elle ne répond pas. Ses yeux, remplis de désir, ne quittent pas les miens. Mais dans cet échange silencieux, l'image de Lilith s'impose de plus en plus, sa présence envahissant tout.
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Nuit des âmes
RomanceSalem, 1692. Les sorcières étaient traquées, condamnées et pendues sans pitié. Aujourd'hui, leur légende persiste, leurs ombres hantent encore les âmes qui osent les invoquer. Et sans le savoir, tu m'as ensorcelé.