Chapitre 8

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Je me trouvais dans le salon avec mes parents, confortablement installée sur le canapé, les yeux fixés sur l'écran. On regardait une comédie, un de ces films qui font toujours rire même quand on les a vus des dizaines de fois. Je me sentais presque détendue, comme si tous les événements récents s'étaient un peu estompés au fond de ma mémoire. Mais cette tranquillité ne dura pas longtemps.

Mon père attrapa la télécommande et changea de chaîne sans même nous demander notre avis. « Papa, on regardait encore le film... » protestai-je, à moitié en plaisantant.

Il ne m'écouta pas et zappa directement sur les nouvelles. « Il faut que je voie ce que le roi a à dire, c'est important, » déclara-t-il d'un ton qui ne laissait pas place à la discussion.

À l'écran, le roi de Valéria se tenait debout, imposant comme toujours, avec cette allure qui imposait le respect et la crainte. Il parlait avec une assurance tranquille, ses mots soigneusement choisis résonnaient dans la salle royale.

« Chers citoyens de Valéria, » annonça le roi, « la sélection pour choisir l'épouse du prince Elian aura lieu dans une semaine. Vingt jeunes filles, tirées au sort parmi les familles nobles et le peuple, participeront à cette compétition. Les défis s'étaleront sur une période d'un à deux ans, et à la fin, l'une d'elles deviendra l'épouse de notre prince. »

Mon cœur se mit à battre plus vite, une idée folle s'insinuant dans mon esprit. Je murmurai presque involontairement : « C'est ça... c'est le seul moyen... c'est notre chance. »

Mon père tourna brièvement les yeux vers moi, l'air de se demander ce que je pouvais bien vouloir dire par là, mais il n'ajouta rien. Les informations continuèrent de dérouler les détails de la sélection, insistant sur le fait que le prince Elian pourrait choisir sa future épouse à tout moment, s'il venait à trouver quelqu'un à son goût.

À peine l'annonce terminée, mon téléphone vibra dans ma poche. C'était Tsanta. Je décrochai rapidement, pressée de savoir ce qu'elle avait à dire.

« Lina, t'as entendu ça ? » me demanda-t-elle d'une voix excitée.

« Oui, je viens de voir l'annonce, » répondis-je, mon esprit bouillonnant déjà de mille pensées. « On a pensé à la même chose, hein ? »

« Évidemment. C'est notre seule chance d'accéder au palais, » déclara-t-elle. « Si on parvient à être sélectionnées, on pourra chercher les documents là-bas. Ils doivent forcément être quelque part dans le palais royal. »

Je sentis une poussée d'adrénaline monter en moi. « Mais comment on fait pour être tirées au sort ? Il doit bien y avoir un moyen d'augmenter nos chances... » Je savais que l'idée était risquée, et que les probabilités étaient minces, mais c'était une occasion inespérée.

« Il faut qu'on trouve un moyen de manipuler les tirages, ou peut-être de convaincre quelqu'un d'influencer les sélections. Mais il faut agir vite, » proposa Tsanta, son ton déterminé.

Je jetai un coup d'œil à mes parents, qui étaient absorbés par les informations, apparemment sans se douter de ce qui se tramait dans ma tête. « D'accord, on se retrouve demain à la bibliothèque, on élaborera un plan. »

Nous raccrochâmes, et je restai un moment perdue dans mes pensées, l'esprit tendu entre l'excitation et l'appréhension. C'était une opportunité dangereuse, mais si nous voulions percer les secrets de notre passé, nous devions être prêtes à prendre des risques.

Le lendemain, à la bibliothèque, Tsanta et moi étions de nouveau plongées dans les livres, mais cette fois-ci, nous n'étions pas à la recherche d'anciennes chroniques poussiéreuses. Nous cherchions un moyen de nous faire tirer au sort pour la sélection des vingt filles. Les chances étaient minces, et le temps jouait contre nous. Pourtant, une lueur d'espoir se dessinait.

Tsanta semblait nerveuse, mais aussi résolue. Elle me fixa avec une certaine hésitation, puis prit une profonde inspiration. « Lina, il y a quelque chose que je dois te dire. J'ai parlé à ma mère hier soir. »

Je fronçai les sourcils. « Ta mère ? Pourquoi ? »

« Ma mère... elle fait partie du conseil de la reine, » commença Tsanta. « C'est elle qui aide la reine à prendre certaines décisions importantes et qui s'occupe de certaines affaires du royaume. Je lui ai tout raconté sur notre découverte à la bibliothèque et l'histoire de nos familles. »

Je restai silencieuse, attendant la suite. Tsanta continua : « Officiellement, c'est mon devoir, en tant que descendante des Ravesco, d'aider les Altéris. Mais ma mère a décidé de s'en charger elle-même. Elle pense que ce serait trop risqué pour moi d'essayer de manipuler les tirages directement. »

« Mais... pourquoi ta mère ferait ça ? » demandai-je, surprise.

« Parce qu'elle veut le bien du royaume, » répondit Tsanta d'une voix calme mais ferme. « Même si ce n'est pas sa responsabilité directe, elle sait que la lignée d'Altéris a toujours eu un droit légitime au trône. Elle a toujours respecté cette tradition d'aider les héritiers légitimes, et même si c'est mon rôle aujourd'hui, elle veut s'assurer que rien ne soit laissé au hasard. »

Je ne pus m'empêcher de ressentir un mélange d'admiration et de gratitude. La mère de Tsanta n'avait aucune obligation de nous aider. Après tout, rien ne l'empêchait de rester à l'écart et de laisser le destin suivre son cours. Mais au lieu de cela, elle avait décidé d'agir pour le bien du royaume, convaincue que notre histoire pourrait changer l'avenir de Valéria.

« Elle a le pouvoir d'influencer le tirage au sort, » continua Tsanta. « C'est elle qui supervise le processus de sélection pour s'assurer que tout est fait dans les règles. Elle va s'arranger pour que nous fassions partie des vingt filles choisies. Ce n'est pas une manipulation, mais plutôt une manière de garantir que nous ayons une chance d'accomplir notre devoir. »

Je restai un moment silencieuse, absorbée par l'ampleur de ce que cela impliquait. Nous avions désormais une porte d'entrée vers le palais, et cela grâce à la mère de Tsanta. Mais je savais aussi que ce n'était qu'un début. Être sélectionnées ne nous garantissait pas l'accès aux documents que nous recherchions. Il faudrait jouer le jeu à la perfection, se comporter comme de vraies prétendantes au titre de princesse, et veiller à ne rien laisser paraître de nos véritables intentions.

« Alors, il faudra se comporter de manière irréprochable, » murmurai-je. « Montrer l'élégance, la personnalité et l'attitude dignes d'une future princesse... »

Tsanta hocha la tête, le regard déterminé. « C'est exactement ce qu'on va faire. Ma mère s'occupera du reste. Nous avons une chance de changer le cours de notre histoire, et je compte bien la saisir. »

L'idée que la mère de Tsanta joue un rôle si crucial dans notre plan me donnait un regain de confiance. Avec elle de notre côté, nous avions enfin une possibilité d'atteindre notre but. Il nous restait maintenant à nous préparer, à faire en sorte que notre comportement ne laisse rien transparaître, et à attendre le jour de la sélection.

les aventures de Lina et TsantaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant