les aventures de Lina et Tsanta

Untitled Part 10

Dans la peau de Lina

Le jour tant attendu était enfin arrivé. Tout le royaume de Valéria était suspendu à ses écrans, suivant en direct la cérémonie de la sélection. Dans chaque maison, chaque boutique, et même dans les rues, les gens s'étaient rassemblés pour écouter le discours du roi et découvrir les noms des vingt filles qui allaient rejoindre le palais.

Chez moi, la tension était palpable. Mes parents étaient assis à mes côtés dans le salon, et bien que l'ambiance semblait détendue, je pouvais sentir l'inquiétude et l'excitation mêlées en moi. Si tout se passait comme prévu, Tsanta et moi serions tirées au sort. C'était notre chance, notre seul moyen d'entrer dans le palais et de trouver les documents que nous cherchions.

Sur l'écran, le roi apparut enfin, vêtu de son habit royal, un sourire majestueux dessiné sur ses lèvres. Il commença son discours, remerciant le peuple de Valéria pour leur patience et leur fidélité. Il rappela les traditions séculaires de la sélection, qui se perpétuaient à chaque génération de princes. Sa voix grave et imposante résonnait à travers les haut-parleurs, emplissant la pièce d'une atmosphère solennelle.

« Aujourd'hui, » déclara le roi, « nous perpétuons une tradition ancienne qui garantit l'unité et la prospérité de notre royaume. Le processus de sélection des vingt jeunes filles est un événement majeur dans la vie de Valéria, un événement qui permettra au prince de choisir une future princesse, non seulement pour sa beauté, mais aussi pour son comportement, son élégance, et sa dignité. »

Il poursuivit, évoquant l'honneur que cela représentait pour les familles des sélectionnées et le rôle important que chacune de ces jeunes filles jouerait dans les prochains mois, voire les prochaines années. Cependant, il ne révéla aucun détail sur ce qui attendait les filles au palais. Tout ce qu'il laissait entendre, c'était que les défis se dérouleraient naturellement dans le cadre de leur vie au sein du palais royal.

Enfin, le moment tant attendu arriva. Le roi se tourna vers le prince, qui était resté immobile à ses côtés tout au long du discours. Le jeune homme s'avança vers le micro, son expression figée, son regard impassible. Il ne semblait faire aucun effort pour sourire, son visage de marbre laissant transparaître une froide indifférence.

Le silence s'installa dans le royaume, chaque habitant retenait son souffle. J'étais figée devant l'écran, mes mains moites de nervosité. C'était le moment crucial, celui qui allait décider de notre avenir.

Le prince, d'une voix calme et posée, prit la parole : « Les vingt jeunes filles sélectionnées pour rejoindre le palais sont... »

Mon cœur battait si fort que j'avais l'impression qu'il allait exploser. Chaque mot du prince me semblait durer une éternité, et l'attente était insupportable.

Dans la peau de Elian

Je pris une inspiration silencieuse en m'avançant vers le micro, ressentant le poids des regards de tout le royaume braqués sur moi. Le discours de mon père m'avait laissé de marbre ; cette tradition de choisir une épouse parmi vingt inconnues me paraissait insupportable. J'avais espéré pouvoir retarder encore un peu cette farce, mais le roi avait été clair : il était temps pour moi de me plier aux attentes de Valéria.

Je serrai la liste dans ma main. Ces vingt noms représentaient des vies, des rêves, et pourtant, pour moi, ils n'étaient que des inconnues sélectionnées au hasard. D'un ton posé, presque détaché, je commençai l'annonce.

« La première sélectionnée est... Ysaline Belrose. »

La seconde de silence fut rapidement suivie de murmures dans la salle du trône et, sans doute, dans les foyers de Valéria. Je savais que chaque nom que je prononcerais ce soir allait déclencher une vague de réactions. Il n'y avait rien de moins intime que de choisir une épouse de cette manière, et pourtant je continuai.

« La deuxième est... Lina d'Althéris. »

Je poursuivis, ma voix monotone dénuée de toute émotion.

« La troisième, Morgane Villefort.
La quatrième, Arielle de Marcombe.
La cinquième, Sylvie Duval.
La sixième, Éloïse Caradec.
La septième, Mireille Lavergne.
La huitième, Faïza Duroc.
La neuvième, Isabelle Touraine.
La dixième, Thérèse Valmont.
La onzième, Sarah Bouchard.
La douzième, Marguerite Lamartine.
La treizième, Diane Rives.
La quatorzième, Amandine Falquet.
La quinzième, Louane Roux.
La seizième, Mathilde Beaumont.
La dix-septième, Manon Verneuil.
La dix-huitième, Émilie Chapelle.
La dix-neuvième, Tsanta Ravesco.
La vingtième, Claire Lamoureux. »

Je terminai la lecture des noms, chacun me paraissant aussi lointain que les précédents. Tout ce que je voyais dans ces mots, c'était une liste de tâches à accomplir, un chemin imposé que je n'avais aucunement envie d'emprunter.

La tradition voulait que je passe les prochains mois, peut-être même les prochaines années, entouré de ces jeunes femmes, observant leur comportement, scrutant leur élégance et leur dignité. Elles allaient vivre dans le palais, sous les regards de la cour, tandis que chacun de leurs gestes, chaque sourire ou faux pas serait évalué et discuté. Je savais qu'on attendait de moi d'observer, de juger, de trouver celle qui saurait incarner l'image de la future princesse de Valéria. Et pourtant, je ne pouvais m'empêcher de ressentir une profonde lassitude face à tout cela.

Je levai enfin les yeux, mon regard se posant brièvement sur les visages attentifs de l'assemblée, cherchant une quelconque échappatoire à cette responsabilité. Mais je savais qu'aucune résistance ne servirait ; ce choix n'était pas le mien, et la volonté de mon père ne me laissait aucune alternative.

Je conclus l'annonce d'un ton sec, m'efforçant de masquer mon irritation.

Dans la peau de Tsanta

Quand j'entendis mon nom prononcé par le prince Elian à la télévision, un frisson me traversa. J'étais officiellement sélectionnée pour cette fameuse "sélection". Ma première pensée ne fut même pas pour Elian ou pour la compétition, mais pour Lina. Ça y est, notre plan pouvait se dérouler comme prévu ! En étant au palais, nous allions avoir la possibilité de chercher les documents cachés, d'explorer les recoins interdits, d'accéder à ce qu'on n'aurait jamais pu voir autrement.

J'attrapai mon téléphone et composai le numéro de Lina, mon cœur battant d'une étrange excitation. Dès qu'elle décrocha, je ne perdis pas une seconde.

« Lina ! T'as entendu ?! » dis-je, presque en criant dans le combiné.

Elle ne répondit pas tout de suite, mais je pouvais deviner qu'elle était aussi en train de digérer la nouvelle.

« Oui... » finit-elle par dire, sa voix calme masquant mal une pointe de nervosité. « On y est, Tsanta. Ça va être notre chance de tout découvrir. »

Un sourire s'étira sur mes lèvres. C'était ça qui comptait, rien d'autre. Je n'avais aucune envie de jouer les princesses ou de me prêter à ces jeux de cour ridicules pour attirer l'attention d'un prince, et je savais que Lina partageait ce sentiment.

« Je ne suis pas là pour jouer la comédie devant un prince, » lançai-je en riant. « Franchement, qu'est-ce qu'on en a à faire de lui ? »

Lina éclata de rire à son tour, et j'eus l'impression qu'on revenait à nous, qu'on redevenait simplement deux amies unies dans une mission secrète, loin de toutes les formalités qu'on s'apprêtait à affronter.

« Oui, c'est clair, » approuva-t-elle. « Et d'ailleurs, s'ils attendent qu'on se comporte comme des princesses, ils vont être déçus. »

On se mit à parler rapidement de tout ce qu'il nous faudrait pour notre séjour là-bas, de ce qu'il nous faudrait emporter pour supporter cette longue période au palais. Les valises devraient être prêtes rapidement, et tout serait à la hauteur de ce qu'on pourrait attendre de nous — de quoi passer inaperçues pour pouvoir mener notre mission sans attirer l'attention.

« Bon, allez, on a du boulot ! » déclarai-je d'un ton résolu. « Prépare tes affaires, le train pour le palais part bientôt. J'ai l'impression que ça va être une sacrée aventure. »

En raccrochant, un mélange d'impatience et de détermination se déployait en moi. Nous allions entrer dans la gueule du loup, mais ensemble, Lina et moi, nous étions prêtes à affronter le palais pour découvrir la vérité, peu importe ce que cela nous coûterait.