Cela fait maintenant un mois que Lou fait partie de nos vies. De ma vie. Et bordel, chaque jour, j'ai besoin de ma dose d'elle un peu plus. J'ai besoin de sentir l'odeur de son shampoing se promener dans mon appartement. J'ai besoin de la voir au réveil, les cheveux encore en l'air et le plie de l'oreiller sur la joue comme si sa nuit était la meilleure qu'elle venait de passer depuis des décennies. J'aime la voir se trimballer comme un zombie la nuit dans l'un de mes t-shirts pour aller pisser et retourner se coucher sans avoir remarqué ma présence. J'aime l'entendre fredonner quand elle se pense seule, un casque sur les oreilles, ses fesses bombées remuant en rythme avec la mélodie alors qu'elle est en train de cuisiner ou de faire un brin de ménage ou même juste en train de rien faire. C'est comme une addiction, même si je m'oblige à garder mes distances, refusant d'approcher, tout en ayant laissé tomber cette idiote d'Oria, qui rumine son chewing-gum comme une vache avec ses huit estomacs. Ses excuses m'insupportent, mais au moins, elle a cessé de poser problème et évite Lou comme si elle était porteuse de la pire des maladies infectieuses. Elle se tient en retrait mais je sais aussi pertinemment que cela peut être de mauvaise augure et que possiblement Lou pourrait encore faire les frais de sa vengeance, alors je reste prudent, je zieute, j'analyse et si de l'extérieur cela peut faire croire que je suis attentionné aux mouvements de bécassine intérieurement je boue. Je rêve de la mettre à la porte et d'enfin m'en débarrasser. Oria est une bonne journaliste mais une très mauvaise femme. Elle est manipulatrice et c'est sûrement un défaut professionnel qui empiète sur son personnel mais ça fait aussi d'elle un mauvais coup. Elle jouie trop rapidement. Elle coince comme un truie et rien n'est sensuel en elle. Elle ne veut jamais rien faire de spécial, toujours la même position ... Je plains celui qui l'a baise à ma place ...
Lou, quant à elle, reste silencieuse, mais je la sens s'acclimater peu à peu à notre monde. Si ses levres n'ont pas encore prononcé de vrai mots, des sons commencent à en sortir et c'est putain de jouissif. Le son de ses cordes vocales est doux, apaisant, on pourrait presque dire angélique... Mais une ombre peint notre tableau idyllique, on vit dans le mensonge. Ange l'a convaincue que je suis un PDG respectable, un magnat des télécommunications, et que lui est mon bras droit ce qui en soit n'est pas entièrement une supercherie mais la vérité entière est bien plus sombre. Seule Maria a gardé son statut, elle est mon avocate. Sur le papier, je gère quelques actions ici et là, mais la réalité, c'est que je suis un trafiquant de drogue et que pour mes amis de la police, je suis ce qu'il appelle un gros poisson... Digne descendant d'un baron de la drogue... Je suis la cible à abattre! Je gagne mon argent illégalement et je le réinjecte dans des sociétés viable ou écran ... Canal de panama est mon meilleur ami, enfin surtout celui de mon argent. Mon banquier n'a jamais vu ma tête et ne sait même pas que l'identité que Maria lui a déclinée est fausse...
Mais je sais qu'elle a sûrement déjà deviné que quelque chose cloche. Quel homme d'affaires porte une arme en permanence, chargée et prête à tirer ? Je sais qu'elle y a prêté attention car même si je m'efforce de la cacher et de ne l'enfiler que dans ma chambre, Lou m'a déjà surpris en train de l'enfiler en venant me rejoindre dans ma chambre ... Et même si elle n'a rien dit, forcément vu qu'aucun mot ne passe la barrière de ses lèvres pour le moment, son regard en dit long. J'obéis aux ordres de son frère pour le coup mais je n'aime pas devoir lui cacher qui je suis en vrai. Je n'aime pas démarrer notre "relation" sur ce mensonge.