Maman,
Ça fait longtemps.... J'avais des choses à comprendre... J'ai laissé le temps défiler .... Mais tu aurais dû la voir virevolter dans les airs. Ses cheveux brisant l'oxygène qui nous entourait. Son corps fendre les électrons qui se meuvent autour de nous, invisibles... Les aiguilles du temps se sont arrêtées .
Mon air s'est raréfié alors que mon cœur a emporté tout le sang que contient mon corps. Elle m'a scié les jambes, maman. J'ai cru que la mort était venue me chercher et que j'étais enfin en paix, que tout ce qui pèse sur mes épaules avaient disparus, j'ai cru être enfin libéré, maman mais quand ce sale con à osé posé les mains sur elle, j'ai essayé de retenir ma rage, je te le promet, j'ai combattu les démons de ma noirceur, mais c'était plus fort que moi, j'ai eu besoin de voir la mort dans les yeux de ce sale type... Est-ce qu'avec le temps on arrive à poser des mots sur ce que l'on ressent ?
Comment on fait maman ? Parce que moi pour lui faire comprendre, j'ai frappé, fort, voulant lui ôter l'air qu'il lui avait dérobé, parce qu'elle doit respirer, plus que moi, plus que tout le monde entier.. Elle n'a pas le droit de succomber maman. Elle a essayé de me sortir la tête de l'eau, elle s'est mise entre lui et moi, mais pas pour le protéger lui mais pour m'aider moi maman ! Tu rends comptes ? Elle ne me connais pas et elle m'aide moi?! Je crois que j'ai succomber maman ! Et je ne sais pas comment je dois gérer tout ça ! J'aimerais que tu sois là pour me dire comment faire... Tu aurais pu lui parler et lui expliquer comment j'ai grandi... La peur qui a animé mon enfance et finalement qui a été remplacée par la terreur à mon adolescence. Papa m'a appris à tuer en bruit ou en silence, il a fait de moi, un bras droit parfait et pourtant je n'en peux plus maman. Je veux tout plaquer, la prendre sur mon épaule et refaire ma vie en Laponie. Je suis persuadé qu'elle adorerait le pays du père Noël.
Et puis il s'est passé quelque chose ... j'ai ... Comme je ne l'avais pas fait depuis longtemps, j'ai respiré et je l'ai embrassé. J'ai merdé. J'ai posé mes lèvres sur les siennes et je n'aurais jamais dû faire cela, parce que si je recommence une nouvelle fois, je ne la laisserai plus jamais partir et je la ferais sombrer avec moi, maman, comme toi même tu as sombré pour moi ...
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Son souffle régulier emplit la pièce, et je la regarde, mes yeux ancrés sur la silhouette de son corps enfoncé dans les draps, paisible, endormie sur le matelas de cette pièce de 80m2. Cet endroit me sert de refuge, un lieu où je viens quand je n'ai pas envie de rentrer chez moi, ou quand le danger rôde de trop près. Ce qui, jusqu'à présent, n'est jamais devenu assez sérieux pour m'y pousser vraiment. Les tentatives d'assassinat, j'en ai essuyé — c'est presque banal. Mon père et mon frère étant d'ailleurs en tête de ceux qui aimeraient me voir disparaître... Alors merci, grand-père, d'avoir su que je serais le plus humble dans ce trio infernal. Merci d'avoir écouté ta propre fille, même si cela vous a menés tous les deux à la mort. Je te promets que je fais tout ce qui est en mon pouvoir pour honorer votre mémoire, à toi et à elle...