Trop Jeune Pour Aimer Tome 2

Chapitre IX

Accompagnée de Lily, je franchissais la porte d'une belle maison insolite, entre nature et farniente.
À l'intérieur, on ressentait une atmosphère paisible où le plancher en bois rénové se mêle à des murs et plafonds repeints en blanc.
De la salle à manger aux baies vitrées de la véranda, toutes les pièces de la maison permettent de profiter du paysage naturel.
À l'arrière, elle est recouverte de bardeaux sciés, soulignés par des claustras en bois qui bordent la terrasse.
L'escalier respire le naturel grâce à son immense jardin qui me laisse sans voix.
C'est la maison d'un grand chirurgien qui avait une excellente réputation pour sa chirurgie esthétique.

L'ambiance était décontractée, pourtant je ne me sentais pas à l'aise. J'étais nerveuse à l'idée de rencontrer la femme de Cameron.
Lily et moi restions plantées devant la porte d'entrée, intimidées, n'osant pas rejoindre ce grand monde. Tout à coup, une jolie blonde qui ne passe pas inaperçue s'approche de nous.

_Bienvenue ! Lance-t-elle fièrement.

Lily se penche légèrement vers mon oreille et chuchote :
_C'est la femme du chirurgien, Claudia.

Je lui souris aimablement.

_Venez, ne restez pas à l'entrée, nous invite-t-elle en se glissant entre nous pour nous conduire jusqu'au salon.

Dex est déjà là, lorsque son regard se posa sur Lily, son visage s'illumine.
Elle lui sourit en rougissant.
Je ris doucement en la regardant se comporter comme une adolescente découvrant son amoureux.

Nous avançons vers le séjour et je suis surprise de voir qu'il y avait autant de monde. Sont-ils tous médecins?

_N'hésitez pas à vous servir, proposa Claudia en faisant un signe de la main vers le buffet, avec un sourire chaleureux.

Je tourne les yeux vers la fenêtre et je découvre un buffet rempli de bonnes choses à manger.
De délicieux amuse-bouches de toutes les formes et de toutes les couleurs.

Soudain, Lily me prend par le bras et me regarde droit dans les yeux.
_Cameron vient d'arriver, me dit-elle.

Je peine à avaler ma salive.
Le moment de vérité est arrivé.
Je respire profondément, prends une gorgée de vin pour me donner du courage avant de lui faire face.
Je tourne lentement la tête, l'estomac noué.

Et soudain, ma mâchoire inférieure s'affaisse en apercevant sa femme.
Elle est ravissante, bien loin de ce à quoi je m'attendais.
Dans la trentaine, brune à la peau dorée, des yeux immenses bordés de longs cils noirs et une sublime crinière ondulée.
Elle porte une robe noire ultra-moulante.
Et son corps, sculpté comme celui d'une déesse.
Où sont passées les rondeurs de sa grossesse ?
Elle a pourtant eu un enfant.
Moi, depuis mon accouchement, je n'ai jamais réussi à perdre mes kilos en trop.

Je me retourne brusquement, fixant Lily qui affiche une mine désolée.
_Elle est sublime, hein, dit-elle.

Elle est plus que sublime. C'est un vrai top modèle, cette fille.

_Mince, reprit Lily. Ils viennent vers nous, me dit-elle tout bas en tournant le dos.

Cameron se dirige vers nous, suivi de sa femme.
Il commence par saluer Lily, qui se retourne en faisant mine d'être surprise.
Puis il s'approche de moi pour me faire la bise.
Ses doigts me frôlent doucement la hanche et me donnent de légers frissons.

Je n'avais qu'une envie, fuir, loin, très loin de lui et de sa femme.
Je voulais retrouver Colin, le serrer dans mes bras et oublier qu'il était marié à cette déesse.
Je me mordis l'intérieur de la joue pour rester présente et ne pas prendre mes jambes à mon cou.
Je me raclai la gorge en essayant de faire abstraction de la jalousie qui me gagnait.
_Bonjour, dis-je en m'efforçant d'avoir l'air normal.
J'aperçus un mince sourire gêné sur le visage de Cameron.
Il s'écarta de sa femme en me jetant un rapide regard.
Je crois qu'il ne s'attendait pas à me voir ce soir.

_Sydney, je te présente Sarah et Lily, dit-il.

En souriant, la jeune femme, répond :
_C'est toi, Sarah. Cameron m'a dit que vous étiez son professeur.

J'écarquille les yeux, surprise.
Une minute, temps mort!
Il ne lui a quand même pas dit que nous sommes sortis ensemble ??
Lily, qui est toujours à mes côtés, reste sans voix à cette révélation.
Je crois même voir sa bouche s'ouvrir tellement elle est choquée.

_Il était comment en classe ? Continue-t-elle.

Je soupire de soulagement en comprenant qu'il a gardé ce petit détail pour lui.
Pour Sydney, j'étais uniquement son professeur, point barre.

J'échange un regard avec Lily avant de répondre.
_C'était un très bon élève, sérieux, lui dis-je d'une voix blanche, comme si je me parlais à moi-même.

Ses yeux bleus s'accrochèrent aux miens et son regard s'illumine d'une lueur indéchiffrable.
Je ressens une boule de désir naître au creux de mon bas-ventre.
Sydney rompt soudain cette connexion en glissant sa main autour de son bras.
Pour dissimuler mon trouble, je bois à nouveau une gorgée de vin.

_Je savais que mon homme était sérieux sinon jamais il ne serait devenu médecin, rit-elle.
Puis mon regard suivis Sydney, qui se hisse sur ses pieds pour embrasser Cameron.

Je baisse immédiatement les yeux.
Je ne devais pas ressentir cette jalousie.
Cela fait des années que nous sommes séparés.
Pourquoi était-il toujours aussi douloureux de le voir avec une autre femme ?
Je pris une profonde inspiration pour me reprendre.
Soudain, j'entends une voix de petite fille.
Je relève les yeux et aperçois une petite tête blonde, elle court vers Cameron.

Instinctivement, je fis un pas en arrière.
Comment survivre à cette soirée ?
Sa femme, maintenant c'est sa fille qui apparaît.

Cameron me regarde, dépité, avant de soulever sa fille dans ses bras.
_Mon ange, lui dit-il d'une voix douce.

Elle s'agrippe très fort à son cou.
Elle aussi était parfaite, jolie, souriante.
Cependant, je remarque qu'elle avait les mêmes yeux que Colin, le même regard.
Mon fils avait une petite sœur.

Sydney la prend dans ses bras.
_Je vais te ramener à la maison,dit-elle en souriant.

Je réalise que ce n'était plus le Cameron que je connaissais.
Il était devenu un père de famille attentionné envers sa fille.
Il était marié à une femme magnifique.
Je baisse la tête, le regard perdu dans le vide, l'air mélancolique.
Je n'aurais jamais dû venir ce soir, cela m'a fait plus de mal que de bien.
La jalousie me rongeait en le découvrant avec sa parfaite petite famille.

***