Chapitre 1

380 77 66
                                    

Anna

— Oh là là !

Je me rattrape in extrémiste à l'étagère en jetant pour ainsi dire le carton dessus. Je souffle et m'essuie le front après cette bouffée d'adrénaline. Il ne faudrait pas que je me casse la cheville alors que j'ai la boutique à faire tourner. Je descends de l'escabeau et suis ravie de constater que c'était le dernier.

Nous sommes fin janvier, et avec Amélia, nous venons seulement de ranger toutes les décorations de Noël. Il est essentiel de dire que j'ai sorti le grand jeu avec tout ce qui a pu se passer l'année dernière. Tout le monde avait besoin de se changer les idées, même si je sais que certains sujets restent dans la tête de chacun d'entre nous.

— Tout va bien ?

Je sursaute et relève la tête vers ma nouvelle associée, et toujours amie. Amélia a souhaité investir dans ma boutique, et bien évidemment, je n'ai pas refusé. Cela nous a permis d'agrandir la collection de vêtements ainsi que l'arrière-boutique de customisation.

— Absolument, je lui réponds en souriant, c'était le dernier.

Elle hoche la tête en me rendant mon sourire puis retourne dans la boutique. J'éteins la lumière de la réserve avant de lui emboîter le pas. Amélia tente de donner le change, mais parfois, je vois dans ses yeux une étincelle nouvelle depuis Laïa.

De l'inquiétude.

Et depuis que les travaux ont commencé au club, je la trouve sur les nerfs en permanence. Après, je me souviens que quand mes parents avaient entrepris les travaux d'agrandissement chez nous, cela provoquait beaucoup de disputes entre eux. Heureusement, ces disputes n'ont pas mené à leur séparation, ça les a même rapprochés encore plus.

Alors, avec le chantier titanesque chez eux, je n'ose imaginer ce qu'il s'y passe. Cependant, Amélia étant mon amie la plus proche, je lui demande :

— Comment avancent les travaux, au fait ?

Amélia lance un rire sans joie en secouant la tête, ce qui me fait pouffer. Elle ouvre assez vivement un carton au cutter pour déballer l'arrivée du jour.

— Les travaux ! Parlons-en, tiens ! Ils vont me rendre dingue, Anna. Je te jure.

Je la rejoins pour l'aider à accrocher les vêtements sur les présentoirs.

— Six mois qu'ils avaient dit au départ ! Mais tu crois que dans trois mois ils auront terminé, toi ? Mon œil, oui !

— Amélia..., commencé-je en secouant la tête, es-tu sûr que c'est le véritable fond du problème ?

— Comment ça ?

— Je ne sais pas. Chaque fois qu'on en parle, tu te braques... Je me pose juste la question de savoir si ce n'est pas plus profond qu'un retard de chantier.

Je la vois se tendre avant de se figer. Je continue de ranger en la gardant à l'œil jusqu'à l'entendre souffler et relâcher ce qu'elle avait en main.

— T'as raison, acquiesce-t-elle en s'asseyant sur un pouf, j'ai un blocage avec cette maison. Après tout, la dernière fois que j'ai eu ma maison avec un homme... cela ne s'est pas bien terminé.

— Oh, Lia, je ne voulais pas...

Elle m'arrête d'une main en balayant mon début d'excuse.

— Ce n'est rien, vraiment, et en plus, avec tout ce qui a pu se passer...

— Le changement te stresse.

Elle relève ses yeux dans les miens et me sourit en coin.

— Exactement. J'aime bien être au club, entourée de tous les garçons, je n'ai pas envie que ça change.

J'acquiesce en accrochant un collier sur le mannequin. Je comprends ses angoisses, tout ce qu'elle dit est légitime.

— Rien ne changera, Amélia, et tiens-toi prête à continuer de faire à manger pour un régiment entier, car ce n'est pas une nouvelle porte d'entrée qui va les arrêter, surtout pas Sniper.

Cela a au moins le mérite de la faire rire, sauf qu'elle perd vite son sourire.

— On s'est disputé avec Liam, m'avoue-t-elle, ce qui a pour mérite de m'interloquer. Je n'ai pas très bien réagi quand il m'a annoncé qu'il allait nous construire une maison. Je n'ai pas explosé de joie, tout au contraire. J'ai eu peur, Anna. Et forcément, ça l'a blessé que je ne régisse pas comme il l'aurait espéré.

— Et aujourd'hui, vous êtes toujours en froid ? je l'interroge en m'approchant d'elle.

Elle inspire en se relevant, et je suis contente de voir son visage se détendre.

— Non. Il a réussi à me tirer les mots que je n'arrivais pas à exprimer et il m'a laissé le choix de la suite. Soit on arrêtait les travaux, soit on confrontait ma peur ensemble.

Plus qu'impatiente de connaitre la suite, je la pousse légèrement, ce qui agrandit son sourire.

— Et j'en déduis que tu as choisi la deuxième option, alors ?

Elle hoche la tête.

— Puis je l'ai sucé, m'indique-t-elle simplement en haussant une épaule.

Amélia reprend les vêtements pour continuer la mise en rayons, alors que je reste la bouche ouverte. J'éclate de rire une fois mon choc passé.

— Amélia ! je m'exclame, alors qu'elle se mêle à mon rire.

C'est ce que j'aime chez cette fille. Elle est spontanée et authentique, ce qui fut un véritable coup de cœur amicale.

Nous reprenons notre tâche dans un silence confortable, quand je décide de changer de sujet.

— Au fait, j'ai un rencard ce soir.

The Sliders, Tome 3 [ EN COURS DE PUBLICATION ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant