Chapitre 2

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Anna

Amélia se retourne en me regardant avec des yeux ronds avant de se précipiter dans ma direction.

— Comment ça !? s'exclame-t-elle en m'attrapant le bras.

— Calme-toi ! je ricane.

Elle nous amène derrière la caisse pour m'interroger.

— Raconte-moi, je veux tout savoir, espèce de petite cachotière, dit-elle avec excitation en m'assénant une petite tape sur l'épaule comme réprimande.

— D'accord, c'est bon ! Pas besoin de me faire un bleu non plus ! je réplique en me frottant l'endroit faiblement douloureux.

Amélia lève les yeux au ciel, avant de croiser ses bras sur sa poitrine et de me regarder franchement.

— La semaine dernière, quand tu avais pris ta matinée de repos, le livreur est venu me déposer le colis qui avait du retard, je lui explique. Tu connais ma maladresse légendaire, j'ai trébuché sur le trottoir et le carton s'est éclaté sur le sol. J'allais suivre le même chemin quand une main ferme m'a retenue et, sans que je comprenne, je me suis retrouvée contre un torse. Je me suis confondue en excuse, Amélia. J'étais mortifiée, mais lui m'a gentiment proposé de me déposer le carton à l'intérieur du magasin. De là, nous avons discuté un peu, et il s'avère qu'il vient d'ouvrir une nouvelle salle de sport dans la ville voisine.

— J'en ai entendu parler ! déclare-t-elle d'un ton haut perché. À ce qu'il parait, elle est à la pointe de la technologie.

— Avec son collègue, ils ont développé leur propre application, j'acquiesce. Et de fil en aiguille, il m'a invité à la soirée d'inauguration.

— J'adore ! Et, il s'appelle comment ce bel athlète ? me demande-t-elle en jouant des sourcils.

— Luc Rawl, souris-je.

Amélia ricane en sautillant sur place tandis que je glousse. Je n'ai jamais été du style à m'épancher sur les hommes, mais avec Amélia, c'est différent. Elle a cette aura qui fait qu'elle vous donne envie de vous confier à elle. C'est inéluctable, quoi qu'il vous arrive, vous aurez envie de lui raconter.

— T'es nerveuse ?

J'acquiesce timidement la tête.

— Il est super sympa, soufflé-je en sentant mes joues rougir. Et il a l'air de vraiment vouloir faire bouger les choses dans le coin, mais... tu sais... ça fait longtemps quoi.

Amélia me hoche la tête pour m'encourager, et je souris à mon tour.

— Ça va le faire, je le sens, dit-elle avec assurance. Parle-lui de ta boutique, tu es tellement passionnée qu'il le ressentira.

Cela me fait réfléchir alors que je m'active à ranger encore un peu le magasin. Je me rappelle la première fois où j'ai ouvert cette boutique, de l'excitation mêlée à la peur que j'éprouvais. Les rêves, les espoirs, tout cela a pris vie ici, dans ce petit espace que j'ai créé.

— J'aimerais vraiment partager ça avec un homme, lui confie-je. Après tout ce travail, il serait agréable de voir quelqu'un s'y intéresser autant que moi et me soutienne.

Amélia me regarde avec un sourire compréhensif, et j'apprécie la façon dont elle sait exactement ce dont j'ai besoin d'entendre.

— Juste sois toi-même, Anna. C'est ce qui est le plus important. Tu as cette énergie qui attire les gens.

Cela me réchauffe le cœur. J'ai toujours eu l'impression que ma passion pour la mode et le style pouvait inspirer les autres, mais entendre cela de la part d'Amélia me donne un coup de fouet. Je me demande si Luc pourra voir cette facette de moi, celle qui s'illumine quand je parle de mes créations.

— Tu sais que j'ai vraiment de la chance que tu sois dans ma vie ? lui demandé-je, taquine.

— Oh ça, je sais, me répond-t-elle d'un ton faussement hautain.

Nous continuons de ranger le magasin, remplissant l'espace de rires et de souvenirs. La discussion sur Luc m'a enlevé un poids de mes épaules. À mesure que je me concentre sur les vêtements et les accessoires, je réalise que l'excitation de la soirée approche. Peut-être que c'est le début de quelque chose de nouveau, pas seulement pour moi, mais pour la boutique aussi.

En fin de journée, Fear vient chercher Amélia, et je refuse leurs invitations pour la soirée, préférant rentrer me reposer. Quand je ferme la boutique à clef, la nuit est tombée. Les lampadaires extérieurs diffusent une douce lumière sur l'avenue, et quelques feuilles mortes volent sur le trottoir poussées par le vent frais de l'hiver, alors que j'admire ma devanture.

Elle m'est apparue dans un rêve alors que je n'avais que dix-sept ans. Je me souviens que j'ai sauté de mon lit en pleine nuit pour aller la dessiner sur mon ancien bureau d'adolescente. Quand je repense au parcours que j'ai fait depuis, un sentiment d'accomplissement m'emplit le corps.

J'ai réussi à réaliser mon rêve, j'ai des parents quime soutiennent depuis toujours, des amis extraordinaires, et je me sens chanceuse. 

The Sliders, Tome 3 [ EN COURS DE PUBLICATION ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant