Dix-Sept ans plus tôt.
En cette nuit de novembre, de petits flocons commençaient à tomber du ciel. Les premiers de cette période. Ils zigzaguaient au gré du vent, formant des tourbillons et des acrobaties, avant de venir s'écraser sur le sol. En peu de temps, le trottoir de ce petit quartier de Greensboro se retrouva habillé d'une belle couche de neige.
Bientôt, les habitants se réveilleraient et découvriraient un magnifique paysage tout de blanc recouvert. Ils s'émerveilleraient devant la venue de cette saison que tant de monde chérit. Cela orienterait des débats animés sur l'organisation de Thanksgiving ou encore de Noël. Les enfants iraient enfiler écharpes, bonnets ainsi que des gants pour rejoindre leurs camarades, et cela donnerait lieu à d'infinies batailles de boules de neige. Certainement que leurs mamans leur donneraient une carotte avec générosité, pour qu'ils construisent le plus grand et le plus beau des bonhommes de neige du quartier, et elles seraient plus qu'heureuses de rendre leurs vies encore plus belles.
Effectivement, tous attendaient cette saison avec impatience.
Tous, sauf un.
Au coin d'une rue, se dressait une petite maison faite de briques rouges, et tout comme les autres, son toit marron se coloriait progressivement en blanc. Le parterre de fleurs qui menait à l'entrée du logement semblait avoir été laissé à l'abandon depuis un moment, et sur le porche traînait une vieille paire de baskets usée, dont les semelles étaient trouées. Cette maison était l'une des seules qui ne serait pas décorée dans ce quartier, comme cela avait été le cas depuis que la famille avait emménagé.
Dans l'ombre de la fenêtre du dernier étage, un jeune garçon observait la neige tournoyer à l'extérieur. Il se tenait debout dans le noir, vêtu d'un pull comme pyjama. Son réveil n'avait pas encore sonné, mais la mauvaise isolation des murs n'avait pas réussi à l'isoler du grincement qu'émettait la balançoire rouillée soulevée par le vent. Sa chambre ne ressemblait pas non plus à celle d'un enfant âgé de seulement neuf ans. L'espace disposait d'un lit en fer avec un matelas, un oreiller et une simple couverture. Une armoire qui commençait à tanguer sur la gauche, trônait dans un coin de la pièce. La seule touche enfantine de cette chambre était un ours en peluche qui occupait le bout de son lit depuis toujours.
La colère évoluait autour de l'enfant solitaire de la petite maison en brique rouge de Greensboro, alors qu'il s'imaginait la journée qui allait commencer d'ici peu. Sa maman occupait plusieurs travails pour subvenir à leurs besoins, même si malheureusement, elle n'amassait pas assez d'argent pour réparer l'isolation, ou ne pouvait offrir une nouvelle paire de basket à son fils. Elle lui répétait souvent que les choses changeraient bientôt. Sauf qu'en cet instant, tandis que le garçon observait le soleil se lever, il avait du mal à ne pas lui en vouloir. Ce dernier avait conscience des sacrifices que sa mère faisait pour eux, mais lui n'avait pas sa maman pour lui donner une carotte pour construire un bonhomme de neige, ou pour tout simplement s'amuser avec lui dans la neige naissante.
C'est pourquoi, quand le voisinage commença à se réveiller, notre garçon solitaire préféra se détourner du spectacle auquel il ne désirait pas assister.
Durant l'heure qui suivit, l'enfant se débrouilla comme un adulte. Il se brossa les dents et s'habilla le plus chaudement qu'il le pouvait, avant de descendre prendre son petit déjeuner. Le silence était presque religieux dans cette maison étroite sans que cela ne le dérange.
Assis à la petite table en bois de la cuisine, le yaourt qu'il mangeait, comme collation pour la journée, lui laissa un goût amer dans la bouche. Les yeux perdus dans le vide, l'enfant n'avait que seul choix d'écouter les sons qui l'entouraient. Le cliquetis de l'horloge du frigo couvrait en partie les rires et les éclats de joie de ses voisins.
En focalisant ses yeux sur l'heure, ses petits poings se crispèrent autour de sa cuillère, et il eu du mal à déglutir le laitage.
Bientôt, viendrait l'heure de prendre le chemin de l'école, et cette simple pensée rendait le petit garçon encore plus maussade qu'il ne l'était déjà au réveil.
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The Sliders, Tome 3 [ EN COURS DE PUBLICATION ]
DragosteUne femme. Un homme. Deux âmes tourmentées par un passé douloureux, irrésistiblement attirées l'une vers l'autre. Les Sliders sont sur le qui-vive, leurs vies bouleversées par des événements récents. L'atmosphère au sein du MC est électrique et tend...