Premier rendez-vous

chapitre 11

Anna

« Vivre c'est la chose la plus rare du monde. La plupart des gens ne font qu'exister » Oscar wilde

Je m'enfermais dans ma chambre après avoir jeté de l'eau sur le visage d'Ange.

Je ne savais plus trop quoi faire, j'étais perdue, comme si je n'étais que spectatrice de ma propre vie.

Une des personnes en qui j'avais le plus confiance m'avait trahie. Une partie de mon existence avait été basée sur de pures mensonges. Et aujourd'hui, ma vie était mise en péril dans un monde que je ne connaissais qu'à travers les pages d'un livre ou derrière un écran. En résumé, j'étais perdue.

Machinalement, je préparais mon sac pour aller à la pole dance. Je pratique cette discipline depuis quatre ans et je ne m'en suis jamais lassée.

Je sortis de ma chambre avec mon sac sur l'épaule, une bouteille d'eau et mes clés en main.

— Tu vas où ?

Ange, maintenant vêtu d'un tee-shirt blanc et du même pantalon noir qu'hier, attendait ma réponse, les bras croisés et adossé aux comptoir de la cuisine une tasse de café à la main.

— Ça ne te regarde pas.

— Au cas où tu l'aurais oublié, coccinelle, je suis censé te surveiller.

— Premièrement, je n'ai pas besoin de quelqu'un pour me surveiller, encore moins d'un homme. Deuxièmement, ne m'appelle plus jamais coccinelle. On ne se connaît pas.

— Crois-moi, ça ne me fait pas plaisir d'être là, et je ne pense pas que tu fasses le poids face à un groupe de personnes armées, entraînées depuis leur naissance et programmées pour tuer.

Ça me tuait de l'avouer, mais il n'avait pas tort.

— Je vais à la pole.

— Ok, attends-moi, je vais chercher les clés et je reviens.

— C'est bon, je vais juste à la pole. Tu ne vas pas me suivre comme un bon chien de garde partout où je vais.

— T'es conne ou tu le fais exprès ? Je ne suis pas sûr que t'aies bien pigé. Ta petite vie tranquille d'avant, tu peux l'oublier. À l'heure qu'il est, des gens veulent te buter, voire pire encore. Cette fois, t'as compris ou tu veux un dessin ? Fais attention, le grand méchant loup veut te dévorer.

En disant ces mots, Ange s'était rapproché et me surplombait. Il avait haussé le ton et me regardait avec colère.

— D'accord, mais on part maintenant.

— Sur le chemin du retour, on passera voir ton père.

— Un quoi ? Mais je peux pas y aller comme ça !

— Bah, pourquoi ? Ça va, c'est juste ton père.

— Non, ce n'est pas juste mon père. A mes yeux... Ce n'est rien de plus qu'un géniteur et par-dessus tout, un chef de la mafia et les tueurs ne font pas partie des fréquentations recommandés.

— Si tu veux, on  passera par l'appart avant d'y aller.

Il avait dit ces mots en levant les yeux au ciel et en tournant les talons vers la porte d'entrée.

— On y va en voiture ?

Ange eut un moment de pause, comme s'il venait de se souvenir de ma peur de la voiture.

— Anna, je sais que c'est compliqué pour toi, mais j'ai vraiment besoin que tu acceptes qu'on prenne la voiture. C'est une question de vie ou de mort. Tu prendras le temps qu'il te faut pour monter dedans, mais j'ai vraiment besoin que tu dépasses ce traumatisme. S'il te plaît.

Il avait dit ces mots sur un ton presque suppliant et sincère. Mais rien que l'idée de prendre la voiture me donnait la nausée. Je ne contrôlais plus mes sentiments et, sans m'en rendre compte, les larmes montaient à mes yeux. Pourtant, j'opinai de la tête sans réellement savoir ce qui m'attendait.

11h00

— T'as cinq minutes.

— Dix minutes.

Ange venait de me déposer devant mon appartement après la pole. Monsieur était de mauvaise humeur car j'avais omis de le prévenir que mon cours durait deux heures. Peut-être que ça lui apprendra à arrêter de me suivre comme un gentil toutou. Je montais les marches de mon immeuble, clé en main, en préparant mentalement comment j'allais prendre un maximum de temps pour me préparer. Il fallait que je le pousse à bout!

Soudainement, tout se mélangea dans ma tête. Est-ce que j'avais oublié de fermer ma porte ? Je la poussai légèrement du bout du pied en m'engouffrant, le souffle coupé par la peur, dans mon appartement. Plus un meuble n'était à sa place. Des papiers jonchaient le sol et les fenêtres étaient brisées.

Je me précipitai vers la voiture d'Ange alors que les larmes menaçaient de couler.

— Deux minutes, dis donc, tu as fait vite. Tu vois quand tu veux, dit Ange en tournant la tête vers moi.

— Que se passe-t-il ? demanda-t-il.

— Mon appartement... Il est saccagé...

— Merde, monte... vite.

Par des mouvements automatiques et sans même réfléchir, je montai dans la voiture. Aussitôt, Ange démarra.

Au même moment, une femme l'appela et, comme la situation n'était pas si urgente, il prit le temps de décrocher.

— Mes amours vont bien ? demanda Ange d'un ton pressé.

— Très bien, répondit une voix douce.

— Je te rappelle après, j'ai une urgence là, et il coupa net la conversation.

— Accroche-toi, on a des fans.

— Comment ça ?

— Une voiture nous suit depuis que nous sommes partis, ajouta-t-il d'un ton calme.

— Appelle ton père !

J'attrapai d'une main tremblante son téléphone.

— C'est quoi son nom ?

— Parrain.

— C'est ton parrain ? demandai-je d'un air choqué.

— Tu penses vraiment que c'est le moment de poser tes putain de questions, Anna ? répondit-il d'un air tendu et agacé.

Pour une fois, il n'avait pas tort. Le bruit de l'appel résonnait dans les haut-parleurs de la voiture quand la voix d'un homme retentit.

— Ange, un problème ? répondit une voix qui devait être celle de mon géniteur.

— L'appartement d'Anna était saccagé à notre retour et depuis notre départ une voiture non immatriculée nous suit. C'est un 4x4 noir avec vitre teintée.

— Tu peux les semer ?

— Anna, accroche-toi, dit Ange avant de donner un violent coup de volant, ce qui me fit atterrir contre la fenêtre.

— Je t'avais dit de t'accrocher.

Un lourd souffle s'échappa de ma gorge.

— On arrive, dit Ange à notre interlocuteur avant de raccrocher.
J'etait tellement sous adrénaline que j'en oubliais complètement ma phaubie. J'allais rencontrer mon père. Si on arrivaient à semé nos « fanes »...

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