Chapitre 14 - P2

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ℳ𝒶𝒾

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Après que Rose nous ait demandé de la laisser seule avec Ambre, j'ai décidé de prendre un peu l'air, ayant passé tout l'après-midi dans la même pièce. Aujourd'hui, je suis contente, car il ne fait pas vraiment froid dehors. La température a largement dépassé les 10°C.

Je me dirige alors vers le petit chemin qui mène au fond de ce jardin fleuri que j'aime tant. Ce lieu est reposant et exhale un parfum délicieux. Et surtout, il me donne l'impression d'être chez moi, en connexion constante avec les fleurs.

Je marche lentement, certes, mais c'est pour mieux apprécier chaque vue, chaque senteur et chaque vision unique de cet endroit.

Mon cœur est un peu serré, je repense à Ambre. Je suis désolée pour elle, devoir autant partager son intimité... Elle semble sensible sur certaines cordes comme celle-ci. C'est compréhensible, je compatis avec elle de s'être fait réprimander de la sorte alors qu'elle était simplement épuisée. Dans ma vie, dans mon monde qui n'est pas le leur, j'aurais discuté avec elle, je l'aurais laissée se reposer. Mais non, elle a dû passer par quelque chose de plus désagréable et humiliant...

J'irai la voir un peu plus tard quand je serai certaine qu'elle sera seule. J'irai m'excuser de ne pas avoir pris davantage sa défense. Je sais que j'aurais dû intervenir plus que ce que j'ai déjà fait, ou au moins lui montrer plus de soutien. Je ne lui dois rien, mais je suis certaine qu'elle aurait agi, elle.

Elle mérite qu'on soit là, surtout dans des moments aussi complexes pour elle. Parfois, juste le fait de savoir que quelqu'un est prêt à écouter peut faire toute la différence.

Alors que je m'enfonce dans le jardin, les oiseaux chantent joyeusement leurs mélodies. Le ciel est dégagé et la lumière du soleil filtre à travers les arbres puis sur le sentier. De belles fleurs bleues fleurissent près du temple de la reine. Je me rapproche d'elles, écartant de quelques minutes ma balade.

Je les reconnaîtrai entre mille ; des iris réticulés, petites, mais spectaculaires, d'une beauté qui me fait frémir. Leurs pétales sont ornés de veines délicates d'un bleu profond, presque violet. Leur parfum délicat, légèrement sucré et terreux. Il m’enveloppe et me fait resurgir des moments précieux.

Si je les aime tant, c'est parce que ce sont elles qui m'ont permis de rencontrer une des personnes les plus chères à mon cœur.

Pour l'anniversaire de mes 22 ans, après une soirée, j'ai décidé d'aller m'acheter des fleurs chez des fleuristes artisanaux. C'est ici que j'ai rencontré mon âme sœur, celle que je considère comme l'amour de ma vie.

Ce jour-là, une jeune femme de mon âge m'a souri, m'invitant à entrer dans l'atelier de ses parents. Je lui avais demandé des fleurs vives et belles. C'est alors qu'elle m'a regardée avec une attention particulière et a complimenté la couleur de mes yeux. La jeune femme s'est ensuite dirigée vers l'arrière de la boutique, où elle est restée un moment. Lorsqu'elle est revenue vers moi, elle m'a présenté ces magnifiques fleurs bleutés tout en continuant à me complimenter. Avec une voix à la fois fière et douce, elle m'a dit : « Elles m'ont fait de l'œil, comme toi. Tu devrais vraiment les prendre, elles te vont si bien. »

Depuis ce jour-là, Nora et moi ne nous sommes jamais séparées. Notre amitié était intense dès les premières semaines. J'ai passé plusieurs étés à Selice, dans les champs de fleurs de sa famille, à ses côtés. L'air était imprégné des senteurs des fleurs sauvages. Chaque nuit était remplie des bruits apaisants du crépuscule, du chant des grillons et des légères brises de vent chaud. Sans oublier les éclats de rire que nous partagions. Ça, c'était le meilleur.

L'impératrice des FemmesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant